𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 3

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-"B-K retourne au bureau et mets-toi en veille."

Il lâche le sachet de nourriture, sans pour autant dévier son regard sur moi. Son corps se relève doucement sous la lumière de la nuit traversant ma fenêtre. Il s'avance vers moi, ce qui me fait reculer d'appréhension. Au moment où il traverse l'encadrement de la porte, mon cœur bat si vite que l'on pourrait l'entendre dans toute mon habitation.

Je ne suis pas censé avoir peur de lui. C'est ma création, c'est moi qui l'ai conçu. Pourtant, j'ai peur. Je suis même complètement terrifié. Le simple fait qu'il vient de désobéir à son propre programme prouve qu'il est capable de le faire avec les trois lois fondamentales. Et si par malheur, il pouvait faire du mal à qui que ce soit... Non, je ne dois pas penser de cette possibilité. Il suffit juste que je trouve où est la faille et la corriger. Rien de plus, rien de moins.

Dès lors qu'il allait en direction de la salle de travail, il s'arrête subitement. Son corps ne bouge plus tel un rock. Aurait-il planté ? Fait-il une mise à jour ? Je reste à bonne distance, ayant toujours ce goût amer dans la bouche, et le contourne. Mais alors que j'allais passer devant lui, je sens tout mon corps être plaqué contre le mur juste à côté. Son avant-bras sous ma gorge, mon corps se raidit entièrement. Il-il vient de lever la main sur un humain. . .

-"B-K..étei-ins-toi..."

Agrippant son bras de mes mains, j'essaye en vain de me libérer. Lui ordonnant toute sorte d'ordre pour qu'il cesse son action, je le vois m'observer sans pour autant réagir. Étant composé d'un semblant de vrai muscle, je ne pensais pas l'avoir fait aussi fort. Certes, il doit pouvoir atteindre toutes les attentes morales et physiques, mais...

-"Encore cette appellation. C'est blessant... Aimerais-tu que je te nomme Deku maintenant ?"

-"Co-comment peux-tu-"

-"Comprendre le kanji ?"

Tout cela est absurde, je ne lui ai jamais appris ça. Alors où a-t-il trouvé ces informations ? Le nom Deku n'est pas inconnu pour moi. Lorsque j'étais qu'un pauvre enfant, les jeunes issus de milieu plus élevé m'appelaient ainsi pour se moquer de moi et montrer leur domination familiale et économique. J'avais pourtant réussi à l'oublier au fil du temps et à tourner la page sur ce passé froid et sans une once d'émotion.

Il se rapproche de plus en plus, n'étant plus qu'à quelques centimètres, gardant une expression que l'on pourrait qualifier d'énerver. Ma respiration est de plus en plus difficile, essayant encore et encore de le faire s'éloigner afin de trouver une quel qu'onques possibilité de fuite.

-"Pourquoi me traites-tu ainsi, pourquoi l'homme se sent si supérieur envers nous, machines ?"

Je n'arrive même plus à répondre. Seulement quelques larmes coulent sur mes joues. J'essaye encore de me dégager tout en regardant autour de moi. Je laisse mes bras parcourir le mur et plus précisément la bibliothèque à ma gauche. Son corps est bien trop fort pour que je puisse me délivrer par mes propres moyens, mais avec une aide, je pourrais peut-être...

J'arrive à prendre un livre d'un certain poids et lui lance dessus. Le choc bien trop faible ne lui a fait qu'une simple coupure sur sa joue, mais l'a tout de même fait reculer de quelques pas. Mon corps réagit rapidement, se mettant à courir dans l'appartement, toussant à pleins poumons. Je sais qu'il n'a plus de limite de pièce, pourtant, je me déplace instinctivement vers ma chambre. Mon lieu de détente, de pure libération. Je ferme aussitôt la porte et m'écroule contre elle.

Il ne s'est pas précipité. Au contraire, il est très lent. Je sens sa démarche à travers le plancher se faire doucement. Typique d'un androïde correctement constitué. Je pose ma main sur ma gorge afin d'apaiser la rougeur et la douleur.

B-KOù les histoires vivent. Découvrez maintenant