Brons ne me répond plus.
Ce matin, on s'est disputé parce que depuis un moment, je le sens continuellement sur ses gardes. Quand je lui ai parlé de mon ressenti, il m'a encore traité de parano et je me suis énervée, lassée qu'il doute sans cesse de ce que je ressens.
Mais quand je suis rentré ce soir, j'ai eu un horrible pressentiment en entrant dans ma maison, comme si quelqu'un avait pénétré dans notre endroit préféré pendant notre absence. Je pensais que Bronson me faisait la gueule et que c'est pour ça qu'il ne répondait pas au téléphone, mais il est bientôt minuit et je n'ai toujours aucune nouvelle.
Je suis certaine que s'il avait découché, il m'aurait prévenu avant malgré notre récente embrouille. Il s'est passé quelque chose, je le sens. J'aimerais tant aller voir la police, seulement je ne peux pas prendre ce risque, pas quand il y a à peine un mois, nous nous trouvions dans le salon d'un parfait inconnu pour le voler.
J'essaye de l'appeler une énième fois, mais ça ne mène à rien. Néanmoins, son téléphone sonne : c'est qu'il n'est pas éteint et il est peut-être avec lui. Je pourrais essayer de le géolocaliser, mais je ne sais pas comment faire. Géolocaliser un téléphone ne doit pas être si compli-
— Sa montre ! Je me lève d'un bond pour me diriger vers la chambre de Brons et y chercher son ordinateur.
Il y a cinq ans, quand il a commencé à sortir en boite de nuit et qu'il finissait chez des gens que nous connaissions à peine, nous avons décidé de mettre une puce dans un objet dont il ne se sépare jamais, dans la montre de son père.
Stressée, je mets un temps fou à me souvenir du code de son ordi, qui finalement est si bête que ça me fait rire : motdepasse. Lui qui jugeait sans cesse les codes de sécurité des personnes chez qui il entrait est sûrement le plus stupide d'entre eux.
Sans grandes difficultés, j'arrive à trouver l'endroit où est mon meilleur ami, du moins l'endroit où se trouve sa montre. Et sans réfléchir aux conséquences de mes actes, je prends mes affaires, sort de ma maison et enfourche la moto de Brons avant de conduire à travers la nuit jusqu'au point que m'indique le GPS.
Je me suis garé à quelques mètres de l'endroit où se trouve la montre de Brons au cas où il serait avec des gens dangereux. Je me jette littéralement dans la gueule du loup, mais je n'ai pas le choix, c'est lui et moi contre le reste du monde et s'il a réussi à me protéger des « méchants » quand nous étions enfants, je peux bien lui rendre l'appareil une fois adulte.
J'approche à pas feutré de la ferme que l'on m'a indiquée, il n'y a aucun animal, seulement du foin rempli de boue. L'endroit a l'air désert, pas de maison aux alentours, pas une lumière allumée. Mes poils se hérissent, la chair de poule s'empare de mon corps, une boule d'angoisse se forme dans mon ventre et ce pressentiment qui ne me quitte pas est sur le point d'exploser.
La petite maison adjacente à la ferme est entièrement plongée dans le noir. Aucun son ne provient de cet endroit, mais j'entends tout de même des sortes de gémissements étouffés provenant de la grange de l'habitation. J'avance doucement, priant de ne pas surprendre Brons en pleine partie de jambes en l'air avec une belle inconnue.
La porte coulissante est entrouverte, l'adrénaline allume un feu consumant en moi, la peur n'est qu'un lointain sentiment quand ce qui m'anime reprend vie. J'entre le plus discrètement dans cet endroit qui pue le métal.
Cette grange est délabrée, à ce que je vois, plus personne ne l'entretient. Mes yeux s'habituent lentement à l'obscurité de la grange. Alors que mes pupilles s'adaptent à la pénombre, je distingue des formes familières. Des outils rouillés s'étalent sur le sol, des toiles d'araignées pendent du plafond, et comme à l'extérieur, des blocs de foin jonchent un peu partout sur le sol humide de la grange.

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Dare Me
Roman d'amourLeda a toujours tout fait pour les gens qu'elle aime, donc quand son meilleur ami d'enfance, Bronson, lui demande de le suivre dans ses plans dangereux pour l'aider à payer ses frais médicaux, elle accepte sans grande hésitation. Seulement elle ne...