Dare Me

7 - Leda

Je soupire lourdement, je me rends compte que j'avais retenu ma respiration tout au long de notre conversation. Je prends mon courage à deux mains et lui pose la question qui me brûle la gorge depuis mon réveil ici.

— Comment est-ce qu'il va ? Sa carrure imposante s'arrête, la main sur le poignet, il tourne légèrement la tête. Au moment où je pense qu'il va me répondre, il quitte la pièce et m'y enferme sans se retourner. Des larmes menacent de s'échapper de mes yeux, mais je ne le permets pas, je m'interdis de verser une larme de plus, ça les rendrait gagnants.

Je me penche en avant afin de dénouer les liens qui m'enserrent les chevilles délicatement. En repensant à la manière dont il a découpé les cordes autour de mon buste, sec et lent à la fois. Il me murmura ses menaces bien placées et je l'écoutai attentivement en attendant désespérément chacune de ses paroles. À chaque mot, mon cœur battait plus vite encore, sa voix m'envoûtait comme s'il menaçait mon meilleur ami, une flamme dansait dans mes yeux, cette flamme que je déteste et qui s'éveille à chaque cambriolage. Je le déteste de faire éveiller ce sentiment chez moi.

Quand je l'ai vue entrer dans la cave et que son visage m'est apparu, j'ai été comme soulagé, c'est bête, mais il n'a pas le visage de l'emploi et ça m'a ridiculement rassurée. Jusqu'à ce que je me rappelle que les pires déchets habitent des silhouettes angéliques.

Cet homme a l'air presque innocent avec son visage en forme de cœur, ses pommettes saillantes et son menton pointu. Son air juvénile lui vaudrait sûrement des moqueries si cette aura menaçante de méchant garçon ne s'accrochait pas perpétuellement à lui. Ses yeux en forme d'amande sont d'un noir profond comparable à un puits sans fond. On dirait qu'il a déjà vu les plus grandes impuretés de notre monde.

Hypnotisant.

C'est le mot qui décrit parfaitement l'ordure qui me fait prisonnière, mais je ne suis pas dupe et lui, ce n'est qu'un hypocrite, derrière sa carrure de gendre parfait, il commet les actes les plus éhontés et pourquoi ? Pour un petit vol de rien du tout. J'en suis persuadé que si on est là    , enfermé, c'est à cause de nos effractions et j'ai beau réfléchir, je ne me souviens pas d'avoir cambriolé cet homme.

Un long bruit résonne dans la cave, c'est mon estomac qui est en train de crier famine, je n'ai rien avalé depuis que je suis arrivé ici. Je ne sais d'ailleurs pas depuis combien de temps je suis enfermé ici. Quelle heure il peut bien être et combien de temps j'ai dormi. Je m'humidifie les lèvres en constatant que mes lèvres sont toutes sèches et que ma langue est pâteuse. Je peux peut-être faire la grève de la faim, mais ne pas boire, c'est un suicide, donc je prends la bouteille et bois presque le contenu dans sa totalité. Cette boisson divine coule le long de ma trachée et j'aimerais que ce moment dure une éternité, mais je m'arrête en me rendant compte que c'est peut-être la seule bouteille dont je disposerais.

Ce que je suis débile, putain !

Et s'il avait mis quelque chose dans la bouteille ? Pour que je me rende compte, elle avait l'air neuve, mais je n'ai pas pris assez de temps pour la regarder. Je fais vraiment la pire otage, je me déteste !

Je n'ai pas énormément de force, je ne sais pas si c'est le produit qu'ils m'ont injecté ou si c'est à cause du stress, mais je me sens très faible. Au moment où je soulève la manche de mon tee-shirt, mes yeux s'arrondissent quand je vois l'énorme hématome qui s'élargit. Ce connard m'a piqué comme un bourreau. J'essaie tant bien que mal de garder l'équilibre une fois que je me relève et que je m'avance vers la porte.

Elle est verrouillée, évidemment. Comme une idiote, j'essaie de tourner le poignet encore et encore, en vain. Les larmes me montent à nouveau. Je ne peux pas dire que j'ai peur, c'est un peu le cas, mais je suis persuadé que je ne souffrirai pas comme Brons, peut-être qu'ils ne s'en prennent pas aux femmes ou peut-être qu'ils me mettront simplement une balle dans la tête au moment venu.