Bonne lecture !
EMBUSCADE
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Hell'
Le groupe envoyé négocier est parti depuis trois heures. Nous les attendons donc en préparant l'arrivée des skotos. Nous avons déniché un coin reculé où nous pourrions les loger le temps de voir s'ils sont dignes de confiance ou pas. Il ne serait pas prudent de leur permettre d'accéder à la fourmilière alors qu'ils sont sûrement tous parfaitement dévoués au roi. On ne peut donc aucunement les laisser connaître notre position au risque de permettre à l'ennemi de nous trouver.
Nous nous rendons alors discrètement à cette cabane isolée en pleine forêt dans une zone neutre relativement calme car isolée, pour vérifier, encore, que personne ne rode autour.
L'habitation est vraiment petite et assez hostile : ses volets sont bloqués et ne laissent donc passer qu'un très faible rai de lumière, suffisant cependant pour faire danser d'inquiétantes ombres sur le sol et les murs, eux-même couverts d'une épaisse couche de poussière. Le grincement lugubre de son plancher et l'odeur mêlant le renfermé à la moisissure renforcent son aspect inhospitalier mais ça fera l'affaire. Les rescapés n'y resteront dans tous les cas pas plus d'une dizaine de jours et ils vivent actuellement dans une cellule dans laquelle les conditions de vie sont bien pires que ça.
Nous avons tout de même tenté de dégager les fenêtres pour permettre au soleil d'éclairer l'intérieur mais les planches sont visiblement soudées par une magie qui, bien que vielle, ne semble pas prête à céder.
La toiture, elle, est trouée sur une surface de quelques centimètres, pas suffisamment pour y laisser passer quelqu'un mais les oiseaux y ont vu une opportunité. Ils s'y sont glissés et la pièce sur laquelle l'ouverture donne est maintenant envahie de pigeons. Le parquet est couvert de fientes et l'air est irrespirable, même pour un humain dont l'odorat est bien faible. Heureusement, la porte de cette salle est restée fermée tout ce temps, les volatiles n'ont alors pas pu occuper le reste de la maisonnette.
Alors que nous tentons de mettre un peu d'ordre dans l'abri, un bruit suspect nous arrête. Le son provient de l'extérieur mais est bien trop proche à mon goût. Je fais signe à mes camarades de se tenir prêts et m'approche silencieusement de la porte restée entre-ouverte. Je glisse un regard scrutateur par la faille et ma respiration se bloque instinctivement. Je me fige par réflexe et sens la seule chose qui puisse trahir sonorement ma présence : mon palpitant qui commence à s'emballer. Je serre les dents, surpris de réagir ainsi. Je ne suis plus maître de moi même et sens une étrange peur me tordre les boyaux. Je n'entends plus ce qui nous a alerté et ne peux alors plus compter que sur mon odorat et ma vue. Aucune odeur étrangère ne me parviens mais je sais mon sens brouillé par une mare, à une vingtaine de mètres à peine, qui empeste tant qu'elle doit pouvoir recouvrir n'importe quelle senteur dans un périmètre de trois kilomètres. Je me contente alors de scanner les alentours de mes yeux. Quand, pour la énième fois, mon regard survole un petit bosquet une lumière m'intrigue. C'est furtif, à peine ai-je remarqué le léger flash qu'il disparaît mais je l'ai bien vu. Je parierais qu'il s'agisse d'une arme humaine. Certaines d'entre elles sont équipées d'une lunette de visée qui, justement provoquent ce genre de reflets.
Inquiet, je me tourne vers mes amis et remarque avec angoisse, sur le front de Blood', un point aussi rouge que ses cheveux. J'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche pour l'avertir que la détonation se fait entendre. Je me jette sur elle pour la plaquer au sol juste à temps et regarde, abasourdi, la balle fichée dans le mur derrière nous. Le laser lumineux est passé par la faille laissée par le volet juste un peu entre-ouvert et le petit bout de plomb a suivi la même trajectoire, creusant un petit trou parfaitement rond dans la vitre. Nous avons face à nous un excellent tireur. J'ai rarement connu d'humain visant aussi bien, bien sûr, il y en a, appelés snipers qui sont réputés pour ça mais je n'en ai jamais rencontré. On dit qu'ils ne sortent pas des Hemeras, trop occupés à les protéger de leurs tourelles. Alors que je perçois, derrière moi, le mouvement de quelqu'un qui se redresse, je me retourne. Hazel s'est redressée sur ses pieds alors que tout le monde est encore allongé à terre. Inquiet, je m'apprête à lui dire de se rebaisser mais n'en ai pas le temps : alors qu'elle avançait, toutes griffes dehors vers la source du tir, un deuxième coup de feu s'est fait entendre et une balle, lancée à pleine vitesse, s'est logée dans sa clavicule. La démone tombe lourdement au sol et je rampe précipitamment vers elle. Elle perd de grandes quantités de sang et respire difficilement. Je compresse sa plaie de mes deux mains pour retenir l'hémoglobine, le temps que son métabolisme ressoude ses chairs. Voyant que rien ne se passe, je crains le pire. Je regarde cette blessure qui ne semble pas vouloir se refermer. Pour un humain ce serait normal mais pas pour une démone. Alors que la panique me gagne peu à peu je comprends le problème : la petite bille de plomb est encore dans son corps. Je passe une de mes mains, poisseuse de sang sur son front devenu brûlant et, d'un coup sec, enfonce deux doigts de l'autre dans la plaie. Elle pousse un hurlement de douleur mais je ne m'arrête pas pour autant, fouillant l'intérieur de son épaule à la recherche de la balle. Mes phalanges butent finalement contre le petit bout de métal que je saisis immédiatement. Je ressors alors ma main, la bille coincée entre deux griffes. Cela provoque à Hazel un autre cri mais le silence retombe juste après, pesant, chargé de l'inquiétude de mes camarades et de la souffrance de mon amie.
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Scotos & Phaos
FantasiaUne guerre. Provoquée par les humains et les meilleurs dans ce domaine : les démons. Des alliances se sont formées, dans un monde en tension cette guerre a permis aux autres créatures d'attaquer leurs ennemis naturels. Parmis eux les anges. Ils ont...