Une dernière veille (Sadhdrim)

Chapitre 13 : De l'encens et des mots

Ses paupières s'ouvrirent et se refermèrent. Elle sentait une forte odeur d'encens et entendait le crépitement et le craquement du bois brulant doucement. Elle finit par ouvrir les yeux et battit des paupières face à la forte luminosité de la pièce. C'était une chambre en pierre meublée d'un lit aux draps verts sur lequel elle était allongée, d'une petite table et de deux chaises ou, sur l'une d'elle, trônait une lanterne et d'une cheminé. Y brulait quelques bûches et de nombreuses assiettes de cuivre éclatantes trônaient sur le rebord et de l'encens y grésillait en fumant et répandant ses arômes dans la pièce.

Tout lui revint en mémoire et elle frissonna malgré la chaleur. Heureusement Etincelle dormait sur ces genoux ce qui lui redonna hardiesse et contenance grâce auxquels elle refoula ses larmes.

C'est alors que la femme rentra dans ce qui devait être sa chambre, comme si elle savait que la jeune fille venait de se réveiller. Peut-être le savait-elle vraiment si elle était véritablement prophétesse.

- Ma fille, je suis ravie que tu sois réveillée, tu m'as inquiétée à t'évanouir tout à l'heure.

La jeune fille eu un regain de volonté et se redressa légèrement sur le lit.

- Arrêtez ! Vous... Vous n'êtes pas ma mère n'est-ce pas ? Cela ne se peut !

La femme fut quinaude de sa question. Puis elle sourit et s'assit sur une chaise qu'elle tourna vers son interlocutrice.

- Non, non , pardonne moi Léna. Pour nous autres rêveuses tous sont nos enfants, c'est une manière de parler, je ne suis pas ta mère et je ne sais rien d'elle.

La jeune fille sourit elle aussi quand elle dit son nom. « Forcement » pensa-t-elle. Elle resta silencieuse et commença à caresser la tête de sa jeune dragonne qui, manifestement fatiguée, dormait.

- Rêveuse ? Je peux vous appeler ainsi ? Elle acquiesça et la jeune fille continua donc. Ce que vous m'avez... prédit ? Cela se passera forcement ?

- Nos songes sur le futur ne sont jamais faux, mais il existe une tel multitude de possibilités que il ne se réalisera peut être jamais, néanmoins... En ce qui te concerne cette prophétie était récurrente dans toutes les possibilités ou presque. N'ait crainte. Contrairement au proverbe courant «on n'échappe pas à sa destinée» C'est au contraire possible. Nos choix restent totalement libres, mais il s'agit d'une lutte constante, comme toute chose dans ce monde après tous. Tu le sais bien, mieux que beaucoup d'autre à ton âge.

La jeune Léna soupira et se recoucha sans toutefois cesser de caresser sa dragonne et de parler.

- Je n'ai pas demandé tout cela...

- Peu de mortels peuvent demander au destin d'agir comme eux même l'aimeraient.

Elle resta un moment silencieuse avant de demander.

- Vous répandez toujours vos prophéties ? A tous ?

- Non ma jeune amie. Je suis généralement dans les villages proches ou sur les routes, et alors seul ceux qui me les demandent entendent mes prédictions. Mais rares sont ceux à trouver ma demeure dans les montagnes, ceux-là sont guidés par le destin et alors une prédiction me vient naturellement.

- Vous voulez dire que vous n'avez pas fait exprès tout à l'heure ?

- Pas tout à fait, j'avais vu ta venue, mais je ne savais quand. Par contre ce que je t'ai dit oui, je n'ai pas eu à réfléchir, cela m'est venue comme ça. Veux-tu que je rêve plus en détails de ton futur ?

Elle l'arrêta d'un geste de la main et cria presque. Ce qui réveilla l'animal entre eux deux, qui grogna.

- Non ! Non, je ne préfère pas, mes excuses. Par contre... Je suis encore un peu faible, puis je rester dormir dans votre grotte ?