XVIII. VOTE

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Bonne lecture !

VOTE

Hell'

La pression se fait ressentir dans chaque parcelle de mon corps. Le vote qui s'apprête à avoir lieu n'est pas seulement décisif pour la récupération de mes ailes mais aussi pour ma vie. Si le roi estime que ce n'est pas suffisant il peut décider de punir mon audace par la mort. Les convives de sa majesté sont plutôt agités, ils ont tous vu Light' mourir et semble avoir apprécié, peut-être voteront ils en ma faveur. Je lance un regard à mes trois amis qui visiblement ne sont pas moins tendus que moi puis reporte mon attention sur le second héritier au trône. Ce dernier me fixe d'un air étrange et hoche la tête à mon égard. Je ne comprends pas du tout son comportement. Il y a toujours eu des tas de rumeurs sur le prince Ezio, le mal aimé de la famille royale. Le peuple ne lui fait pas confiance et le soupçonne de manigancer contre son père. Je n'avais auparavant jamais réellement écouté ces histoires mais maintenant que je le vois ainsi tenter de me faire gagner cette espèce de procès je commence à y croire : le "fils déviant" doit avoir des comptes à régler avec ses proches.

La salle est pleine d'un bourdonnement constant, les débats s'éternisent et je commence à m'impatienter : mon avenir est en jeu. Au bout d'une éternité les murmures se raréfient et le gros souverain frappe son accoudoir du poing afin de demander le silence.

"- Mes amis, je pense que nous avons suffisamment échangé. Passons au vote qu'on en finisse, les plats vont refroidir."

Les rires fusent dans la salle, non pas parce que la phrase était drôle, mais parce que c'est la règle, quand le roi fait une blague bien qu'elle soit d'une nullité absolue, on rie ou on se fait exécuter. Tout peut devenir hilarant avec un flingue sur la tempe, croyez moi. Je ricane aussi, conscient que le moindre faux pas peut m'être fatal.

"- Assez, assez, camarades. Restons sérieux !"

Le silence retombe en un instant, lourd comme un âne mort. On entendrait une mouche voler, si tant est qu'il y en une assez courageuse pour déambuler dans une atmosphère aussi pesante.

"- Ezio, sort le paria, cette cérémonie est privée."

Le prince hoche la tête, se lève et me saisit par le bras. Je le suis sans faire de vague, regard au sol, soumis. Mon comportement doit être irréprochable jusqu'à ce que mes ailes retrouvent leur place sur mes omoplates. Le garçon qui m'escorte et qui, à y regarder de plus près, doit avoir mon âge referme l'immense porte après notre passage et me sourit avant de s'adresser à moi sur un ton tout sauf hautain comme s'il parlait à son égal.

"- Tous ces riches hommes sont aussi influençables que des enfants de six ans, tout ce qu'ils veulent c'est avoir une bonne image. J'ai pu parler à chacun d'eux tout à l'heure et leur ai dit au combien ils deviendraient populaires si ils faisaient revenir le bien aimé numéro trois dans nos rangs. Les voix devraient t'être assez favorables. Bien sûr les membres de ma "famille" voteront pour ta mort mais les conseillers sont treize et tu as également mon soutien, ça fait déjà un bulletin de plus pour toi.

- Pourquoi tu m'aides ? Tu es prince, tu devrais être du même avis que le roi. La dernière fois déjà, tu semblais presque satisfait quand j'ai craché sur le sire, je me trompe ?

- Point du tout, j'ai apprécié ce spectacle en effet. Et pour répondre à ta première question, je hais ces riches dirigeants qui ne voient pas le peuple. Leur monde d'hypocrisie me répugne, toutes ces courbettes à longueur de journée, toutes ces politesses, toute cette crainte que je vois quand mon vieux reçoit m'écurent. Son pouvoir est basé sur la terreur, les skotos vont à leur perte à cause de lui, les deux tiers de notre peuple vit dans la misère pendant que mes parents, oncles, tantes, cousins, cousines, frères et surs se gavent de buffets toutes les deux heures. Si je t'aide c'est parce que jusqu'à présent tu es le seul qui ait réussi à l'attaquer en public mais surtout à soulever une vague contre lui. Quand tu as été exilé ceux qui sont en haut de l'échelle étaient ravis mais les autres se sont rassemblés et depuis ton départ il y a eu plusieurs attaques organisées dans les quartiers riches. Ils ont fait sauter des palaces, ont sorti des détenus de prisons, ont mis le feu à deux des palais royaux, ils n'ont jamais été aussi forts. Ton bannissement les a unis, la révolte prend de l'ampleur et bientôt le gouvernement tombera, ils attaquent l'extérieur et je sabote de l'intérieur. Pour décapiter la monarchie je vais avoir besoin de toi, voilà pourquoi je t'aide. Ils ont besoin d'un guide. Ils ont besoin de celui qui a toujours pu tenir tête, de celui qui, même après son exil revient encore plus puissant.

Scotos & PhaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant