Terre de sang - Le prix du sang

Blessé

     Yaël s'écroula par terre. Tout semblait se dérouler au ralentit au ralentit. Les bruits autour avaient disparus. Seule la flèche semble encore appartenir à la réalité. Une longe flèche dont l'arrière avait une forme si particulière. Ce n'étaient pas des plumes comme on le voit généralement mais un métal très fin, tellement fin que lorsque Neptia posa sa main dessus, tombant à genoux près de l'homme, elle pouvait encore la sentir vibrée. Une flèche en métal... la force demandée pour tirer un tel projectile devait être énorme et nécessiter un entrainement particulier. Un bourdonnement encombrait les tympans de la jeune femme. Son regard longea la flèche jusqu'au point d'impact. La tige était profondément enfoncée dans l'abdomen. Un sang rouge foncé, presque noir s'en échappait.

     L'urgence de la situation commença à apparaitre aux yeux de la jeune fille. Le sang coulait toujours mais malgré le cri de la jeune fille personne n'était venu les aider. Il était encore tôt, quelques habitants de la rue devait forcément avoir entendu ce qu'il s'était passé mais personne n'était sorti de chez soi ne serait-ce que pour savoir ce qui se déroulait. Personne non plus ne quitta les rues voisines pour passer par celle-ci. Prendre le risque de descendre dans une embuscade pour aider un inconnu ne semblait pas faire partie des plans des habitants et des passants. Attirer l'attention de la garde ne lui semblait pas davantage être une bonne idée. Quelque chose dans le comportement de Yaël précédemment, son désir de partir sans pour autant passer par la grande porte, lui soufflait méfiance.

      Elle devait faire quelque chose et vite. Rassemblant ses forces, elle souleva légèrement son ami par les aisselles pour le ramener... mais le ramener où ? Tout est confus, le temps semble déformé, elle ne sait pas combien de temps s'est écoulé depuis que la flèche l'a transpercé. Ses mains étaient moites, son cœur battait tellement fort dans sa poitrine qu'elle pouvait le sentir sans le chercher. Son souffle se fit court, non pas sous l'effort mais sous les larmes qu'elle ne s'attendait pas à avoir mais qui pourtant coulent le long de ses joues. Elle tirait ce qui n'était peut-être plus qu'un cadavre. Les ruelles défilaient. Son regard était obnubilé par le pied gauche de Yaël qui butait régulièrement dans les pavés du sol. Elle trébucha et se releva fort maladroitement.

     Soudain, elle commença à reconnaître les habitations autour d'elle. Elle avait déjà vu cette maison au toit tordu, ou encore cette porte dont la couleur mauve sortait de l'ordinaire. Elle n'était plus très loin de la demeure où ils avaient passé ces derniers jours. Cette vision familière la sortit un peu de sa torpeur, assez pour qu'elle se mette à crier à l'aide. Mais sa voix, remplie de sanglots et érayée ne porta pas bien loin. Épuisée, elle trébucha et s'écroula sur le sol. Ses jambes s'emmêlèrent et sa tête heurta violement un pavé. Tout devint flou autour d'elle. Sa main était toujours serrée autour du bras de Yaël. Un gout de sang envahit sa bouche. Au moment où elle pensait perdre connaissance, deux grandes mains vinrent l'agripper par les épaules avant de la secouer brusquement. Un visage apparut devant ses yeux mais tout était si flou qu'elle ne parvint pas à distinguer l'individu et encore moins à comprendre ce qu'il tentait d'articuler. Finalement, elle se sentit soulevée de terre tandis que sa main se détachait de son mentor.

      Quelques instants plus tard, on la déposait dans un vieux fauteuils et elle avait suffisamment repris ses esprits pour reconnaitre le salon du Doc. Lydia lui passa s'approcher et lui passa un chiffon sur le front. Sa voix tremblait tandis qu'elle murmurait des paroles qui se voulaient rassurantes. Neptia aperçut derrière elle le Doc et un autre homme qu'elle ne connaissait pas soutenant le corps de Yaël pour le mener jusqu'à la chambre la plus proche. Elle tenta de se relever pour aller voir comment il allait mais Lydia la repoussa délicatement, la forçant à se rasseoir.

- Yaël... la flèche... Je dois le voir. Est-ce qu'il est vivant ?

     Son agitation étant trop forte, sa tête, qui commençait déjà à être douloureuse, se mit à tourner. La douleur et l'émotion des dernières minutes soulevèrent le cœur de Tia qui se sentie envahie par une forte nausée, la gorge nouée et l'estomac serré.