Rêve

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      La demeure des Arendan portait le nom de Posspiti. On racontait que son nom tenait ses racines d'une langue ancienne venant d'une contrée éloignée. Rumeur très vague comme la plupart de celles qui circulaient dans les alentours. On racontait beaucoup de choses au sujet des Arendan. En bien, bien sûr. Le général Arendan, bien que n'appartenant pas à la noblesse de cette ville, était reconnu comme étant un grand homme, aussi bien par les plus riches de la ville que par le petit peuple. Il était à la tête de l'armée personnelle du seigneur d'Endar : lord Oleyus. C'était un homme juste et courageux. L'épouse du Général était également aimée de tous, chacun admirant sa gentillesse et sa beauté. Leur demeure était une grande maison de pierre, au cœur même de la ville. Comme certains privilégiés, ils possédaient un élégant jardin où poussaient de magnifiques fleurs : des lilas, des gardénias, des roses, de la glycine. Bien que Lady Arendan porte elle-même un intérêt particulier à ces plantes, un jardinier chargé de leur entretien passait une fois par semaine, faisant le tour des demeures des nobles de la ville. Il faisait payé moins cher ses services au couple Arendan avec qui il était ami depuis de nombreuses années. Une longue allée menait à la grande porte d'entrée. L'intérieur n'avait rien à envier à l'extérieur : de grandes fenêtres laissaient passer la lumière du jour permettant aux rayons du soleil de réchauffer avec douceur les grandes pièces de la demeure. C'était Lady Arendan qui avait décoré l'intérieur elle-même et « avec goût presque professionnel » avait affirmé le décorateur de lord Oleyus en personne. Le personnel au service du couple s'estimait satisfait de travailler ici, car ils y étaient davantage respectés que dans beaucoup de familles de la noblesse.

     Aujourd'hui, la grande maison du général Arendan fourmillait de monde. Dans le salon principal tous les nobles d'Endar étaient réunis. Si le général lui-même n'était qu'un membre de la petite noblesse, sa femme et lui avaient réussi à se lier avec les plus hauts placés de cette petite société notamment grâce à sa place de dirigeant de la grande armée dans la capitale commerciale de l'Île. Tout le monde était vêtu de tenues particulièrement extravagantes. Des tissus d'une finesse incroyable et aux finitions impeccables, des froufrous, des rubans et des perles ornaient les robes des dames et les costumes des messieurs. Rien n'était laissé au hasard, pas mêmes les surprenantes et particulièrement complexes coiffures de ces demoiselles. Ce genre de soirée était l'occasion parfaite d'afficher sa puissance et de la renforcer en formant des alliances. Des serviteurs, en tenue sombre et simple, assuraient le service tout en restant le plus discret possible. Bien que confiants quant au jugement de leurs maitres, ces serviteurs craignaient l'avis des visiteurs, les grands du peuple peuvent se montrer particulièrement cruels. Ils se faufilaient donc entre les tables, ajoutant du vin par ici, octant les couverts sales par là. Dans un coin de la pièce, caché entre une lourde armoire en bois massif et un vase qui malgré sa taille devait être particulièrement fragile, un petit garçon grignotait un gâteau. C'était un biscuit que l'on servait habituellement avec le thé et qui, de toute évidence, avait été subtilisé à la table des adultes. L'enfant observait toutes ses grandes personnes venu fêter un de ces événements qui rendaient son père si fier.

      Une belle dame, aux cheveux couleur or relevés en un chignon et retenus par une broche ornée d'une pierre violette s'accroupit à côté du vase. Elle sourit laissant apparaître une rangée bien droite de dents blanches et ses yeux bleus brillèrent de tendresse en voyant l'enfant. Son parfum s'échappa dans l'air, une douce odeur de rose venant chatouillé les narines de l'enfant. Son collier tinta lorsqu'elle se pencha en avant. Elle tendit une main invitant l'enfant à venir avec elle. Le petit garçon sourit à sa mère et sortit de sa cachette à quatre pattes.

-          Léis, vient dire bonjour mon grand, papa veut te présenter à des amis.

     Docile, il lâcha à regret son gâteau qu'il posa sur le rebord de la table et pris la main que lui tendait sa maman. Il se mit sur la pointe de pieds pour paraître plus grand tandis qu'ils se mêlaient aux adultes. Ils se dirigèrent vers un coin de la pièce, près de la cheminée. Des couples s'y trouvaient, assis sur de lourds fauteuils. La belle dame se dirigea vers un homme qui se tenait debout près de la cheminée. Il portait un uniforme bleu nuit déjà embellit de nombreuses médailles malgré le jeune âge de son propriétaire. Il discutait avec un grand sourire avec un couple à peine plus âgé que lui. La lumière des flammes éclairait son visage. Il passa une main sur son visage tout en répondant à ses invités. En les voyant arrivé, celui-ci interrompit sa conversation et tendit les bras vers son fils et le souleva de terre dans un rire joyeux. Il se tourna ensuite vers ses interlocuteurs :

Terre de sang - Le prix du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant