11 - Leda

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Le chemin se fait long. On est déjà passé par la capitale, l'endroit où nous vivons avec Brons mais nous nous éloignons de plus en plus pour nous rapprocher de la campagne. JJ n'arrête pas de parler, de vanter ses qualités auprès de mon meilleur ami, il veut lui faire peur, c'est plus qu'évident et je crois que ça fonctionne. J'aimerais faire quelque chose pour l'aider, mais à chaque fois que je tente rien qu'un regard dans la direction de Bronson, le brun me lance des balles avec ses yeux.

Des questions tournent en rond dans mon cerveau. Des scénarios tous plus déments les uns que les autres fusent dans mon imagination. Je crois que le pire, c'est de ne pas savoir ce qu'il attend de moi. Si je le savais, je ferais ce qu'il me demande pour me débarrasser plus vite de cette tâche et m'en aller avec mon blond. Mais j'ai comme la nette impression que ça ne se produira pas comme tel. Il va me faire mariner tout le temps qu'il le désirera parce qu'il sait que je ne me permettrai aucune erreur. Ce n'est pas à moi qu'il s'en prendra, mais à lui. Jamais, je ferai quelque chose pour le mettre en danger. 

Quand nous arrivons près d'une allée rocailleuse, je me doute que l'endroit où nous allons demeurer jusqu'à nouvel ordre se trouve dans les parages. Et j'en ai la confirmation quand, arrivé près d'un portail, grâce à une clé, il l'ouvre et que nous entrons dans un parking. Je zieute les lieux pour découvrir la maison. Si on peut appeler ça une maison, c'est tellement cliché que ça en est énervant. C'est évident, ou d'autre est-ce que deux bandits ne pourraient vivre que dans une luxueuse villa de pierre perdue dans la campagne lointaine d'Édimbourg.

La maison est si belle, ce serait vraiment un cadre idyllique, si seulement je n'étais pas retenue contre mon gré par ces deux connards imbus de leurs personnes. Nous sortons tous de la voiture et ils nous intiment de les suivre jusque la porte d'entrée. Au moment où nous pénétrons la bâtisse de pierre, je n'en reviens pas. C'est si grand, si beau, si moderne. Tout en noir, la maison est d'un sombre morbide, elle me fait penser à la dernière maison que nous avons cambriolée. Sauf que celle-ci est bien habitée d'une âme. L'âme de tout leur péché recouvre les murs de cette demeure, mais quelque chose de plus infantile habite ses murs.

Je pense d'abord que c'est la nature de JJ qui fait vivre cette maison, mais non, au sol, en plein milieu du salon, des jouets d'enfants sont éparpillés un peu partout. Comment est-ce qu'un enfant peut grandir dans un tel environnement ? Je me demande si ses jouets ne sont pas le fruit de mon imagination, mais des bruits de pas enjoués et une voix trop aiguë pour appartenir à celle d'un adulte rebondit contre les murs. 

JJ ! Koa !

Koa ? C'est donc ça son prénom. Il ne me l'avait pas dit jusqu'à présent. Trop interloqué par la découverte de son prénom, je réalise à peine qu'une petite fille s'est jetée sur lui. Ses petits bras enroulés autour de sa nuque, la tête nichée dans son cou. Même de cette manière, j'arrive à reconnaître la petite fille qui serre mon bourreau si désespérément dans ses bras. Elle se remet sur ses pieds, balance sa main pour faire mine de frapper JJ, ce dernier se jette à terre et simule d'avoir été blessé. Une fois qu'elle se retourne vers moi, un sourire illumine son visage alors qu'elle se jette sur mes jambes. 

Maîtresse !

Alors que je me baisse pour serrer la petite Nelya dans mes bras, je surprends les regards interloqués des trois hommes face à moi. Ils sont vraiment mal renseigné. Maintenant qu'elle est devant moi, c'est flagrant. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Serait-ce sa fille ? Du peu que je le sache, je n'ai jamais rencontré les parents de Nelya, seule sa gouvernante venait la chercher durant l'école.

C'est une de tes élèves ? Me demande calmement Koa en récupérant Nelya dans ses bras. Je hoche la tête alors qu'il souffle bruyamment, montrant clairement son mécontentement. Les enfants parlent, surtout à cet âge-là. Je ne me suis pas présentée à mon poste depuis des jours, alors si une de mes élèves prétend que je passe tout mon temps chez elle, ça risque de faire parler. Et surtout de mettre en péril ses plans.

Dare MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant