Dare Me

1 - Leda

L'adrénaline croule dans mes veines quand le clic distinctif de la serrure se fait entendre. Mon cœur pulse dans mes tempes quand la porte s'ouvre dans un grincement à peine perceptible. Une fois la porte suffisamment ouverte, Brons s'y glisse doucement et tape le code secret, plus si secret que ça, sur le clavier à code.

Une goûte de sueur perle sur son front, alors que les petits points blancs chargent à la recherche d'une quelconque erreur. Un soupir de soulagement s'échappe de nos bouches quand le dernier point se transforme en vert. Empreint d'une soudaine euphorie, Brons me tape dans la main avant de m'enlacer longuement.

Nous sommes très vite rattrapés par nos obligations, souvent nous oublions que nous nous trouvons dans le vestibule d'une maison étrangère en quête d'argent, d'adrénaline ou de pouvoir. Très vite, nous nous assignons à nos tâches respectives. Sous cette cagoule, j'arrive à peine à respirer quand je pénètre dans la première chambre à l'étage.

Comme souvent dans ces situations, nous sommes obligés de porter des cagoules. Aucun d'entre nous n'a les compétences suffisantes pour tenter de détecter ou de désactiver les caméras qui pourraient être dissimulées un peu partout dans cette luxueuse villa.

À l'inverse des maisons que nous volons habituellement, celle-ci est d'une sobriété presque morbide. Les murs sont tous d'un blanc perçant, dénués d'œuvre d'art douteuse ou de photo de famille déroutante. Même sur les meubles ou dans les chambres, rien qui pourrait donner une âme à cette maison ou à ses habitants est présent.

Malgré tout, j'arrive à dérober quelques broutilles sans grandes valeurs, mais qui pourront nous rapporter quelques Livres. À vrai dire, je ne pense pas vraiment que nous continuions à voler pour l'argent. Après une demi-douzaine de cambriolages, nous avons récolté assez d'argent pour payer les frais médicaux de Brons. Nous avons également pu déménager dans une petite maison et assurer les loyers pour les cinq prochaines années, mais ce n'est pas pour autant que nous nous sommes arrêtés là.

Nous volons exclusivement des riches, ces derniers ne voient même pas la différence sur leur compte en banque. On s'assure toujours de voler des choses qui ne semblent pas importantes pour les hommes que nous volons.

Mais mon meilleur ami a fait l'erreur d'aimer ça. D'aimer nos échappées nocturnes, nos effractions et nos vols éhontés et moi je me dis encore et encore que je l'accompagne seulement parce que je l'aime et que je suis soucieuse de son bien-être. Mais je ne suis pas dupe, je vois cette flamme qui s'allume dans mon regard chaque fois que je franchis le seuil d'une porte qui ne nous as pas été volontairement ouverte. Je sens mon cœur battre à toute allure face à l'adrénaline que j'aime tant sentir traverser chaque vaisseaux de mon corps.

Seulement, à l'inverse du blond, moi, je sais que tout cela est temporaire, que malgré l'euphorie qui nous gagne à chaque irruption, cela ne peut pas durer. C'est illégal et dangereux, même si Brons s'assure à chaque fois que nous ne cambriolons pas d'hommes violents. On ne connaît qu'en surface les gens. Un de ces jours, ça pourrait finir mal, très mal, donc ma décision est prise : ce sera le dernier coup que nous ferons.

***

— Quoi ? s'exclame exagérément mon meilleur ami alors qu'il est affalé sur mon lit. Je lui fais face, debout, pendant qu'il se redresse. Ses yeux croisent les miens et je perçois qu'il croit d'abord à une blague avant de vite comprendre que ce n'en est pas une. Je veux arrêter les cambriolages. Et il arrêtera avec moi, c'est une certitude.

— Brons tu-

— Leda tu peux pas me faire ça, ajoute-il en me coupant la parole, tel l'enfant mal élevé qu'il est. Je suis ton meilleur ami. Il fait toujours ça, me fait culpabiliser. Quand on était enfant, ça fonctionnait. Il me disait qu'il était mon meilleur ami et par loyauté, je faisais tout ce qu'il me demandait. En grandissant, j'ai compris que c'était tout sauf sain, donc j'ai arrêté de l'écouter aveuglement par peur qu'il m'abandonne comme nous l'avons été.