Chapitre 17: retrouvailles

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ça fait maintenant un mois que je vis chez Vincent, cachée par un sort de protection puissant. Un mois que je remets en cause chaque jour la décision que j'ai prise de fuir Klaus Mikaëlson et sa famille de vampire. Qu'est-ce qui m'a pris? Me suis-je laissée berner par Vincent?

Je crois que ce dernier veut sincèrement m'aider. Mais pour quelle raison? Ça va être ça, ma vie maintenant?  Vivre cachée, dans cette demeure? 

Soyons honnête, ni moi ni Vincent n'avons les moyens de me créer une fausse identité et il est impossible que je m'évanouisse dans la nature comme ça.

Je n'aurai pas pu réfléchir à tout ça avant de décider de m'enfuir, sur un coup de tête, pour la simple et bonne raison d'avoir été piquée dans mon égo?

Mon ami sorcier cherche bien une solution à mon souci, mais il a toujours d'autres chats à fouetter car le quartier français est régulièrement la cible d'attaques en tout genre.

Et puis, que peut-il bien y faire, la magie ne résout pas tous les problèmes, surtout quand le problème en question est  l'être le plus puissant jamais créé, âgé de plus d'un millénaire...

Je ne dors plus la nuit, l'angoisse m'envahissant, je suis en proie à une réelle crise existentielle. Si je suis venue au monde dans l'unique but de fusionner avec Klaus afin de sauver sa fille, maintenant que c'est chose faite... ma vie a-t-elle vraiment un sens?

Tout ce que j'ai vécu... naître dans une famille avec une mère toxico, être placée dans une famille d'accueil... rencontrer Hayley... Etait-ce dans l'unique but qu'un jour je croise la route de cet hybride? Et pourquoi la vie de Hope est-elle aussi importante, que va t-elle accomplir?

Tant de questions sans réponse... La seule certitude que j'ai en revanche, c'est que je ne suis rien et que comme d'habitude, mon levier d'action est mince et que mon existence est due au bon vouloir d'hommes, amis ou ennemis.

Je pense bien entendu à Klaus, à tout le mal qu'il m'a fait, à la façon dont-il m'a traité. Et je me dégoûte de l'aimer à ce point. Je me demande ce qu'il ressent face à ma défection et comment il a pris la chose, s'il a été blessé ou non. Peut-être qu'il s'en fiche et que je me cache pour rien? Peut-être que tous ces problèmes n'existent que dans ma tête?

Vincent n'a pas recroisé la famille depuis et n'est pas soupçonné de m'avoir aidé à m'échapper. C'est déjà ça. La vie serait sincèrement plus simple si j'étais lié à cet homme plutôt qu'à celle Klaus.

 Il est honnête, loyal, droit et se soucie sincèrement des autres et de sa communauté. Je devrai peut-être pousser un peu plus ma relation avec lui, me forcer... 

Car quelque chose me dit qu'il n'est pas indifférent à mes charmes. Je pourrai enfin avoir ce que je veux: un mari qui me respecte et une maison pleine de cris d'enfants. Tout simplement, une famille comme je n'en ai jamais eu. Ce n'est pas trop demandé... si?

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus, car quelqu'un, dehors, hurle mon prénom. La peur et l'excitation m'assaillent d'un seul coup lorsque je reconnais la voix de la personne qui m'appelle.

 Je me dirige vers la porte d'entrée et laisse ma main posée sur la poignée, hésitant à abaisser cette dernière et à faire face à la fureur de mon âme sœur. Car à l'intonation de sa voix, je peux aisément deviner qu'il n'est pas là pour me compter fleurette.

J'inspire un grand coup et j'ouvre la porte, en prenant soin de rester à l'intérieur de la maison, afin qu'il ne puisse pas entrer sans être invité.

"Enfin elle est là! Merci de me faire l'honneur de ta présence!" Hurle Klaus sur un ton ironique. Il est visiblement hors de lui. Je frémi car je me rend compte à quel point il est impressionnant, à quel point il peut faire peur.

L'ironie tranchante dans sa voix ne me surprend pas, mais elle me blesse tout de même. Je tente de réprimer l'élan d'affection qui surgit en moi à la vue de son visage, de ses yeux qui brillent d'un feu ravageur. J'ai du sacrément le blesser pour qu'il réagisse ainsi... 

Mais de qui je me moque? Klaus est connu pour être une personne instable, irrationnelle. Il est comme ça tout le temps, je m'accorde beaucoup trop de crédit.

Ce n'est pas le moment de flancher. Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Je dois rester ferme, même si chaque fibre de mon être me pousse vers lui.

"Klaus," je commence, essayant de garder ma voix stable. "Pourquoi es-tu là ?"

Il éclate de rire, un rire sans joie, chargé de sarcasme. "Pourquoi je suis là ? Vraiment, tu me poses cette question ?"

Je serre les poings, essayant de ne pas me laisser emporter par ses paroles. "J'avais besoin de partir. De réfléchir. De comprendre ma place dans tout ça."

"Ta place," répète-t-il, la colère toujours présente dans son regard. "Ta place est avec moi. Tu m'appartiens, tu appartiens à cette famille, et tu le sais."

Ses mots me frappent comme une gifle. "Je ne suis pas une possession, Klaus. Je suis une personne. Je suis libre de choisir ma voie."

Il fait un pas en avant, mais s'arrête à la limite de la porte, incapable d'entrer sans invitation. "Et ta voie, c'est de fuir ? De te cacher comme une lâche ?"

"Ce n'est pas de la lâcheté," dis-je, ma voix se brisant légèrement. "C'est de la survie. Tu ne comprends pas ce que c'est que de vivre constamment dans la peur, de se demander si chaque jour sera le dernier."

"Je ne comprends pas ?" Sa voix monte d'un cran, et je vois la fureur pure dans ses yeux. "Mon père m'a poursuivi pendant plus de mille ans, mais je ne comprends pas?"

Je suis sur le point de répliquer, mais quelque chose dans son expression me fait taire. Derrière la colère, il y a de la douleur, une vulnérabilité rare chez lui. "Klaus..." murmuré-je, perdue entre la compassion et la confusion.

Il secoue la tête, comme pour chasser une pensée douloureuse. "Reviens, s'il te plaît," dit-il enfin, sa voix soudain plus douce, presque suppliant. "Reviens à la maison." Il ouvre la bouche pour continuer, mais s'arrête en relevant le menton fièrement, comme s'il était en colère après lui même pour avoir été surpris dans un instant de fragilité.

Ces derniers mots percent mon cœur comme une lame. Je veux tant y croire, tant me jeter dans ses bras et oublier toute cette souffrance. Mais je sais que ce n'est pas si simple. "Je... je ne peux pas," dis-je, la voix tremblante. "Pas comme ça. Pas sans garanties."

"Quelles garanties ?" demande-t-il, son ton redevenant brusque. "Que veux-tu de moi, exactement ?"

"Je veux que tu me respectes," répondis-je fermement. "Je veux que tu comprennes que je suis plus qu'un pion dans tes jeux. Que ma vie a de la valeur."

Il reste silencieux un moment, puis soupire profondément. "Très bien. Je te respecte. Mais sache que si tu continues à fuir, je considérerai que tu me trahis, comme une ennemie. Et personne ne veut être mon ennemie." dit-il, une lueur dans les yeux qui me fait frémir.

"Hope est sauvée," rétorqué-je, essayant de garder mon calme. "Elle n'est plus en danger. J'ai fait ce qu'il fallait pour elle. Mais maintenant, il s'agit de moi. De ma vie."

"Et ta vie est liée à la mienne," dit-il doucement, mais avec une détermination implacable. "Nous sommes liés que tu le veuilles ou non. Reviens avec moi, et nous trouverons un moyen pour toi de te sentir en sécurité, de trouver ta place."

Je sens les larmes monter, mais je refuse de pleurer devant lui. "Je vais y réfléchir," dis-je finalement, essayant de gagner du temps.

"Ne prends pas trop de temps," avertit-il. "Je ne serai pas aussi patient la prochaine fois."

Avec ces mots, il tourne les talons et disparaît dans la nuit, me laissant seule avec mes pensées tourmentées. Je ferme doucement la porte, le cœur lourd. Ma décision est loin d'être prise, mais une chose est sûre : le temps presse, et je ne peux plus me permettre de rester indécise.





Une de plus [Klaus Mikaelson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant