XI. GAGNER LA LIBERTÉ

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Bonne lecture ;)

GAGNER LA LIBERTÉ

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HELL'

Je me tiens face à l'imposant félin, on se toise depuis deux bonnes minutes, s'analysant du bout des griffes à la pointe des oreilles dans un concert de feulements et de grognements. Je suis toujours blessé et les regards insistants du tigre sur mes plaies les plus profondes me mettent mal à l'aise, je sais pertinemment qu'il n'aura aucun scrupule à attaquer directement sur mes faiblesses alors je tente de me montrer le plus frais possible, plus je parais en forme, moins je dévoile de failles. Tout semble ralentir autour de nous, le temps s'arrête, les bruits de combats cessent tant je reste focalisé sur mon adversaire, je sais parfaitement que la moindre inattention peut me valoir une écrasante défaite alors ma concentration est à son paroxysme. La seule chose qui me distrait c'est ma chair qui commence à se refermer par endroit, je coule un regard sur l'assemblée et remarque le viel elfe, caché à l'écart du champ de guerre en train de marmonner des formules de guérison elfique. Je le remercie d'un discret coup d'oeil et me prépare de nouveau à combattre. Les muscles d'Ajax se tendent et il bondit sur moi, je l'évite de justesse et fonce droit vers son flanc découvert l'instant d'après, il parvient à dévier mon assaut au dernier moment et me montre les dents. On se fait de nouveau face, plus menaçants qu'avant, aucun de nous n'a encore subi de dégâts mais ça ne saurait tarder. Je n'attends pas plus et plonge de nouveau vers lui, griffes et crocs au rendez-vous. Il s'épargne une morsure mais s'éloigne trop tard pour esquiver ma patte, écopant d'une belle marque rouge sur sa fourrure immaculée. Il me foudroie de ses yeux de glace et répond aussitôt à mon attaque par un mouvement similaire mais au moment où je m'apprête à me décaler pour laisser ses antérieurs fouetter le vide, ses mâchoires se referment violement sur mon flanc gauche déjà bien abîmé qui commence à peine à se refermer grâce à l'elfe. Je hurle et m'écroule au sol sous le coup de la douleur. Le félin s'apprête à m'achever mais je me relève difficilement, tends le cou et lui mord la patte. Je chancelle pour m'éloigner un peu du combattant et fais de nouveau face. La bête en face me fixe avec un air satisfait, faut croire qu'il n'aurait pas aimé me voir abandonner notre affront pour si peu, j'ai une réputation à tenir...
Nos dents sanguinolentes sont à découvert, nos babines retroussées sont écumantes, nos yeux lancent des éclairs, nos fourrures sont hérissées, le sang qui coule de nos blessures toutes fraîches est luisant et notre détermination semble écraser tous les autres guerriers qui se sont immobilisés et tournés vers nous. Quand les deux bêtes s'affrontent, le monde semble retenir son souffle, après tout l'issue de notre combat sera décisive, si je gagne, les rebelles et moi fuirons, si je perds, il auront fait le déplacement pour rien car je serai ramené de force chez les phaos, j'ai tout intérêt à sortir vainqueur C'est Ajax qui cette fois s'élance le premier, il vise directement la gorge pour s'assurer la victoire mais je parviens, une nouvelle fois à dévier son attaque, ses dents finissent alors leur chemin dans mon poitrail, mordant fortement et ne relâchant pas leur prise malgré mes efforts, plus je me débats, plus j'ai la sensation que l'étau autour de ma peau se resserre mais le guerrier finit par me lâcher quand je le frappe violemment de ma patte avant, lui entaillant sévèrement le museau. On s'éloigne de nouveau l'un de l'autre mais ce court répit ne dure que quelques instants puisque d'un même mouvement nous nous fonçons tous les deux dessus, prêts à en découdre. Au dernier moment j'abandonne le corps lupin d'Atila pour retrouver le mien et ainsi planter sévèrement mes cornes dans le flanc du félin. Il jappe de douleur alors que, sans lui laisser le temps de se relever je lui assène une multitude de coups. Je m'apprête à l'achever mais lui aussi reprend forme humaine pour me planter un poignard précédemment attaché à sa ceinture dans l'épaule, je suis contraint de reculer pour éviter une seconde lame qui s'élance déjà vers moi et offre donc l'opportunité au phaos de se redresser. Mon adversaire a une carrure bien plus impressionnante que la mienne avec sa musculature plus développée et sa tête de plus que moi mais je suis plus agile. Je cours en sa direction, il se campe sur ses appuis pour réceptionner mon poing armé vers lui mais je me baisse au dernier moment pour passer sous lui et, une fois dans son dos, lui asséner un violent coup de pied dans la nuque, il chancèle légèrement mais se reprend bien vite et se retourne vivement pour me faire face. Tout dans son expression montre sa détermination, sa mâchoire est si serrée que j'entends ses dents grincer les unes contre les autres, ses yeux bleus me lancent des éclairs mais restent fixes et concentrés, sa position traduit une aisance au combat digne d'un grand guerrier, aucun de ses mouvements n'est fait au hasard, tout est réfléchis, et aussi précis qu'imprévisible. Je savais déjà notre affrontement inéquitable au vu de mon état physique mais je me rends compte qu'Ajax n'a vraiment aucune faille, sa technique et son corps surentrainé sont déjà une véritable force mais ajouté à cela, son mental de fer et son calme olympien font de lui un adversaire presque imbattable. Je ne me dégonfle pas pour autant malgré ces constatations, conscient de mes propres atouts et continues de me tenir doit devant lui.

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