Je ne comprends pas.
Alors que Leda me fixe pendant que je suis en train de soigner sa blessure, la seule chose qui tourne en rond dans mon cerveau est la façon dont mon estomac s'est serré quand je l'ai vu allongée sur le sol, les mains recouvertes de son propre sang. Aurais-je eu... Peur ? Non, c'est insensé. C'était rien d'autre qu'un soupçon de culpabilité.
Peut-être que je peux nier les émotions qui m'ont envahi plus tôt dans la soirée, mais je ne peux pas ignorer ceux qui me noient en ce moment. Je sais pertinemment qu'elle pourrait se soigner seule et je sais qu'elle se dit la même chose. Pourtant nous restons tous les deux silencieux, elle à me regarder faire la tâche qu'elle ne devrait pas me laisser faire et moi à faire ce que je ne devrais pas faire. Je n'arrive tout simplement pas à me délester du plaisir que me procure la sensation de sa peau sous la pulpe de mes doigts. Je ne parviens pas à ignorer son odeur fleurie qui flotte autour de moi. La seule chose que j'arrive encore à faire est de panser sa foutue plaie.
J'ai passé toute la journée à préparer la maison pour leur arriver, les conditions d'Alex étaient étonnement minces. Pour ce qu'il en a foutre, il veut simplement qu'on ne les perde pas de vue, s'ils racontent le moindre truc à la police. Il a été clair : je suis un homme mort. C'est pas l'idéal, mais ils vont vivre chez nous jusqu'à ce qu'on leur fasse assez confiance pour qu'ils rentrent chez eux. Le trou du cul blond sera assigné à résidence sous la surveillance de JJ. Leda, elle restera également chez nous, mais elle pourra sortir quand et uniquement quand je le jugerai nécessaire pour elle.
Si je suis revenu, c'est pour venir la chercher, et le fait qu'elle se soit infligé ça alors que je m'apprêtais à la libérer me retourne l'estomac. Et si elle avait été assez désespérée pour s'emparer d'une des cordes et de se l'enrouler autour du cou ? Je chasse ces pensées de mon esprit en faisant un nœud à la fin de son bandage. La Rousse grimace un peu quand je sers trop fort.
— Vous n'allez pas m'enfermer de nouveau la dedans n'est-ce pas ? Chuchote-t-elle après quelques minutes plongeais dans un silence engloutissant. Je ne sais pas vraiment pourquoi elle chuchote, comme je ne sais pas pourquoi son timbre de voix hérisse ses poils dans ma nuque. Je secoue la tête, je ne décrypte pas si elle est soulagée ou non de cette déclaration. Qu'est ce que vous allez faire de moi ?
— Tu vas faire quelque chose pour moi. Je chuchote à mon tour, j'observe attentivement chacune de ses réactions en me demandant quelle stratégie elle va adopter pour me répondre.
— Allez vous faire foutre. Je vois son visage pâlir et je devine vite ce qu'elle a compris derrière ma phrase. C'est évident la première chose dont les femmes ont peur quand elles sont dans sa situation c'est de se faire violer. Mais elle se trompe, je ne ferai jamais une telle chose a une femme.
— Je ne veux pas te baiser. Ses sourcils se froncent face à la franchise de ma réponse mais elle ne dé blêmit pas pour autant, sans attendre de réponse de sa part, j'enchaîne.Tu vas m'aider pour autre chose, je ne peux pas t'en dire plus mais crois moi personne ne te toucheras sans que tu l'autorise.
Même si tu l'autorise d'ailleurs mais ça tu n'as pas besoin de le savoir.
— Tu peux crever si tu crois que je vais t'aider pour la moindre chose.
On passe au tutoiement maintenant ? J'aime son culot. Et probablement, la façon dont elle m'envoie me faire foutre alors que c'est criant qu'elle a peur de moi. Quelque chose dans son regard m'appelle, peut-être cette flamme qui s'allume quand elle assume enfin sa rébellion ou alors cette histoire qu'elle me raconte sans le vouloir. Leda Redd a un cœur d'or que l'on s'est arraché beaucoup trop violemment. Dorénavant, elle garde précieusement les derniers morceaux qu'elle a en sa possession et ne les partage qu' avec l'être qui lui est le plus cher.
— Ce n'était pas une question, la renarde. Déclarais-je accompagné d'un léger rictus qui ne l'amuse en rien. Tu vas m'aider.
— No-
— Que les choses soient claires, Je la coupe en ne lui laissant aucune possibilité de continuer sa phrase et me redresse : à présent debout face à elle, je la domine de toute ma hauteur tandis qu'elle est assise sur cette table rouillée. C'est une grande faveur que je vous rends, à toi et à ton petit copain. Je pose mes mains de part et d'autre de son corps alors que sa respiration se coupe et s'accélère de la même traite. Je m'approche d'elle et me penche vers son oreille. Écoute bien la phrase : Tu vas m'aider. Je ne sais pas pour toi, mais je n'ai pas entendu le « vous ».
Elle n'a pas besoin que je me répète pour comprendre le sens de ma menace. Je recule assez pour pouvoir lui faire face. Nos visages sont si proches qu'il suffirait d'un mauvais mouvement de ma part comme de la sienne pour que nos lèvres se rencontrent, mais ça n'a pas l'air de la préoccuper.
— Vous n'êtes qu'un enfoiré.
Donc on repasse au vouvoiement ? Ça aura été fugace. Quand elle me siffle ses mots en pleine gueule, elle ne bronche pas une seule fois. L'envie de la déstabiliser me prend aux tripes.
— Si tu veux. Doucement, comme d'une lente torture, je faufile mes mains vers ses cuisses vêtues. Leda me regarde de ses yeux de biche, elle déglutit difficilement alors que je m'approche plus près encore pour lui souffler de belles paroles empoisonnées. Les seules que je suis capable de lui offrir. Mais retiens ça, fais un truc de travers, je ne toucherai pas à ta jolie peau, c'est à la sienne que je m'en prendrai, compris ?
°°°°°
C'est le moment. Leda attend patiemment à mes côtés l'arrivée de JJ et de ce pénible énergumène qu'elle appelle son meilleur ami. Ça fait beaucoup trop longtemps et j'ai qu'une seule envie, c'est de la balancer dans cette voiture, mais je ne peux pas. La rousse guette attentivement la porte dégueulasse de la grange et tourne la tête à chaque bruit, c'est insupportable.
Quand enfin la porte s'ouvre sur les deux blonds, la rousse se précipite dans les bras de son ami au visage tuméfié sans se soucier de mon accord. Bronson gémit un peu de douleur quand Leda l'enlace un peu trop près de ses plaies, JJ sourit, fier du travail qu'il a fait pour soutirer des informations à sa victime. Je les observe avec une soudaine envie de les enfermer à nouveau dans cette grange en compagnie de JJ, ça m'énerve. Et c'est ça qui m'énerve le plus, putain. Je ne devrais pas, ça ne devrait me faire ni chaud ni froid, mais la voir s'accrocher désespérément à lui alors que pas une seule fois il n'a demandé de ses nouvelles me donne la gerbe.
Leda examine chacune de ses plaies avant de se tourner vers moi afin de me lancer un regard noir. À ce moment, si sa morale ne l'en empêcherai pas, elle me tuerai. Je lui retourne volontiers son regard meurtrier parce qu'en ce moment même, toutes les pensées sombres qu'elle a à mon sujet, je l'ai est également à propos du mec qu'elle enlace si éperdument.
— Tu vas m'expliquer dans quel bourbier tu t'es encore fourré, Brons ? Demande la rousse en se détournant de moi, pour lui. Le blond saisit son visage en coupe avant de laisser poser son front contre le sien, mais comme instinctivement, Leda se recule. Bien.
— Fais-moi confiance, d'accord ? Face à ses mots, encore une fois, son regard percute le mien et je sais déjà à quoi elle pense.
« — Tu devrais pas lui donner ta confiance aussi aveuglément, la renarde. »
Cette phrase, que je lui ai soufflée il y a quelques jours de ça, doit sonner comme une petite voix absolument insupportable dans sa conscience. Et ce qu'elle déteste le plus, c'est que j'ai sûrement raison, mais elle ne l'avouera jamais.
— Grimpez, vous baiserez une fois arrivés à la maison, bande d'animaux. S'esclaffe mon meilleur ami en les séparant. Si seulement il avait pu le faire en fermant sa gueule, ça aurait été le pied, mais je crois que c'est trop lui demander. JJ passe un bras sur les épaules de Bronson et lui murmure sûrement de monter à l'arrière avec lui puisque c'est ce qu'ils font.
La rousse prend place côté passager alors que je m'assois derrière le volant et démarre sans plus de discussion. Pour une fois, JJ a le bon sens de ne pas se tourner au ridicule en mettant la radio pour chanter à tue-tête chacune des chansons qui passe en boucle, comme il a l'habitude de faire. Au lieu de ça, il passe l'entièreté du trajet à déclarer qu'une nouvelle et grande amitié va se créer entre lui-même et Bronson. Il sait qu'il a peur de lui et JJ joue de toutes ses cordes pour que ça reste ainsi pendant encore un très long moment.

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Dare Me
RomanceLeda a toujours tout fait pour les gens qu'elle aime, donc quand son meilleur ami d'enfance, Bronson, lui demande de le suivre dans ses plans dangereux pour l'aider à payer ses frais médicaux, elle accepte sans grande hésitation. Seulement elle ne...