Edenis - Tome 1 : Quête D'aventurier

Chapitre 36 : Le Jeu du Chasseur (1)

D'un clin d'œil acéré, le président passa en revue chacun des assaillants de La Voix de Ter qui l'encerclaient. Au-delà de leurs vêtements et des masques d'animaux qu'ils portaient, ils étaient également en possession d'armes de mana venant de l'Usine. L'analyse terminée, il se retourna pour évaluer son environnement. La conclusion était sans appel : il ne pourrait pas les semer.

Toutefois, une autre idée lui vint à l'esprit lorsque son regard s’attarda sur les pommes jaunes tachetées de vert qui ornaient les sommets des arbres.

Sans prévenir, la pointe acérée d'une flèche siffla près de ses lunettes avant de se ficher directement dans le tronc d'un arbre.

Le président se retourna vers l’assaillant, un membre de la Voix de Ter à grande taille, le visage caché derrière un masque de renard. 

— On ne vous a jamais dit qu'il ne faut jamais détourner le regard face à l’ennemi ? lança le masqué.

Ce n’est pas encore le moment, ils sont trop affûtés, réalisa-t-il avant de prendre la parole.

— Des ennemis ? Soyons sérieux, vous vous rapprochez plus du nuisible que d’adversaires dignes de ce nom.

L’assaillant portant un masque d’oiseau attrapa farouchement sa hache, prêt à découper le président sur place.

— Enfoiré ! C’est qui que tu traites de nuisible !

— Mitshi, l’appela son camarade au masque de renard d’une voix ferme. Ne te laisse pas avoir, il cherche à nous provoquer.

Benjamin Waban, droit et fier, fixa ses agresseurs avec un mépris glacial. Il leva dédaigneusement les paumes de ses mains, comme s'il s'apprêtait à entamer un discours.

— Je suis Benjamin Waban, président de la puissante entreprise Ecorest, et vous pensez que huit d’entre vous suffiront à m’éliminer ? Ne soyez pas ridicules. J’ai déjà percé votre petite stratégie à jour. Deux devant moi, un sur chaque flanc, deux à l’arrière, et deux dans les arbres. Vous pensez m’avoir piégé, mais il n’en est rien. À partir de ce moment, c’est vous qui êtes condamnés. La seule chance pour vous de vous en sortir, c’est de m’attaquer tous ensemble. Allez-y je vous en prie.

Derrière leurs masques, Benjamin pouvait affirmer sans crainte que les assaillants échangeaient des regards incertains. Il avait facilement percé leur stratégie à jour et venait de les faire tomber dans le panneau.

— Très bien, si ça peut te faire plaisir, répondit le dénommé Mitshi, portant un masque d'oiseau, en s'apprêtant à lever la main pour donner l'ordre. Les gars...

— Mitshi, attend ! prévint son camarade au masque de goupil. C’est sûrement un piège, il veut qu’on fasse ce qu’il attend de nous !

— Mais Shankila, il est à notre merci !

Ce moment d’inattention, c’était exactement ce que le président avait voulu provoquer.

Il se saisit habilement d’une grenade cachée dans sa poche et la lança au sol.

Qu’est-ce que… furent les derniers mots de l’assaillant avant que la bombe n’explose.

L’éclatement libéra un flash de lumière aveuglant tous les membres de La Voix de Ter. Pendant un court instant, la lumière satura leurs rétines. Quand ils recouvrèrent la vue, le président avait disparu.

— Où est-ce qu’il est passé ? s’écria Mitshi.

— Je le vois ! répondit un de ses camarades masqués depuis les hauteurs des arbres. Il se dirige vers le sud !