Chapitre 1: l'ouverture

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Ma vie peut-elle être plus belle? 

Après toutes ces galères, ces peines, je peux enfin me détendre. Je suis fière de moi, j'ai remonté la pente toute seule, j'ai tracé mon propre chemin. Ça n'a pas été facile, il y a eu beaucoup de larmes et même parfois de sang versé pour arriver là où j'en suis, mais ça en valait la peine...

 La vie en vaut la peine! Incroyable, je ne pensais jamais dire cette phrase un jour!

Bon, aujourd'hui est le grand jour, ce n'est pas le moment de divaguer... J'ai clairement investi mon âme, mon cœur mais surtout tout mon argent dans ce salon de thé. Alors, il va falloir être à la hauteur. A cette pensée, une pointe de panique s'empare de moi. Et si ça ne fonctionnait pas? Que je n'avais pas de client? Et si je n'étais pas à l'aise dans la vente? Mon truc à moi c'est la pâtisserie, pas spécialement parler de la pluie ou du beau temps, ou encore pire, gérer des clients difficiles...

Bon sang, Ava, Il faut que tu te ressaisisses! Ce n'est pas le moment d'avoir ce genre de pensées! Je ravale la bile qui monte dans ma gorge et me dirige vers l'entrée de ma boutique.  Je tourne la pancarte et je sais que la mention "ouvert" apparait maintenant sur la porte. Je respire un bon coup et dégaine mon plus joli sourire ( en mode pub de dentifrice) afin de faire bonne figure. Puis, je me dirige vers le présentoir où des dizaines de pâtisseries plus appétissantes les unes que les  autres attendent patiemment d'être commandées.

 Les premières heures sont  malheureusement compliquées, je suis beaucoup trop nerveuse. Chez certaines personnes le stress les rend plus réactives, intelligentes.  Moi, je n'ai pas cette chance, car c'est tout l'inverse qui se produit. En effet, je deviens tout bonnement stupide. Mon cerveau se met automatiquement en pause et je n'arrive plus à réfléchir. Plus aucune pensée ne traverse mon esprit, rien, nada, le vide absolu. Je crois d'ailleurs que ce genre de réaction porte le nom "d'angoisse débilitante". Mais je n'en suis pas certaine. Il faut vraiment que j'aille voir un psy un de ces jours, ça me fera le plus grand bien.

La fin de la journée arrive cependant plus rapidement que je ne le pense et je pourrai pleurer tellement je suis heureuse et soulagée que cette dernière touche à sa fin. Au final, ça ne s'est pas trop mal passé. Les clients ne se sont pas bousculés au portillon mais ce n'était pas le désert non plus. On verra bien! De toute façon, impossible de faire marche arrière maintenant...

Je ne peux m'empêcher de jeter un dernier coup d'œil à mon commerce en sortant de ce dernier. L'émotion me submerge. Je n'arrive pas à croire qu'il est à moi, que j'en sois la patronne. Qui l'eut cru? Je pense automatiquement à Hayley, à nos discussions sur la façon dont nous allions appeler notre salon de thé et une grande tristesse s'abat sur moi, comme à chaque fois que je pense à elle.

Je regarde la devanture à la calligraphie douce et élégante sur laquelle on peut lire: "La théière dorée". Je pense avec frustration que j'aurai pu faire mieux en terme de nom, mais je n'étais pas très inspirée sur ce coup-là. C'était soi ça, soit: "Miss Ava". J'ai opté pour l'option la moins mégalo et surtout la préférée d'Hayley à l'époque. Mon cœur se serre un  peu plus et je me demande bien où elle peut être aujourd'hui, ce qu'elle peut faire de sa vie. Bref... choix judicieux ou non, l'avenir nous le dira.

J'enfonce la clé dans la serrure de l'immeuble qui se trouve accolé à ma boutique et je monte quatre à quatre les marches des escaliers pour ouvrir la porte rouge vermeille de mon appartement. J'ai à peine eu le temps de franchir le seuil de la porte, que deux bras m'enserrent et qu'une voix enraillée par la nervosité me demande "alors, comment ça s'est passé? Raconte! Je suis si fier de toi ma chérie!" Je me recule pour regarder l'homme que j'aime et je l'embrasse tendrement avant de répondre "ça s'est bien passé" dis-je dans un sourire mal assuré.

Il me regarde comme pour jauger de la véracité de mes propos: "J'ai pensé à toi toute la journée au boulot et puis, à mon retour, mais comme tu m'as dit ne pas vouloir être déconcentré je t'ai attendu ici..." Il baisse les yeux en disant ça et en sentiment de honte s'empare de moi. Qu'est-ce qui m'a pris de le mettre à l'écart sur ce coup là? J'aurai pu accepter qu'il passe me commander une petite pâtisserie en soutient quand même!

"Merci pour avoir respecté ma volonté d'être seule mon premier jour, je sais que ça n'a pas du être facile pour toi" dis-je en réprimant le torrent de culpabilité qui naît en moi. Comment je peux-être si égoïste?

Tom me serre plus fort contre lui et m'embrasse avec empressement. "Je connais quelque chose pour faire descendre notre stress à tous les deux" dit-il d'un regard coquin avant de descendre ses mains le long de mon dos pour venir me palper les fesses. Je rigole, soulagée qu'il ne m'en veuille pas plus que ça et l'embrasse en retour.

Tom et moi sommes fiancés depuis deux mois maintenant et nous faisons l'amour tous les jours pour fêter ça. Mon cœur explose de désir pour mon homme alors qu'il me conduit jusqu'à notre chambre conjugale.

 Comme je le disait plus tôt, la vie peut-elle être plus belle?




Une de plus [Klaus Mikaelson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant