Chapitre 9 : De vraies retrouvailles

41 17 48
                                    

Gradguer était sorti de la ville et décida de s'arrêter rapidement dans une forêt proche de la cité. Il tâta ses côtes. Son manteau était déchiré et dessous sa tunique était maculée de sang, et il ne fallut que quelques secondes pour que la blessure s'ouvre à nouveau.

Il descendit de sa monture en s'accrochant à sa crinière et une fois au sol, attacha les longes à son arme et la planta dans le sol en faisant attention à ne pas l'abîmer.

Il se posa contre un arbre et s'assit lentement. Il dut serrer les dents pour atténuer la douleur mais réussit à serrer un morceau de tissu autour de son torse. Il avait échoué sur toute la ligne. Anna, pour peu qu'elle soit encore vivante, l'avait fait mander pour qu'il l'aide, il voulait la revoir et s'était pourtant présenté à elle de la mauvaise façon. Il n'avait pas empêché l'attaque du château et avait laissé cette pauvre princesse mourir. Il secoua la tête et fut pris d'un sentiment de tristesse et de déception aussi fort que sincère. Il allait s'endormir lorsqu'il entendit des bruits autour de lui.

Il ouvrit ses yeux fatigués et essaya de se concentrer, en vain. Il ne pourrait pas compter sur ses pouvoirs si quelque chose de mauvais se passait. Il aperçut sous les frondaisons boisées des lumières dansantes entre les troncs.

Il se leva donc rapidement et perçut sous ses pieds des mouvements dans le sol. Avant d'avoir pu agir, une motte de terre explosa devant lui, projetant gravillons et terres tout autour.

Soudain, un grondement sourd ébranla la terre, faisant trembler les arbres et éclater les racines. Une fissure béante se forma dans le sol, libérant une obscurité sinistre et révélant les mandibules acérées d'un scolopendromorphe géant. Sa carapace scintillante émergea lentement, ses pattes monstrueuses s'agitant avec une férocité primitive tandis que ses antennes battaient l'air. Ses yeux luisants lançaient des éclairs de rage.

Alors qu'il jaillissait de sa cachette souterraine, il cliqueta sombrement. Dans un fracas terrifiant, le scolopendromorphe géant fondit sur sa proie, déchirant l'air de ses crochets venimeux dans une frénésie de terreur. Gradguer sauta sur le côté juste à temps pour éviter les mandibules qui claquèrent juste à côté de son visage. Il ne pouvait récupérer son épée sans libérer les chevaux, il devait d'ailleurs l'éloigner des chevaux. Il dégaina donc le couteau caché dans sa botte et sauta sur la créature. Il s'accrochait à la créature qui se débattait en secouant son corps dans tous les sens et fouettait l'air de ses pattes. Le crissement du couteau sur la chitine se mêlait aux cliquetis secs de la créature. Celle-ci finit par décrocher le veilleur qui s'écrasa lourdement au sol. Il rampa et recula dans la poussière, jetant rapidement un coup d'œil vers les lumières qui se rapprochaient. «

Pourvu que ce soit des renforts ». Le mille-pattes géant se redressa et laboura le sol de ses multiples appendices tranchants. L'homme dut se résoudre à se cacher dans un tronc d'arbre effondré. Il sentit le tronc craquer lorsque les mandibules du monstre se resserrèrent sur sa cachette. Il dégaina son deuxième couteau, sa dernière arme. L'écorce qui le cachait fut soulevée par la bête et jetée au loin.

L'homme et la bête se regardèrent durant quelques secondes. Dans les yeux sombres aux profondeurs rougeâtres ne se lisait pas la moindre trace de pitié mais uniquement une faim dévorante. La bête plongea vers l'homme qui brandit son couteau et le planta entre deux plaques de chitine dans la tête de la créature. La créature se redressa en cliquetant de douleur, emportant avec elle Gradguer qui finit une nouvelle fois par lâcher son arme et rouler dans l'herbe. Le monstre qui se dressait au-dessus de l'humain désarmé allait l'achever mais une pierre rebondit contre sa tête et détourna son attention. La créature s'aplatit et cliqueta avant de se diriger dans la direction du caillou. L'humain se redressa et attrapa son premier couteau toujours planté dans la carapace. Il l'utilisa comme une prise pour avancer vers la tête du scolopendromorphe qui creusait et frappait un arbre. Une fois arrivé sur la tête, il enfonça brutalement jusqu'à la garde le couteau qui y était planté.

Une dernière veille (Sadhdrim)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant