Chapitre 8: La négligence

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Ça fait maintenant deux semaines qu'ils ont combattu la sorcière et qu'ils me retiennent captive. Depuis que Klaus est parti de la chambre après le combat, je ne l'ai plus revu. Je crois que ce n'est pas plus mal. Les hommes toxiques j'ai déjà donné, merci. A vrai dire, il n'y a pas que lui qui est aux abonnés absents, car personne n'est venu me rendre visite. Pas même Hayley. C'est un employé mutique qui m'apporte le repas. J'ai d'ailleurs remarqué que c'est ce que je mangeais à l'époque où j'habitai avec mon amie. Cette attention me touche autant qu'elle attise ma colère.

Combien de temps vont-il me garder prisonnière? Freya n'a t-elle pas prouvé que j'étais innocente? J'ai protégé Hope contre Dhalia, qu'est-ce qu'ils attendent de moi?

Je pense beaucoup à ma boutique et à l'impact que mon absence aura sur celle-ci. Personne ne m'a laissé prévenir Sandra. Mon salon de thé c'est mon bébé, sans lui je suis foutu, sans aucun revenu. Mais bon, ça, visiblement, ils s'en foutent comme de l'an quarante.

Le temps me semble interminable, et pour me distraire, ils ne m'ont donné que des livres poussiéreux, même pas de télévision. Pourquoi est-ce toujours à moi que les ennuis arrivent ? Pour une fois que je me sentais bien, que j'avais enfin réussi à donner un sens à ma vie... Il faut que le sort s'acharne !

C'est dans un état de rage intense que j'entends les voix d'Hayley et de Klaus dans le couloir. Ça faisait une éternité. Ils semblent en pleine dispute. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me met hors de moi. Tout ça est trop à encaisser et je craque. Je me précipite sur la porte et je tambourine aussi fort que possible tout en exprimant ma colère envers ma prétendue amie :

"Comment peux-tu me faire ça, Hayley ? Je n'ai jamais été rien d'autre qu'une sœur pour toi ! Je t'ai toujours défendue, protégée. J'ai pris des coups pour toi et c'est comme ça que tu me remercies ? En laissant ta folle de belle-sœur me torturer et ton ex poser ses sales pattes sur moi, me vider de mon sang ? Laisse-moi sortir, LAISSE-MOI SORTIR !!" hurlé-je à m'en écorcher la voix. Puis, j'éclate en gros sanglots tout en prenant ma tête entre mes mains, laissant mes larmes couler le long de mes joues, tandis que je glisse lentement vers le sol, adossée à la porte. Je ne ressens plus aucune honte à agir ainsi. Je suis inconsolable et incapable de penser de façon cohérente.

Dans le couloir plus rien, plus un bruit. Ils sont sûrement partis et n'ont même pas eu la décence de venir me voir. Je les déteste. Quelques instants plus tard, je ne sais pas quand exactement, car j'ai totalement perdu la notion du temps, leur serviteur vient me voir pour m'apporter mon repas, des coquillettes à la crème avec du jambon.

Ma colère remonte en flèche et je le jette à travers la pièce en hurlant "je ne suis plus une enfant!". Visiblement, ça ne lui fait ni chaud ni froid car il me regarde d'un air blasé avant de quitter la chambre. ça y est, je me remets à pleurer. Il faut que je quitte cet endroit, sinon je vais devenir folle. Heureusement, la pièce est composée d'une suite parentale et je n'ai pas besoin de quémander pour aller prendre une douche ou aux toilettes.

Je ne trouve aucun moyen de m'échapper d'ici. La porte est verrouillée et magiquement scellée, tout comme les fenêtres, qui sont malheureusement trop hautes pour pouvoir les enjamber. Bien que ces dernières donnent sur une rue animée et passante, j'ai déjà tenté de crier à l'aide, mais personne ne semble me voir ni m'entendre. Je me sens totalement impuissante, piégée dans cette situation désespérée.

Je crois que pour m'échapper je n'ai qu'une solution possible: draguer le serviteur pour qu'il me prenne en pitié et m'aide à sortir. Ça ne va pas être facile, il est plutôt du genre renfermé. Je prie pour qu'il soit intéressé par les femmes. Il va falloir faire ça de manière discrète, ça ne doit pas être trop évident que je cherche à le manipuler. Où alors j'y vais carrément franco, je l'allume et je couche avec? Il n'est franchement pas trop mal et puis, je ne dirai pas non à un peu de chaleur humaine...

Je vais y aller à l'impro, selon l'humeur du moment... Je ne suis pas une séductrice dans l'âme mais je sais que les hommes ne sont pas indifférents à mes charmes. Espérons que ce soit le cas pour ce domestique.

 Bon, pas de temps à perdre, je dois me rendre plus attirante, pour pouvoir le séduire. Fini de me morfondre. Je vais donc de ce pas sous la douche, afin de me rendre plus présentable.

 Je ferme tout juste le robinet, lorsque j'entends des pas devant ma porte. Super, c'est le moment, la chance me sourit. Mon plan est clair: le séduire, le manipuler et m'échapper.  J'enfile une courte serviette à la va vite qui ne cache pas grand chose. Décidément, le désespoir me fait devenir audacieuse.

C'est bien l'homme de main qui se tient sur le pas de la porte, tenant une assiette fumante au parfum alléchant. J'ai conscience que je ne me suis pas bien séchée et que de l'eau ruisselle tout le long de mon corps. J'espère que ça me donne un aspect sexy plutôt que celui d'un chien mouillé.  Je dégaine mon plus beau sourire et d'une voix mielleuse je lui dit "ah c'est vous, excusez-moi pour tout à l'heure, je ne voulais pas m'emporter..."

Il plante son regard dans le mien et je vois de la méfiance dans ses yeux. Il ne répond rien et se déplace pour aller mettre l'assiette sur la petite table basse qui se trouve dans un coin de ma chambre. Mince. Il est hermétique à mes charmes. Qu'est-ce que je fais?

Je prends mon courage à deux mains et je me plante devant lui. Je ne peux pas rester dans cette chambre, soumise à cette famille de vampires plus longtemps. Ce n'est pas possible. Mon mental est trop fragile: Freya a fait remonter trop de mauvais souvenirs et à cause de ça, je ne supporte pas l'inactivité et la solitude. Je suis à deux doigts de craquer pour de bon... Je n'ai pas le choix: il faut que je me sauve, coute que coute.

 "Je suis désolée", dis-je très proche de lui à présent. "Je sais que je ne vous ai jamais adressé la parole, mais je deviens un peu folle dans cette chambre et vous savez, je me sens vraiment seule et effrayée ici", murmuré-je, essayant de jouer la carte de la vulnérabilité.

Il semble d'abord surpris par mon approche audacieuse, ses yeux exprimant un mélange de scepticisme et de curiosité. Mais je ne me laisse pas abattre, laissant mes instincts prendre le dessus. Sans attendre, je saisis doucement sa main et je la place sur ma joue avec une assurance feinte. J'espère qu'il n'a pas le pouvoir, comme Klaus, de voir si je mens, car au fond de moi, je me liquéfie. Je n'ai jamais fait ce genre de choses, faire des avances à un homme pour lequel je n'ai aucun sentiment et je dois avouer avec une certaine honte, que ça me plait.

Le contact de sa peau contre la mienne envoie des frissons dans tout mon corps. Je le regarde dans les yeux, cherchant à dissimuler mon propre désarroi derrière un masque de séduction. Mais alors que nos regards se croisent, quelque chose change en moi. Une étincelle s'allume, et malgré moi, je sens une chaleur s'installer au creux de mon ventre.

Je vois dans son regard du désir et je sais que j'ai gagné la partie. Mais qu'est-ce qui m'arrive bon sang? Je n'ai jamais agit de la sorte avant. Je m'accroche à son cou comme à une bouée de sauvetage et de désespoir, je l'embrasse fougueusement. A mon plus grand soulagement, il me rend mon baiser.

La ligne entre la manipulation et le désir s'estompe, et alors qu'il m'entraine vers le lit, je brûle de désir pour cet homme dont je ne connais même pas le nom. Tandis qu'il me caresse partout et que je gémis discrètement de plaisir -pour ne pas attirer l'attention des habitants de la maison-,  les portes de la chambre s'ouvrent brutalement, laissant apercevoir Klaus, le visage tendu, le regard fulminant de colère.

Il est vraiment lunatique, c'est le moins qu'on puisse dire. Je suis pétrifiée, honteuse d'être ainsi surprise dans mon intimité, incapable de prononcer un mot. Le serviteur, quant à lui, semble carrément déconcerté, ses yeux reflétant une crainte profonde.

Dans ma tête j'envisage milles possibilités pour la suite , mais une seule chose est sûre: je suis vraiment dans la merde.

Une de plus [Klaus Mikaelson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant