Edenis - Tome 1 : Quête D'aventurier

Chapitre 44 : La Colère de Ter

Asintmah promena son regard émeraude sur les visages des nouveaux arrivants, s’attardant sur chacun d’eux, sauf celui du Président. Un sourire doux, plein de soulagement, illumina son visage bienveillant.

— Mes enfants… je suis tellement heureuse de vous voir, murmura-t-elle, sa voix résonnant comme une mélodie apaisante, glissant dans leurs esprits comme une douce caresse.

Pourtant, l’atmosphère se figea lorsque Nalren, le visage baissé, se mit à parler, d’une voix pleine de désillusion :

— Alors vous existez vraiment ? lança-t-il, le ton teinté d’amertume.

Les yeux divins d’Asintmah se posèrent sur lui, perçant la douleur qui émanait de ses paroles.

— Depuis mon enfance, continua Nalren, on nous avait appris à prier. Mon père, le sachem, tous au village. Ils nous ont toujours dit que vous veilliez sur nous. Que vous, notre mère à tous, Asintmah, étiez là à protéger la forêt, à veiller sur nous avec amour. Mais ce n'est pas ce qu’on vous demandait. Ce qu’on vous a supplié, c’était de nous sauver ! De l’oppresseur qui détruit nos terres, qui brûle nos arbres et nous arrache à nos racines ! Nos enfants ont perdu leurs parents, notre village sa dignité, et tout ce qu’on attendait de vous, c’était un geste ! Une réponse à nos prières !

Il se redressa alors, son regard, autrefois empreint de foi, s’était transformé en une flamme réprobatrice.

— Mais vous n’avez rien fait. Pourtant, vous nous écoutiez, n’est-ce pas ? Vous nous entendiez, jour après jour, prier avec l’espoir que notre souffrance finirait par vous toucher. Mais vous n’en aviez que faire ! (Ses poings se crispèrent, tandis que son regard accusait sa déesse avec intensité.) Dites-moi, quelle mère peut rester indifférente à la douleur de ses enfants ? Comment avez-vous pu fermer les yeux pendant que notre monde s’effondrait ? Notre souffrance ne valait rien tant qu’on ne s’était pas montrer digne de vos stupides épreuves, c’est ca ?!

À ces mots, il baissa la tête, incapable de supporter davantage son propre chagrin. Une larme roula silencieusement sur sa joue.

— Pourquoi n’avez-vous pas simplement tendu la main quand on avait le plus besoin de vous ? souffla-t-il, d’une voix étranglée.

C’est alors qu’Asintmah l’étreignit doucement.

Nalren ne sentit aucune pression, aucune force dans ses bras, seulement une vague infinie de compassion et de bonté, qui le submergea et le prit totalement au dépourvu. Devant lui, le visage de la déesse était marqué par des larmes silencieuses.

— Nalren Sarsi, fils de Tekoa Sekani et Tatiana Waban…, murmura-t-elle d’une voix tremblante, en l’enveloppant dans son étreinte. Puis, son regard tendre se tourna vers chacun des autres membres de la Voix de Ter, les appelant par leur nom, leur lignée, comme si ces mots portaient un poids sacré.

— Tala Sekani, fille de Atasa Sekani et Lomasi Kuta. Patamon Tolowa, fils de Ohanzee Yakima et Winema Tolawa. Enola Seneca, fille de Hahket Wailaki et Chilali Seneca. Delsin Doba, fils de Ahanu Kiowa et Namata Doba. Kachina Shoshone, fille de Chogan Shoshone et Meli Zuni. Lenno Kesati, fils de Raton Lewa et Kewanee Kesati. Pachu Hopi, fils de Degan Hopi et Yenene Potawa. Yona Ponca, fille de Kiona Iro et Bonita Ponca. Nirvelli Omaha, fille de Hotax Omaha et Gaagii Tomi. Matoka Hegiha, fils de Kokotani Oneida et Catori Hegiha. Alita Paloosas, fille de Paco Paloosas et Sikya Wichita. Tuketu Arapaho, fils de Kono Ottawa et Walla Arapaho. Bena Kansa, fille de Bemedi Chiwere et Taini Kansa. Et Winona Shima, qui guette à l’extérieur, fille de Tyee Shima et Nascha Navaj. Sans oublier Yahto Abena, fils de Tekoa Abena et Meika Mattole, décédé durant l’épreuve de mon amie. Et tous ceux qui ont quitté ce monde pour que vous puissiez être ici aujourd’hui. À vous tous, je vous demande pardon !