Scotos & Phaos

XXII. SURPRISE

Bonne lecture !

SURPRISE

HELL'

L'ange est rejoint par ses deux camarades et je pousse un soupire on ne peut plus las. Que me veulent-ils encore ? Je les fixe mauvaisement et alors qu'Ajax s'approche je quitte ma position assise pour m'accroupir. Mes doigts surmontés de mes griffes grattent lentement le sol, mes ailes se déploient dans mon dos, ma queue fouette violemment l'air tout en gardant le dard qui la prolonge orienté vers le métamorphe et ma lèvre supérieure se soulève pour dévoiler mes canines. J'agis instinctivement et dois ressembler à un animal qui, face à une menace, se rend plus imposant pour faire fuir le danger. Ça fait rire les trois phaos qui, une nouvelle fois, me traitent de sauvage. Le fait qu'il ne me craignent pas le moins du monde m'agace, j'ai beau essayer de les impressionner ça ne leur fait ni chaud ni froid. Alors que le tigre continue d'avancer je suis tenté de reculer mais le mur m'en empêche. Sa main arrive comme une menace vers ma tête et je claque des dents. Mon avertissement est, encore une fois, ignoré et une de mes cornes se retrouve prisonnière de sa poigne. Je secoue la tête de gauche à droite mais rien n'y fait il ne me lâche pas. Je fais mine de me relever mais il exerce une pression vers le bas, me forçant à rester au sol. Quoi que je fasse il m'arrête. Je tente bien de lui lacérer les avants bras mais il attrape mes poignets avant que je ne l'atteigne, je suis, encore une fois, totalement inoffensif. Cette situation me fait peur, je sais qu'ils ont largement le dessus sur moi et ça ne me plaît pas. Pas du tout.

Quand il estime que j'ai assez attendu, Ajax me tire vers le haut pour que je me mette debout. Aussitôt il me plaque au mur pour que Light' et Lucas puissent me mettre des chaines aux chevilles et des menottes. Au contact froid du métal contre ma peau, je donne un coup d'épaule dans une tentative vaine de les repousser. Par vengeance à mon avis, l'ange serre les bracelets gelés bien plus que nécessaire mais je ne bronche plus de peur de subir pire. Quand ils ont terminé ils m'intiment de les suivre, ce que je fais encore sans discuter. J'ai horreur de leur obéir mais pour l'instant je n'ai pas le choix. J'avance sagement derrière l'humain si bien qu'aucun des deux autres ne décide de me tenir, je profite au moins de cette once de liberté. On ne va pas vers les escaliers cette fois-ci mais plus loin dans le long couloir du sous sol. Je me rends compte que ma cellule est l'une des premières porte mais que le corridor est immense, je n'imagine pas combien il peut y avoir de geôles comme la mienne. Arrivés au bout, je déglutis, l'appréhension monte rapidement alors que Light' tourne la clé dans la serrure. Une fois la pièce ouverte je prends une grande inspiration et suis mon escorte. La salle est aussi grande que leur salle à manger et plongée dans le noir. L'absence de lumière ne m'empêche pas réellement de voir mais Lucas va tout de même appuyer sur l'interrupteur, sans doute parce que lui n'a pas une bonne vision nocturne. Je me concentre sur ce qu'il y a face à moi et suis dégouté. J'ai déjà faillit rejeter mon dernier repas en arrivant à cause de l'odeur mais ce que j'ai sous les yeux finit de me retourner l'estomac : des skotos, sept, de toutes les espèces sont couchés au sol. Je devine sans mal qu'ils reposent dans leur sang mais perçois leurs pouls, ils sont vivants. Je suis tenté de les rejoindre pour les aider mais le métamorphe, s'y attendant, me retient.

Les détenus se réveillent, dérangés par la lumière agressive que l'humain a allumée et me voient. Leurs regards changent. Ils passent de la peur après avoir aperçu l'ange à l'espoir en me voyant. L'espoir. Je ne veux pas représenter ça pour eux, surtout pas car je sais que les chances pour que je parvienne à les faire sortir sont extrêmement faibles. Déjà que m'enfuir seul relève du miracle mais alors avec tout ce monde blessé c'est impossible.

"- Notre projet voit enfin le jour. On les a récupéré ces trois derniers jours en te cherchant."

Je détourne le regard, nauséeux. Je tente de faire abstraction de la situation mais la voix faible de l'un d'eux me parvient :