Au milieu de la nuit, un léger claquement de fenêtre me réveille. J'ouvre les yeux. Il fait très froid dans la pièce et dans le lit. Je me lève pour refermer la vitre, puis je m'emmitoufle dans les couvertures, en me pressant contre Alex. Je m'écarte brutalement en poussant un cri : il est glacé ! Et inerte. Non ! Pas encore ! Je panique, le secoue, le brutalise, même, rien à faire. Il est mort ! Pourquoi ? Comment ?! Soudain, une voix résonne dans la nuit :
— C'est l'heure !
Et elle le répète, encore et encore. Je sens une main froide enserrer mon cou, j'essaye de me débattre, mais rien à faire. La poigne est trop forte. J'étouffe !
— Tu es à moi ! ricane la Déchue, en apparaissant.
Comme je cherche de l'air, en vain, je me débats de toutes mes forces, j'essaye de m'arracher à l'étau. J'étouffe !
Des mains me secouent par les épaules. J'ouvre brutalement les yeux et inspire une grande bouffée d'air. Je cesse soudain de me débattre en me rendant compte que je me suis réveillée d'un affreux cauchemar. Alex a arrêté de me secouer comme un prunier et me dévisage, l'air inquiet. Je tremble comme une feuille. Il me serre contre lui et tente de m'apaiser, en me caressant la tête et le dos. Petit à petit, je parviens à retrouver un souffle calme, et à me remettre de ce rêve. On dirait que je n'ai pas traversé ces événements complètement indemne...
— Tu es vivant ! soufflé-je malgré moi, en me lovant entre ses bras.
— Mais oui, je suis là, murmure-t-il. Tu m'as fichu une de ces trouilles ! Tu t'es mise à hurler, tu m'as donné des coups. Je n'arrivais même pas à te réveiller. Qu'est-ce que tu peux aimer ça, me filer des mandales ! plaisante-t-il, pour alléger l'atmosphère.
N'empêche qu'il a l'air drôlement inquiet. Je reste prostrée contre lui, encore un peu sous le coup de la peur, la fatigue reprenant le dessus. Je sens son souffle sur ma peau, son odeur enivrante, et surtout sa chaleur. Rassurée, je finis par me rendormir lentement, malgré moi.
Le lendemain, lorsqu'enfin je rentre chez moi, accompagnée d'Alex, je retrouve ma famille attablée à la cuisine, comme d'habitude. Ils sont en train de parler joyeusement du revirement de situation avec Hans Brückman. L'ambiance chaleureuse achève de me réconforter et de chasser les brumes inquiétantes de la nuit passée. Ils s'interrompent pour nous saluer. La télévision est allumée sur le journal télévisé du jour, mais personne n'y prête vraiment attention. Et soudain ça me frappe : ma maison me paraît accueillante, je suis contente d'y rentrer. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bien chez moi, et avec ma famille, qui plus est ! Alex et Tim sont emportés dans une grande conversation, mon frère étant trop heureux de le revoir enfin. Quand soudain, je vois Alexandre se taire brusquement et blêmir. Je tourne les yeux vers la télé, qu'il fixe.
— « L'auteur de l'attentat n'a pas été appréhendé, on ignore encore comment il a procédé », explique le journaliste envoyé sur place. « Derrière moi, l'hôpital, qui, il y a quelques minutes encore, était en proie aux flammes ! Les pompiers ont peiné à endiguer l'incendie. On dénombre pour l'instant une dizaine de blessés, dont des médecins, infirmières, urgentistes... Le nombre de victimes n'est pas encore établi ».
Murielle s'empresse de couper le poste. Nous nous taisons tous, bouleversés par la nouvelle : l'hôpital où Thierry travaille a été victime d'une attaque. Je ne crois pas ce que je viens de voir. Et Alex non plus visiblement. Il passe les minutes suivantes à essayer de joindre son père, sans résultat.
— Il faut que j'y aille ! déclare-t-il brusquement, avant même que j'esquisse le moindre geste vers lui.
— Attends ! se récrie ma grand-mère. Il ne faut pas foncer tête baissée, mais être prudents. Nous ne savons pas quels démons ont causé ces dégâts. Pour ce qu'on en sait, ils sont peut-être encore sur place. Nous venons avec toi.
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Les Clés
Paranormal« Ecris un journal, raconte ta vie, ça te fera du bien, nien nien nien ». D'accord, mais par où commencer ? Bon, je me lance, on verra bien ce que ça donne. Je m'appelle Mallory Dubois, j'ai dix-sept ans, et mon histoire n'a qu'un seul intérêt : ma...