Matt
Je soupir doucement. Le cours de math me semble interminable. Je n'arrive pas à me concentrer. Toute la journée j'ai pensé à la nouvelle, Mia et à ses beaux yeux chocolat. Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Ce n'est pas le moment de penser à une fille. Surtout une fille comme elle. Me souffle mon esprit. Au même instant une lumière s'allume en moi. Et si je pouvais l'aider ? Mon cœur se met à battre plus vite, animé par l'espoir mais aussi l'appréhension. J'essaye de me ramener à la raison, ce n'est pas judicieux. Je sais bien que le mieux c'est de me tenir tranquille et de ne pas l'approcher. Mais les quelques paroles échangées dans le couloir quelques heures plus tôt tournent en boucle dans ma tête. La chaleur de ses doigts sur mon bras, son doux parfum que j'ai pu humer le temps d'un instant et son regard qui m'a transpercé de part en part. Je soupire pour chasser ces images de mon esprit. N'approcher personne, ressentir la douleur, la mériter, vivre au jour le jour. Voilà mon quotidien depuis presque un an. Une part de moi ne veut plus de tout ça, l'autre est persuadée que c'est ce que je mérite pour le restant de mes jours. Soudain ladite jolie fille se lève précipitamment et sort en courant de la salle de classe. Tout s'est passé très vite mais j'ai eu le temps d'apercevoir la peur et le désespoir dans ses yeux. Mon ventre se tord douloureusement. Je m'oblige à me concentrer sur le cours pour la demi-heure qu'il reste, me répétant qu'elle va surement s'en sortir, pour me donner bonne conscience. J'aimerai aller la voir pour pouvoir, peut-être, apaiser un peu la souffrance qu'elle porte sur elle mais je me retiens de toutes mes forces. Quand la sonnerie sonne enfin je range mes affaires comme un automate et me dirige vers la sortie. Soudain des mains couvrent mes yeux et je sens un souffle au creux de mon cou. Je sais que c'est Erine et souris malgré moi. Je me retourne pour lui faire face et nos regards se croisent. Elle fait presque ma taille, je n'ai donc quasiment pas besoin de baisser les yeux pour la regarder.
-Coucou toi. Susurre-t-elle.
-Coucou.
Je suis plutôt content de la voir. Avec elle au moins je connais, c'est facile. C'est la seule personne que je n'ai pas réussi à sortir complètement de ma vie. Le moment de bien être que je m'accorde de temps en temps.
-Tu viens chez moi ce soir ?
Je passe ma main dans mes cheveux. J'ai eu une journée plutôt rocambolesque, me retrouver dans ses bras me ferai du bien c'est certain. Mais est-ce que je l'ai mérité ? Je pèse le pour et le contre un instant encore avant de céder.
-Yep je passerai après le dîner.
Elle me sourit toute contente et me fait un rapide baiser sur la joue avant de s'éloigner. Bien que notre accord stipule de ne pas avoir de rapprochements physiques au lycée, elle me vole de petits baisers parfois. Je trouve cela plus attendrissant qu'agaçant, à vrai dire.
Je prends le chemin de la maison, l'appréhension grandissante à chaque pas comme tous les jours. Quand je pousse la porte je trouve ma mère assise dans un fauteuil au salon.
-Salut mon fils.
Elle me sourit, elle a l'air d'aller assez bien. Je respire un peu mieux et m'assied en face d'elle.
-Salut maman, ça va comment ?
Elle dodeline de la tête en regardant pas la fenêtre.
-ça va, ça va. Et toi les cours ?
-Pas grand-chose, comme d'hab.
Je regarde un instant cette femme à qui je ne sais plus quoi dire et une profonde tristesse s'empare de moi. Nous sommes devenus deux inconnus vivant dans une même maison, hantés par les fantômes des personnes nous ayant quitté.
-Ton père a appelé sur le fixe, il a laissé un message.
Je fronce les sourcils, mécontent. Mon père n'appelle pas souvent depuis qu'il est parti il y a huit mois et ce n'est pas souvent par courtoisie. Je prends le combiné et enclenche le répondeur, les mains tremblantes. La voix de mon paternel me parvient de loin.
« Euh Salut vous deux. J'espère que tout va bien. Hum... Matt, je sais que je n'ai pas encore envoyé la pension ce mois-ci mais ne t'inquiète pas mon grand, ça va arriver. Bon bah voilà dites-moi si je peux faire quelque chose... (soupir) »
Je souffle bruyamment et me retient de flanquer un coup de poing dans le mur en face de moi. T'aurai pu rester. Je sais que c'est injuste de lui en vouloir comme ça mais je n'arrive pas à passer au-dessus de ma colère. Je repose le téléphone sur son socle rageusement et ma mère sursaute comme si je l'avais tirée d'un mouvais rêve.
-Papa va pas payer la pension ce mois-ci encore.
Elle me fixe un instant sans rien dire puis se lève lentement et part s'enfermer dans sa chambre. Les larmes me montent aux yeux. Putain de merde j'en ai marre de tout ça. On est dans une merde phénoménale mais j'ai l'impression d'être le seul à le voir. Je vais avoir 18 ans dans quelques mois mais je ne pensais pas devoir m'occuper de moi-même et de mes parents avant encore un petit moment. Une envie violente de secouer ma mère s'empare de moi. Tu restes toujours ma mère. J'aimerai hurler ma frustration mais part courir à la place.
Au bout d'un certain temps mes ruminations se font enfin moins amères. J'arrive enfin à me concentrer sur mon footing et le bruit de mes baskets sur le bitume. Ma tête se vide petit à petit et ma respiration s'allonge. A la fin de mon très long tour je me sens bien mieux et commence à me préparer pour aller voir Erine.
Une heure plus tard, je m'introduis dans sa chambre par la fenêtre et elle m'accueille avec enthousiasme. Elle se presse contre moi et son odeur familière me chatouille les narines. Ses lèvres se posent sur les miennes, douces et sucrées. Je réponds instantanément à son baiser. C'est ce qu'il me faut, je n'ai pas envie de parler. Nos langues se mêlent en une danse bien trop familière. Je la serre plus étroitement contre mon corps et je sens le désire naitre en moi petit à petit. Elle me retire ma veste puis mon t-shirt et laisse ses mains courir sur ma peau nue. Mon corps réagis bien sous ses caresses et je fais le vide dans mon esprit. Mes mains attrapent la rondeur de ses fesses et elle sourit contre mes lèvres. Elle me pousse jusqu'à son lit et je m'y retrouve assis avec elle à califourchon sur les genoux. Son t-shirt rejoint le mien au sol et je commence à tracer une ligne de baiser humides dans son cou. Elle se tortille en rigolant.
-aaaah arrêtes, tu sais que ça me chatouille quand tu fais ça.
Je lui fais une moue de petit garçon pour la faire rire encore.
-Mais c'est pas juste j'aime trop te faire des bisous ici.
Elle lève les yeux au ciel et secoue la tête mais son sourire la trahit.
Nous nous retrouvons nus l'un contre l'autre et je la sers fort en m'introduisant en elle. La pièce se rempli de ses petits gémissements et ça me réconforte un petit peu. Nous restons un moment, enlacés dans la pénombre de sa chambre. Chacun perdu dans ses propres pensées. Les miennes sont agitées comme d'habitude. Je me sens tiraillé entre l'envie de vivre et de relâcher un peu de la douleur qui pèse sur mon cœur et celle de me détester pour le reste de ma vie. Ça fait presque un an que je vis au jour le jour comme un reclus sans m'autoriser aucune forme de joie à part ces petits moments avec Erine. Je crois que j'ai envie que ça change.
-A quoi tu penses ?
Sa voix douce me sort de mes pensées.
-Oh tu sais, pas grand-chose, la routine.
Je n'ai pas envie de m'étaler. En réalité j'ai envie de rentrer chez moi et de me retrouver seul mais je n'ose pas pour ne pas la froisser. Je sens son corps se tendre contre moi.
-Tu me dis jamais rien.
Je n'ai pas le cœur, ni l'énergie d'avoir une conversation avec elle mais prends sur moi pour le bien de notre entente.
Une heure de conversation plus tard je ressors de chez elle vidé de toute énergie. Je sais que je n'aurai pas dû continuer à la voir durant toute cette année et lui faire miroiter un avenir impossible mais je l'ai fait. Et maintenant il faut que j'arrête de la voir car justement je ne peux pas lui offrir la chose qu'elle désire. Je souffle rageusement, excédé par les pensées qui m'assaillent jour et nuit. Je ne veux plus de tout ça. Je ne veux plus être en colère. Et surtout je ne veux plus être seul. Je me suis assez puni.
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This is about love
RomanceMia est une fille complètement perdue, orpheline et en colère. Matt est rempli d'espoir pour l'avenir bien qu'étant brisé lui aussi. Leur rencontre changera leur vie à jamais. TW suicide et VSS . . . Les chapitres sont postés quand ils sont prêts...