Edenis - Tome 1 : Quête D'aventurier

Chapitre 0.3 : Ayron Shaka (3)

Dans le petit village de l'Île du Matin, un étrange phénomène commençait à se produire. Le bois des habitations se mit à noircir mystérieusement. Les arbres majestueux de la forêt furent également touchés par ce même maléfice.

— Mais enfin, quel est ce chaos ? s'écria une dame, perdue dans une troupe de villageois.

— Ce n'est pas seulement nos maisons qui pourrissent, nos récoltes sont également anéanties ! ajouta un homme du village, visiblement affecté par la situation.

Dans un concert de voix discordantes, les habitants se rassemblèrent devant la demeure du Chef de Village, cherchant désespérément des réponses concernant ce phénomène dévastateur qui s'abattait sur eux. Le Chef du Village, un homme âgé au visage buriné et aux longs cheveux noirs, se tenait devant sa porte avec l'aide d'une canne en bois précieux. À ses côtés se trouvaient la mère d'Ayron, la protectrice du village, ainsi que le professeur de l'école, reconnu pour sa sagesse.

Le Chef frappa alors sa canne au sol pour imposer le silence. Lorsque le calme se fit enfin, il prit la parole.

— Je comprends la terreur et l'incompréhension qui vous assaillent. Les arbres s'assombrissent, nos récoltes se putréfient et nos maisons semblent vaciller à tout instant. Ce phénomène, ou plutôt cette punition qui s'abat sur nous, n'est pas le fruit du hasard, bien au contraire. S'il se produit, c'est que l'un d'entre nous a osé profaner le sanctuaire sacré de notre île.

La déclaration du Chef coupa le souffle de la foule.

— Mais comment pouvez-vous affirmer que l'un d'entre nous en est responsable ? osa demander une villageoise.

Le professeur prit la parole pour répondre à cette question brûlante.

— Seuls les natifs de l'île ont reçu la grâce de l'arbre de Gaïa, qui dort paisiblement au sein du Sanctuaire. Et seul cette grâce permet d'ouvrir les portes du sanctuaire sacré.

Des murmures anxieux s'élevèrent de la foule, chacun se demandant qui parmi eux aurait pu oser profaner le Sanctuaire de Gaïa.

— C'est moi qui l'ai fait. Déclara une jeune voix.

La voix résonna dans l'air, empreinte de tristesse, et attira l'attention de tous. C'était Ayron qui s'avançait lentement, portant précautionneusement sa sœur dans ses bras. Son visage était marqué par la douleur et ses mains étaient tachées du sang de sa sœur.

Le cœur serré, sa mère, reconnaissant ses enfants et constatant l'état critique de sa fille, se précipita vers eux. Elle prit Athéna des mains de son fils et se tourna vers une jeune femme aux cheveux blonds coupés au carré.

— Mia ! Je t'en prie, soigne-la !

La dénommée Mia acquiesça et ordonna à ses subordonnés d'emporter Athéna immédiatement à l'infirmerie. Elle les suivit de près.

Le Chef, accablé, s'approcha du jeune Ayron.

— Ayron, mon enfant, qu'as-tu fait ? demanda-t-il d'une voix éteinte.

— Ce que j'ai fait ? J'ai pris la feuille de Gaïa, bien sûr ! répondit-il avec un sourire forcé. Avec elle, je pourrai enfin acquérir la force nécessaire pour devenir un Aventurier ! Il me suffit juste de trouver un moyen de la réveiller, et tout ira bien.

— Mais regarde ce que cela t'a coûté, mon enfant. Tu as plongé ta sœur entre la vie et la mort, et en prenant la feuille de l'arbre de Gaïa, tu as condamné toute l'île à l'obscurité. La vie ici ne sera plus possible.

Ayron regarda autour de lui et vit les ténèbres qui engloutissaient peu à peu le village. La nature luxuriante de l'île se consumait lentement.

— C'est dommage, dit-il après observation. Mais c'est un sacrifice nécessaire pour mon rêve. Vos vies n'auront pas été gaspillées pour rien, vous verrez...