8 - Koa

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Dans quelques heures, je vois Alex et j'imagine qu'il me remettra les idées en place quant aux choix que je prends ces derniers temps. Seulement, j'ai réfléchi, vraiment très longtemps, trop longtemps pour que mon cerveau s'en sorte indemne. Mais elle pourrait m'aider, je n'ai jamais été aussi proche d'eux, mes possibilités de la retrouver sont élevées et je ne peux pas me montrer, ils pourraient me reconnaître.

J'ai besoin de quelqu'un qu'on ne soupçonne pas, quelqu'un qui m'obéit, quelqu'un qui a assez de sang froid pour ne pas se laisser impressionner par ce genre d'événement. Quelqu'un comme elle.

Après une minute de réflexion, statique devant la porte de la cave, j'insère la clé dans la serrure et déverrouille avant d'entrer. À l'autre bout de la pièce, la rousse me fixe de ses yeux d'un brun chaotique. Elle est debout, collée au mur comme si elle voulait fusionner avec ce dernier. Je balade mes yeux dans la pièce jusqu'à la bouteille d'eau et à l'assiette vide. Autour du poteau au centre de la pièce, jonchent les cordes qui l'attachaient il y a trois jours.

JJ est absent, elle pourrait bien s'emparer d'une des cordes, me sauter dessus, me l'enrouler autour de la gorge et me serrer jusqu'à ce que je pousse mon dernier souffle, mais elle ne le fait pas. Je sais qu'elle n'a pas peur de moi, du moins pas vraiment. Leda n'est pas stupide, elle sait que si on aurait voulu la blesser, la tuer ou bien la violer, on l'aurait déjà fait. Elle craint simplement le moment où on lui dira ce qu'on attend d'elle. Ça arrivera bientôt, mais elle ne le sait pas encore.

Doucement, je m'avance vers la rousse. Elle essaie de reculer, mais le mur l'en empêche. Ses yeux s'arrondissent un peu quand je suis si proche d'elle que je sens son souffle rebondir contre ma peau. J'adore voir que malgré ses angoisses, pas une seule seconde son regard ne se détourne de mes yeux. Mon regard bascule sur ses lèvres à l'instant où elle passe sa langue sur ses lèvres devenues sèches. Une haine incommensurable me prend aux tripes quand je me rends compte que mes yeux se détachaient trop difficilement de cet acte inoffensif.

Ses deux prunelles dorées se détachent de moi, pas parce qu'elle a perdu ce duel de regard, mais parce qu'à présent, elle les a posées sur mes doigts, qui se dirige lentement vers son cou. L'ensemble de son corps se tend quand ma peau rugueuse rencontre la sienne. Je sais que c'est malsain, que si son angoisse ne l'étreignait pas, elle aurait repoussé ma main, mais en me détestant, je laisse durer le contact. Je sens son pouls affolé au moment où mes doigts se rapprochent de sa gorge et que des frissons nous gagnent tous deux quand une décharge électrique nous parcourt le corps.

D'un geste lent, je glisse ma main à l'arrière de sa nuque, ses poils se hérissent d'appréhension alors que sa respiration devient lourde, ses lèvres entrouvertes me donnent des pensées indécentes alors que ses yeux sont plongés beaucoup trop profondément dans les miens. Je détache le collier qui orne son cou et le récupère avant de m'éloigner de quelques centimètres.

— Qu'est-ce que vous faites ? Me demande-t-elle d'une petite voix qui transcende la pièce sans pour autant avoir le courage de récupérer son bien. Pourtant, je vois dans ses yeux qu'elle en crève d'envie.

Derrière l'émeraude se trouve une petite plaque métallique qui se détache parfaitement du reste du collier. À l'intérieur se trouve une puce si petite qu'elle fait à peine la taille d'un ongle. Je la range en sécurité dans ma poche avant de la perdre et de me faire défoncer par Alex.

Leda me regarde stupéfaite, elle ne se doutait sûrement pas que quelque chose qui nous appartenait se trouvait dans le collier qu'il lui a offert. Ce connard n'a pas hésité à donner un collier volé à une femme qui donnera sa vie pour lui. Ce qu'il est stupide, putain, ça en devient exaspérant. Je me demande ce qu'il a bien pu faire pour qu'elle soit si désespérément attachée à ce lâche.

Dare MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant