La cible

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     Ce soir-là, Léis était rester longtemps dans cette petite pièce sombre, à lire encore et encore le dossier que lui avait laisser l'homme à la capuche. Les dates et les mots défilaient devant ses yeux et son cerveau s'emplissait d'images plus terribles les unes que les autres. Cet homme semblait être à l'origine de bien des événements traumatisants une paire de décennies en arrière. Il avait mené des révoltes sanglantes, voler des documents de la plus haute importance, dépouillé des membres de la noblesse et multiplié les délits. Puis il semblait avoir disparu des radars et malgré les nombreuses équipes envoyées à sa recherche, personne n'avait pu mettre la main sur lui. Un compte-rendu d'une équipe de recherche notifiait même qu'il devait avoir quitter l'île et gagné les eaux obscures de l'Autre-monde. Mais ce que cet homme avait bien pu faire ces dernières années avait peu d'importance. Ce qui intéressait l'homme à la capuche et soulevait la curiosité de Léis aujourd'hui était qu'il était de retour et que personne ne savait ce qu'il prévoyait de faire. Léis ne savait pas vraiment ce qu'on attendait de lui. Récupérer des informations n'était pas vraiment dans ses cordes. On lui avait appris à exécuter des ordres clairs, pas à tirer ses propres conclusions. On l'avait entrainé à marcher au pas avec ses camarades pas à se cacher pour espionner un étranger. Des maux de tête pointèrent leur nez et Léis se massa délicatement les tempes. Il décida de prendre un peu de recul sur ce qu'il venait de lire. Il referma soigneusement le dossier et fit un nœud avec la corde pour le maintenir fermé. Il quitta la pièce et se dirigea de là où il venait. La fête battait toujours son plein. La salle sentait le vin et un mélange de plusieurs parfums trop présents. Il chercha du regard le propriétaire des lieux et sa fille sans succès. Il se dirigea donc vers la sortie discrètement et rentra chez lui.

     Léis dormit très mal cette nuit-là. Il ne cessa de se tourner encore et encore dans son lit. Il aurait voulu relire le document mais n'avait pas le courage d'allumer une chandelle dans ce but. Lorsqu'il se leva le lendemain matin, il croisa sa mère dans le salon. Elle était assise dans un canapé au tissu bleu nuit et lisait un livre. Comme toujours, elle était bien coiffée et portait une jolie robe ornait d'une dentelle aux motifs fleuris. Lorsqu'elle vit son fils arriver, elle lui sourit et lui fit signe de s'assoir à côté d'elle. Le jeune homme la rejoignit avec plaisir. Pendant quelques minutes elle lui raconta avec passion l'histoire du chevalier qu'elle était entrain de lire. Léis l'écouta échafauder des théories farfelues sans l'interrompre n'osant pas lui annoncer que la fin de ce roman était tragique. Finalement, la conversation se tarit et Lady Arendan lui demanda comment s'était passer sa soirée. Léis lui parla du magnifique buffet sans lui préciser qu'il n'en avait guère profité.

- On m'a également proposé un emploi.

     Le regard de sa mère brilla de fierté.

- C'est un bon poste ?

      Léis hésita. Il ne savait même pas exactement en quoi consisterait son travail. Il savait en revanche que l'homme qu'il avait rencontré avait du pouvoir dans la société. La façon dont il s'habillait, dont il parlait, la manière dont il a eu accès à une soirée de la haute société... oui cet homme était bien placé.

- Je pense, oui. Il s'agit de ramener la justice dans notre ville.

- Pourtant tu hésites, constata sa mère.

- C'est-à-dire... Ce n'était pas vraiment ce que j'avais imaginé. Je pensais intégrer l'armée...

- Pour faire comme ton père, finit-elle sa phrase.

      Léis hocha la tête. Sa mère lui sourit tendrement.

- Ton père serait fier de l'homme que tu es devenu. Si l'offre qu'on te propose te convient et t'assure un bel avenir, tu ne dois pas refuser. On a rarement des propositions pareilles.

Terre de sang - Le prix du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant