𝟢𝟦 | 𝖠𝖼𝖾.

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ACE

⋆.˚ ☾ .⭒˚

Tokyo, arrondissement d'Arakawa, quartier de Minami-Senju

Kyo et Zenko sont venus me rendre visite en cette fin de soirée après avoir insisté pendant deux heures sur notre groupe WhatsApp afin que j'accepte de leur donner mon adresse. J'ai cédé à condition qu'ils ne restent pas plus d'une heure. Je n'ai pas envie de les impliquer davantage dans ma situation. Et puis, je dois me rendre au Mont Takao avant vingt-trois heures pour accueillir les nouveaux participants de la Snake Race.

— Eurk, c'est encore plus crade que dans mon imagination, s'étouffe Zenko en entrant dans mon appartement. T'es au courant qu'on a changé d'ère et que les hommes aussi peuvent faire le ménage ?

— Surtout ne te retiens pas, lancé-je alors que je cadenasse la porte derrière lui.

Kyo, qui est arrivé plus tôt, est déjà recroquevillé sur mon canapé, les yeux rivés sur son jeu mobile. Quand il s'aperçoit de la présence de Zenko, il fronce les sourcils, marmonne un "salut" désagréable, puis se reconcentre sur son jeu.

Un coup d'œil rapide à Zenko suffit à nous jeter tous les deux sur notre ami afin de lui arracher son téléphone.

— Les gars, putain ! s'énerve Kyo en donnant des coups de pied au hasard.

Zenko intercepte ses mouvements en lui attrapant les chevilles.

— T'as pas intérêt à salir mon pull en cachemir préféré Akashi, parce que je te jure que tu vas le regretter.

Kyo lui balance une nuée d'insultes et se dégage de son emprise.

— Attention, Angry Bird n'est pas content, il pourrait sortir une clope à tout moment, ironisé-je en me penchant par-dessus le canapé.

En effet, la tignasse rouge de Kyo et son caractère grincheux lui ont valu le surnom d'Angry Bird, qui, je dois l'avouer, lui va comme un gant.

— T'imagines, il veut corrompre nos royaux poumons, ajouté-je à l'intention de Zenko.

— On doit trouver une solution avant qu'il ne nous asphyxie, affirme ce dernier d'un ton sérieux.

Kyo se redresse d'un bon et s'échappe à l'autre bout de la pièce.

— Je vous interdis de toucher à mon paquet, grogne-t-il.

— De quel paquet tu parles, mon grand ? pouffé-je sur le point d'exploser de rire.

— J'ai pas spécialement envie de vous voir vous tripoter, alors si c'est ça, je m'en vais, dit Zenko écoeuré.

Je ne peux m'empêcher de passer mon bras autour de son cou pour l'obliger à rester.

— Kazuyo, dégage ! s'écrit-il. Je t'aime bien mais pas dans ce sens-là !

— Fermez-là ! clame Kyo les poings serrés. Ou j'appelle Eiji.

Cette phrase suffit à nous faire taire sur le champ. En effet, je n'ai pas revu celui-ci depuis trois jours, il a dû rentrer chez lui. Eiji est sûrement le plus responsable et adulte d'entre nous, au risque de jouer parfois les rabat-joies.

Il est toujours là pour apaiser les tensions ou stabiliser le niveau d'énergie global du groupe. Il a beau être quelqu'un de très gentil, Kyo, Zenko et moi ne ressentons aucune envie de nous attirer ses foudres.

— Quel est le programme, ce soir ? demande Zenko en passant une main sur ses cheveux bruns impeccablement plaqués.

— Me laisser tranquille, maugrée Kyo.

NIGHTBREAKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant