Les méchants (suite)

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     Tandis que des gens se bousculaient, Neptia observe autour d'elle. Ces derniers jours elle a eu l'occasion de passer maintes et maintes fois sur cette place mais aujourd'hui elle n'a plus rien de reconnaissable. Au centre, une estrade a été construite. D'un mètre de haut, de deux de long, elle permettait à la foule d'avoir une vision parfaite sur ce qui se trouvait au-dessus. Et ce qui se trouvait au-dessus faisait froid dans le dos. Un homme, vêtu tout de noir, la tête couverte d'un tissu aussi sombre, ne laissant entrevoir que ses yeux, tenait dans sa main une hache. La lame brillait, reflétant les rayons du soleil. Il surveillait du coin de l'œil deux gardes. Les deux hommes qui portaient un uniforme caractéristique du territoire, finissaient d'installer une structure en bois. Quelques autres hommes de la garde se trouvaient devant la foule, tentant de garder à distance les curieux.

      En temps normal, Tia aurait observer les badauds se bousculer pour approcher de la scène et se demandant comment les gens pouvaient être assez malsain pour attendre avec impatience un tel spectacle. Mais aujourd'hui, son esprit était déjà fort occupé par d'autres préoccupations. Ce plan, ils avaient passé des heures et des heures à le mettre en place. Les jours suivant la mort de Yaël avait été particulièrement durs pour elle. Puis un jour, elle s'était levée, habillée et elle avait rejoint les autres à la taverne. Sans un mot, ils s'étaient écartés pour lui laisser une place et s'était mis à réfléchir sur cette mission qui marquerait le commencement de tout. Le jour était venu, et l'impatience de Tia était à son comble. Elle tenta de repérer Den dans la foule, mais l'agitation était trop forte et il devait être occupé de son côté. Malgré la température qui avait beaucoup chuter ses derniers jours, Neptia avait les mains moites. Elle se les frotta sur le tissu de son pantalon lorsque l'agitation se fit plus forte du côté nord de la place. Les soldats se frayaient un passage éloignant la foule grâce à de longues lances. Ils étaient six, deux devant, deux derrières et enfin deux encadrant le prisonnier. Six des, plus les trois dans la foule, les deux sur l'estrade et enfin le bourreau. Ce dernier n'étant pas former pour tenir à respect une foule, cela faisait onze hommes.

      Tia bascula le sac qui se trouvait dans son dos devant elle. Elle desserra les liens afin d'atteindre ce qui ce qui se trouvait à l'intérieur. Elle en sorti un bout de bois et un petit paquet rectangulaire. Elle remit son sac dans son dos et plaque les deux objets contre elle afin de les camoufler aux yeux de la foule. Les gardes avaient atteint l'estrade et faisait monter le prisonnier dessus. Ce n'était pas une mince affaire, l'homme ayant les mains liées dans le dos. Ses vêtements étaient sales comme après une nuit à dormir à même le sol et sa peau pâle, il n'avait sans doute pas vu la lumière du jour depuis plusieurs jours. Finalement, ils parvinrent en haut. Tia s'aperçut que l'homme avait les pieds nus. « Peu pratique pour courir » constata-t-elle. Un passant la bouscula pour s'approcher de la scène. Tia se décala légèrement sur la droite. Elle devait rester à cette distance même du centre de la place, ni trop près, ni trop loin. Un des gardes poussa le prisonnier à genou, tandis que le bourreau empoignait sa hache. Soudain, un sifflement se fit entendre et un projectile traversa la place pour s'éclater contre l'estrade. D'un peu partout dans la foule, d'autres flacons de verre vinrent survoler la place et atterrir sur la structure de bois. Le liquide qu'elles contenaient se rependit sur les planches. Tia sortit les objets qu'elle camouflait. Elle sortit un bâtonnet de la boite rectangulaire, la gratta contre une petite pierre avant de l'approcher du bâton.

      De leur côté, les gardes tentaient de reprendre le dessus sur la situation. Ils criaient des ordres, agitaient leurs armes pour faire reculer la foule qui était encore plus excitée par cet événement inattendu. Un des gardes fit signe au bourreau de se hâter. L'homme en noir s'avança mais à cet instant, Tia prit son élan et jeta de toute ses forces le bâton en direction de l'estrade. Le bois tournoya sur lui-même avant d'atterrir sur le rebord de la structure. Aussitôt le liquide s'enflamma. Le feu se répandit à une allure inimaginable. Quelques hommes de la garde se précipitèrent sur le devant de l'estrade pour tenter de calmer le feu mais le liquide constituait un accélérant trop puissant et les soldats virent leurs vêtements prendre feu. Leurs hurlements déclenchèrent une réaction en chaine, la panique se propagea dans la foule et bientôt se fut le chaos. Tia vit le prisonnier se jeter au sol et rouler sur lui-même jusqu'à tomber en bas de l'estrade. Les gardes ne faisaient plus attention à lui, occuper à tenter de maitriser le feu pour venir en aide à leurs camarades.

Terre de sang - Le prix du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant