Chapitre 24 : Le Moloz, la Créature du Marais

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À dos de sanglier, le président et son escorte progressaient rapidement à travers la dense forêt d'Asintmah, leurs pas rapides résonnant sous le couvert des arbres.

Ils parvinrent rapidement à une vaste étendue qui laissa Ayron complètement abasourdi. La dévastation de l'écosystème dans cette partie de la forêt était absolument saisissante. À perte de vue s'étendait un paysage désolé, où le sol aride était dépourvu de toute trace de vie végétale. Des dizaines d'arbres gisaient abattus à même le sol, leurs troncs débités par des individus sans scrupules qui semblaient extraire des cristaux précieux de leur bois.

Même les cours d'eau n'avaient pas été épargnés. Des pompes implacables aspiraient l'eau, laissant derrière elles des lits desséchés.

Au bord de la rivière morte, se trouvait une usine qui se dressait haut dans ce lieu presque dépourvu de vie. Tous les travailleurs et appareils semblait venir de cet endroit. Ayron ne fut pas étonné de voir marqué en grand sur le sommet de cette usine, le fier logo d'Ecorest.

— Alors c'est ici que vous pillez toutes les ressources de la forêt, déclara Ayron d'une voix attristée, peiné de voir la misère qui accablait la forêt. C'est horrible.

— Ça explique le nombre d'animaux qu'on avait vu à l'orée de la forêt, conclut Edana. Au final t'avais bien raison Ayron. Ils ont été bien été obligés de quitter la forêt à cause de la déforestation qui y sévit.

Joshua abaissa son visage, accablé par la honte, et n'osa même pas répondre. Pour lui, la responsabilité de cette désolation pesait sur ses épaules, même si c'était son père qui orchestrerait tout. En tant que membre et chercheur d'Ecorest, il aurait dû avoir voix au chapitre, mais face à son père, il se sentait paralysé et n'osait rien dire par peur de le décevoir. Concernant son père, son visage ne trahissait aucun remord, le regard toujours empreint du même orgueil, comme s'il était insensible aux ravages qu'il avait provoqués.

— Un mal pour un bien, commença le président, sa voix toujours aussi froide. À quoi bon posséder toutes ces ressources, si on ne peut pas s'en servir ? L'homme, de par sa place au sommet de la chaîne alimentaire, possède tous les droits de s'accaparer ces biens, au mépris du gibier qui y vit.

— Il n'y a pas que des animaux ici, rétorqua Joshua, la voix aussi froide que son père. Il y aussi le peuple Sansan.

Le président se tourna lentement vers son fils, ses yeux aussi calmes qu'effrayants fixant Joshua avec une intensité glaçante.

— Peux-tu répéter ? demanda-t-il d'une voix lente et mesurée. Je n'ai pas bien entendu.

La timidité s'empara de Joshua, qui n'osa pas répondre et garda la tête abaissée, submergé par la présence imposante de son père.

— Il a dit qu'il n'y a pas seulement des animaux qui y vivent, mais aussi des hommes, le peuple Sansan, répéta Ayron à sa place. Et les animaux autant que les hommes, ont le droit de vivre ici. Ils font partis d'un ensemble, d'un équilibre qui permet à la forêt de vivre, de prospérer et donner vie à ces ressources que vous cherchez tant à prendre. Et si vous continuez à briser cet équilibre avec vos appareils, en détruisant toute forme de vie pour ces ressources, elles finiront par disparaître entièrement avec la forêt !

Le président ne répondit pas, ses cheveux noirs tombant sur son visage déjà austère, cachant son expression. Un silence pesant s'installa, faisant monter la tension dans le groupe alors qu'ils attendaient tous la réponse du président. Après un moment qui sembla durer une éternité, il finit par accorder une réponse.

— Vous avez raison, champion de Gaïa, répondit-il d'une voix parfaitement calme. C'est pour cela que nous devons arriver au Jardin d'Asintmah. Pour mettre la main sur les réserves infinies de Manachite et ne plus blesser la forêt. Sur ce continuons.

Edenis - Tome 1 : Quête D'aventurierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant