Chapitre 37

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Dans ce lit, je continue de tout remettre en question. Dain a gardé le silence depuis que j'ai dit ça. Il n'a pas prononcé un mot, plongé dans sa réflexion.

-Aether, je ne pense pas que la mortalité soit une raison valable. Tu ne sais si t'es immortel toi aussi, ou non.

-Comment ça ?

Il se mordille la lèvre, soucieux. Je fronce les sourcils, prêt à reposer la question sans avoir besoin de le faire.

-Tu le seras, même s'il t'arrive quelque chose. Tu le seras à ses yeux, dans son cœur. Que tu termines la relation maintenant ou après ta mort, il t'aimera toujours et cela lui fera autant de mal. À vous deux. Autant profiter ?

Je ne m'attendais pas à cette réponse, à ce petit discours. Je ne cache pas ma surprise, mon regard s'ouvrant un peu.
Il n'a pas tord. Mais je trouve effrayant de le laisser m'aimer davantage tout en sachant que je risque de partir du jour au lendemain.

-Je pense que tu devrais en discuter avec lui. Ne prend pas cette décision seul Aether.

Mon frère se relève. Il semble épuisé, je remarque ses yeux petits, ses cernes naissantes sous son regard bleu.

-Je ferais ça. Je vais le faire maintenant. Merci Dain.

-A tout à l'heure petit frère. Repose-toi et guérit rapidement.

Le grand blond disparu hors de la chambre. Je regarde mes draps, sentant l'épuisement me ronger.

-Xiao...

Un amas d'aura verte surgit à côté de moi. Je lève les yeux, tombant sur son regard chiffonné. Je ne peux m'empêcher de rire doucement face à cet air abattu.

-Pourquoi tu tires cette sale tronche ?

-Parce que je n'ai pas respecté ta volonté. Et que tu es dans un sale état par ma faute.

Je pouffe, un sourire faible sur les lèvres.

-Ce n'est en aucun cas ta faute. Je suis simplement trop faible.

-Vous n'êtes pas faible ! Vous êtes forts ! La preuve vous êtes encore là...

J'aurais aimé qu'il ait raison. Hors, ce serait plonger dans un mensonge béant.

-J'ai eu si peur... Aether... Je suis désolé.

En levant à nouveau les yeux, je le vois les traits renfrognés, les sourcils froncés de mélancolie. Je déteste ce visage-là. Il est rempli de remord alors qu'il m'a sauvé la vie.
Je recule la couverture, parvenant, malgré la douleur, à me mettre à genoux. Xiao écarquille les yeux, visiblement réticent à ce que je bouge autant. Mais mes mains qui glissent autour de son cou, qui viennent s'agripper à sa nuque l'immobilise.
Je m'approche lentement pour venir l'embrasser tendrement, chastement. Nos lèvres restent dans un simple contact durant quelques secondes avant que je ne le recule, les mains dans le creux de sa mâchoire.

-Je vais bien, c'est grâce à toi. Je ne t'en veux pas pour ce que tu as fait aussi. J'aurais sûrement fait pareil.

Son regard jaune pétille d'une lueur que je n'avais jamais vu. Il vient déposer sa main sur la mienne, la menant jusqu'à ses lèvres pour y déposer un baiser plus doux que la soie.

-Cela n'arrivera plus.

Je souris, me renfonçant dans le lit. Je fais en sorte de me décaler avant de m'installer à nouveau. Je tapote l'espace vide à mes côtés, le conviant à se joindre à moi.
Il ne se fait pas prier, venant s'installer sur le matelas, remontant les draps sur nos corps. Il prend soin de les remonter jusqu'à mon bassin. Je le regarde concentré dans sa tâche, quelque peu amusé.
Une fois qu'il fut satisfait, il colla son dos au sommier, me permettant de caler ma tête sur son épaule.
Je ferme les yeux, épuisé.

-Cela ne te dérange pas que je puisse mourir à tout instant, comparé à toi ?

Cette question le fit hoqueter de surprise. Il ne répond pas tout de suite, laissant le silence planer, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait répondre à cet instant.

-Je ne me soucis pas de cela. Et moi aussi je peux mourir à tout instant.

Je rouvre lentement les yeux. Lui aussi peut mourir ? Je ne savais pas. Pour moi les adeptes étaient immortels. Dans le sens où même blessé, il ne pouvait pas mourir.

-Tu vas vieillir ?

-Non.

-Moi oui.

Le silence reprit place dans la chambre. La réalité était douloureuse à encaisser. Xiao devait s'interroger sur tout ça, comme j'ai pu le faire avant.

-Tu ne penses pas que nous devrions arrêter ? soufflais-je sentant cette question me tordre les boyaux.

-Jamais je ne te laisserais partir pour une raison aussi stupide.

Je me redresse violemment, ignorant la douleur que cela me provoque.

-Xiao, tu ne comprends pas ce que cela signifie ?!

-Cela change quoi ? C'est trop tard maintenant. Je vous aimerais quoi qu'il arrive, même loin de vous.

Mon cœur rate un battement, mes joues se mettent à me brûler intensément. Son regard jaune se pose sur moi, détendu.

-N'y pensez plus. Vivons simplement.

Je sens les larmes me monter soudainement. Il vient glisser son bras derrière moi, pour me pousser à me blottir contre lui, ce que je fais sans résister. Sa main passe dans mes cheveux détachés, glissant entre mes mèches, câlinant ma tête à chaque passage.
Je pleure. Je ne peux plus retenir les larmes qui s'échappent de mes yeux pour rouler le long de ma joue.

Il m'aime. Cela sera-t-il suffisant ?

Je l'espère.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 12 ⏰

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