☽ 3. Zélie ☾

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   Je me rendis seule au self. Linsey n'était pas venu aujourd'hui, sûrement parce qu'elle avait un rendez-vous chez l'orthodontiste pour son appareil.

   L'altercation avec Hailey, Ruby et Victoria avait eu lieu avant-hier et depuis je ne les avais revu ni elle ni le mec qui m'avait défendu.

   Tant mieux !

   J'attendais dans la file d'attente afin de passer ma carte dans le lecteur. On me poussait et doublait souvent alors je faisais exprès d'arriver la dernière. Linsey arrivait toujours en avance croyant que je changerais d'avis en sentant la bonne odeur du plat que nous allions manger. Seulement, ça me dégoûtait plus qu'autre chose. La culpabilité me suivait partout.

   Arrivée au lecteur, je passai ma carte sous les yeux des surveillants. Je ne leur lançais aucun regard. Je détestais le contact visuel parce que primo, cela me mettait mal à l'aise et que deuxio, on pouvait voir dans les regards les vrais émotions que ressentait la personne en face de nous. Pour ma part, je voyais souvent la pitié, le mépris, l'hypocrisie. Tous ce que j'avais rencontré jusque là.

   Une fois mon plateau entre les mains, je me dirigeais vers la nourriture. Je pris d'abord mes couverts puis pris un yaourt aromatisé à la framboise en pensant à Linsey. C'était son fruit préféré. Ensuite, j'allais directement vers le personnel qui nous servait, ne voulant pas de pâtisserie. Au menu aujourd'hui, steak frite.

   Lorsqu'on me servit, je grimaçais à la vue de mon repas.

   Encore un plat qui va susciter des regards sur moi.

   Car oui, mon quotidien se résumait à faire attention à ce que je pouvais prendre pour le déjeuner pour éviter les remarques de mes camarades, leur jugement à la vue de mon plateau.

   Je m'assis dans un coin sombre de la grande salle, m'isolant. Je n'avais pas envie qu'on me voit. Je détestais manger en présence de gens que je ne connaissais pas ou que je n'appréciais pas plus que ça.

   Tout en mangeant rapidement, comme à mon habitude, je regardais la salle remplie d'adolescents. On y voyait les différents groupes d'amis, les différentes classes sociales séparées. Cependant l'ambiance à chaque table était uniforme : de la joie, des rires et des commérages.

   Je baissai mon visage vers mon assiette et continuai de manger dans le silence. Cependant, il m'était insupportable alors je sortis mon casque que je connectai en bluetooth avec mon téléphone. Une musique française se lança : L'hymne à l'amour d'Edith Piaf. J'adorais le français. La culture française était incroyable, la langue — que j'apprenais au lycée — était magnifique. J'aimais tous de la France. Je rêvais un jour de me rendre à Paris pour voir la Tour Eiffel et goûter la gastronomie. Je me disais qu'une fois que je serais en France, je ferais un road trip pour y découvrir chaque ville qui composait mon pays favori. Et peut-être qu'un jour, je pourrais y vivre!

   Oh ouais dans une maison française à côté de la mer ! Ou non de la montagne !

   Soudain, on me sortit de ma rêverie. Le grincement d'une chaise attaqua mes tympans. Une odeur familière s'infiltra dans mes narines. Je ne connaissais pas mille personnes portant du parfum à s'en vider la bouteille dessus.

   Pitié, non ! J'étais si bien.

   Je baissai le son de mon casque discrètement pour pouvoir entendre ce qu'on avait à me dire mais aucun ne parvint à mes oreilles. Je relevai la tête et croisai des yeux gris orages qui me fixaient. Dès le contact établi, je ne pus m'empêcher de revenir à mon assiette.

   Il était revenu. Mais pourquoi ? Comptait il me faire du mal comme le trio sortant de mes cauchemars ? Son but était il de m'humilier devant tous le monde ? Qu'il se fasse plaisir, je n'étais plus à ça près. J'avais déjà perdu toute ma dignité.

SicknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant