Chapitre 28 - Harry

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Alors que je me détache de Louis, après un baiser empli de tendresse, mon petit-ami s'intéresse à mon rendez-vous professionnel, souhaitant savoir comment il s'est passé, si les nouveaux projets me plaisent et surtout, si les conditions de travail que je souhaite ont été acceptées. Surtout pour le prochain mois, car je ne me vois pas quitter Louis et rentrer seul sur la Capitale.


C'est agréable cette sensation d'être important pour quelqu'un, de compter pour quelqu'un. Je souris et dépose un baiser sur la tempe de Louis avant de glisser ma main dans la sienne.


"Je vais tout te raconter mais d'abord, je commence, est-ce que tu as faim ou tu penses pouvoir attendre deux petites heures ?"


Machinalement, Louis consulte l'heure sur son téléphone. Il est à peine midi et je me doute qu'il a profité de la chambre d'hôtel pour se reposer avant de sortir, décalant l'heure de son premier repas de la journée.


"Je devrais pouvoir attendre, répond-il avec un petit sourire.

- Tu es sûr ? Sinon on prend des trucs à grignoter sur le pouce...

- Qu'est-ce que tu as prévu ? Je peux attendre vraiment. J'ai pris un bon p'tit déj en sortant de l'hôtel.

- Alors suis-moi !"


Je reste évasif mais lui souris et tire légèrement sur sa main pour nous mettre en route. Nous contournons le miroir d'eau et traversons la route pour monter dans le premier tramway qui s'arrête Place de la Bourse.


Installés l'un en face de l'autre dans le tram, j'en profite pour pianoter sur mon smartphone à l'abri de son regard que je sens fixé sur moi. Je mordille ma lèvre inférieure, tentant de retenir mon sourire, et valide ma commande avant de relever mon regard sur le jeune homme.


"Tu me dis ce que tu mijotes ? m'interroge-t-il.

- Je t'emmène déjeuner dans un restaurant, je réponds simplement.

- Mais pas avant deux heures ? ajoute-t-il suspicieux.

- Ce n'est pas sur Bordeaux..."


Louis se redresse et se penche vers moi, emprisonnant ma jambe entre les siennes. Il y a du monde autour de nous et je vois bien qu'il est sur la réserve. Pourtant, lorsque je relève mon regard, personne ne semble se préoccuper de nous.


Je ne lui laisse pas le temps d'investiguer plus puisque nous arrivons à la gare Saint Jean. Je tapote légèrement sur son genou et me lève. Sa perplexité me fait sourire mais elle ne l'empêche pas de me suivre.


Nous évoluons entre les voyageurs, assez nombreux à cette heure de la journée, entre les travailleurs et les touristes. Je prends garde à ce que Louis ne se fasse pas bousculer et en profite pour me rapprocher de lui, glissant son bras sous le mien. Je me maudis silencieusement, avec mes idées farfelues, de ne pas lui avoir conseillé de prendre sa canne. La journée devrait être agréable mais peut-être que la balade risque de le fatiguer.


Dans la gare, je repère rapidement le panneau d'affichage et, sans rien dévoiler de notre destination, je nous dirige vers la voie. Le train est à quai. Je présente mon téléphone au contrôleur qui scanne les deux billets et nous laisse accéder au quai. Nous remontons un peu, jusqu'à entrer dans le train et nous y asseyons, l'un en face de l'autre à nouveau.

LA REEDUCATION DES COEURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant