Chapitre 8 : La fin d'une vie

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Geraint et Yorlnar tenaient toujours fermement bâillonnée la princesse Léna. Ils sortirent du château et atteignirent la cour. Au milieu de celle-ci trônait fièrement un puits. La cour était entourée des murs dont la seule entrée était la porte et la herse derrière celle-ci. Ils savaient que les hommes qui se battaient sur les remparts contre les gardes étaient ceux de leur compagnon Tam et que leur but était d'ouvrir les portes. Mais ils semblaient en mauvaise posture. Geraint jura entre ses dents.

- Maudit Tam, il fait tout foirer ! Qu'est-ce qu'on fait !

Ils furent surpris par un petit groupe de nobles qui sortaient du château, dont certaines fenêtres étaient en flammes.

- Chevaliers, venez, nous pouvons fuir par le passage secret de la chapelle !

Les deux traîtres restèrent un moment sans rien faire, tant encore une fois la situation était particulière. Mais Yorlnar eut la présence d'esprit de cacher la princesse derrière lui et d'acquiescer. Ils suivirent donc les quelques nobles à travers la cour pour se rendre à la chapelle qui était sur le côté du mur ouest. Il s'agissait d'un fier bâtiment au mur en pierre et au toit constitué de rondins de pin robustes. Alors que les premiers nobles rentraient, les deux chevaliers entendirent un bruit de cavalcade et plusieurs hennissements derrière eux. Tous les chevaux de l'écurie semblaient s'être détachés et, affolés, couraient dans leur direction. L'un d'eux bouscula Yorlnar, qui lâcha sa captive. Profitant de la confusion, la princesse se releva et fonça vers les portes.

S'ensuivit une intense confusion. Un garde sortit d'un coin hurla et attaqua Geraint, qui se défendit rudement. Dans la nuit, leurs épées se rencontrèrent avec fracas. Le combat fut néanmoins bref car un cheval hennit et renversa le renégat avant de lui briser le crâne d'un coup de sabot.

Léna courut à travers la cour pour se mettre à l'abri. Mais dans les ombres nocturnes, elle peinait à distinguer où elle allait. Elle discerna néanmoins une forme forte devant elle, croyant que c'était l'un de ses poursuivants, elle courut vers le mur et grimpa les marches en espérant trouver du soutien auprès d'un des gardes de feu de son père. Elle percuta un des assaillants qui fut transpercé par un garde. Le mourant s'affala sur elle, mais étant trop petite, légère et surtout entravée, elle ne put l'arrêter et celui-ci la poussa. Son dos heurta un des mâchicoulis et, entraînée par le poids, elle bascula par-dessus le mur et tomba dans l'eau des douves. Comme elles étaient alimentées par une rivière proche, elle fut entraînée par le courant et, étant bâillonnée, rien ni personne ne put l'aider.

Yorlnar courait après la princesse lorsqu'il fut interrompu par un cheval qui passa devant lui. Il ne voyait plus la princesse et un homme à la carrure rappelant celle d'un garde était non loin. Il décida soudainement qu'il n'était pas assez payé pour tout cela et prit la fuite lorsqu'il entendit en plus Tam sur un des murs hurler la retraite.

Lorsque Gradguer sortit, il se dirigea immédiatement vers l'écurie. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. La nuit était si noire que peu pouvaient y voir, mais pour les yeux modifiés d'un veilleur, une telle obscurité n'était pas un bien grand problème. Il vit plusieurs nobles ainsi que les deux chevaliers qu'il avait déjà croisés. Mais il remarqua qu'ils tenaient la princesse Léna ! Elle avait l'air attachée, il fallait qu'il tente quelque chose. Il rentra dans l'écurie avec précipitation et chercha des yeux son cheval. Il le récupéra, le sella et fit de même avec une autre monture qu'il sortit et attacha à l'extérieur. Puis il se dirigea de nouveau vers l'intérieur et libéra tous les chevaux avant d'allumer une torche et de l'agiter devant lui afin de les faire paniquer et de les faire sortir. Il sortit quelques instants après et découvrit que la confusion régnant dans la cour s'était accentuée.

Il vit la princesse courir et monter les escaliers, il mit quelques temps à la suivre car il crut un instant que son poursuivant allait l'attaquer, mais il préféra fuir. Il reprit son ascension de la muraille et eut juste le temps de voir la princesse basculer dans le vide. Il jura lorsqu'il reçut un coup d'épée dans les côtes. Concentré sur la princesse, il n'avait en effet pas vu le garde qui l'attaquait. Il serra les dents pour atténuer la douleur et désarma le garde en lui brisant le bras avant de le pousser. Il redescendit rapidement, il s'agissait maintenant de sortir d'ici. Il sauta sur sa monture et empoigna les rênes de la seconde monture, puis fonça vers la porte. Il hurla aux gardes qui s'y trouvaient.

Une dernière veille (Sadhdrim)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant