Chapitre 55✅

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Ça sent mauvais pour moi. Cela fait quand même plus de trois semaines que je n'ai pas eu de ses nouvelles, quoi que je n'ai pas cherché à en avoir non plus.

Ma mère claque la porte de sa voiture et s'avance vers moi telle une furie, avec des yeux exorbités. J'aurais mieux fait de me changer avant de sortir, la, il est clair qu'elle va comprendre que je travaille dans ce restaurant. Même si en vérité je n'ai commis aucun crime, c'est un boulot point barre.

— Je rêve ! fait-elle dans tous ses états.

On dirait qu'elle regarde une catastrophe nucléaire.

— Maman ?

— Tu essayes de tout faire pour me décevoir ou quoi ?

Elle me regarde de la tête aux pieds avec un air dégoûté, une fois à ma hauteur.

— Ce n'est pas mon intention ! répondis-je outrée par sa question.

— Ah oui et quel est cet accoutrement au juste ?

Vite que Léon arrive et qu'il me sorte de cette situation. Ou peut-être n'est-ce pas une bonne idée finalement ...

— Mon uniforme de travail, dis-je en haussant le ton.

— Quel travail on se demande ! Est-ce que je ne te donne pas assez d'argent ?

Elle hausse le ton sans raison.

— Comme tu vas me couper les vivres, je prends un peu d'avance ! Et sache que ce travail n'est pas non plus désobligeant.

— Une soubrette ! Mais où vas -tu donc ma pauvre fille... Comme si cela pouvait payer les frais de la maison où tu vis...

Elle se lamente comme si le fait que je puisse travailler était une abomination.

— Je veux gagner ma vie par moi-même c'est tout.

— Je te ramène immédiatement chez toi, il ne manquerait plus que des gens te voient dans cette tenue.

Elle m'agrippe par le bras, mais je ne bouge pas et résiste.

— Non, j'ai déjà quelqu'un qui va venir me chercher. Et oui, des gens vont me voir c'est sûr, je travaille au contact de la clientèle.

Elle fait les gros yeux.

— J'abandonne, tu es une cause perdue. Dès demain, j'arrête les virements ! Tu vas voir ce que c'est de vivre par soi-même.

Elle repart à sa voiture sans un regard pour moi. Vraiment, c'est tout sauf une mère que j'ai.

— Et annule le mariage aussi ! je crie à la cantonade alors qu'elle démarre en trombe.

Mais pas sûr qu'elle m'ait entendue. Une minute après, Léon débarque.

— Ça n'a pas l'air d'aller, fait-il en m'ouvrant la portière.

— Ça y est, ma mère me coupe les vivres ! Au moins, je ne lui devrais plus rien, je fais en croisant les bras sur ma poitrine.

Il repart sur la route.

— Aie ... comment vous allez faire pour la maison ? Ton salaire de serveuse ne va jamais combler les dépenses pour les courses, l'électricité ou la femme de ménage...

J'entends ma mère me répéter ses mots.

— Oh je sais bien, mais quelle importance, dans un mois va avoir lieu le mariage et la boum ! Il faudra bien vendre la maison, je ne compte pas vivre là. Alors tant pis, peu à peu on coupera l'électricité, l'eau...

Aliénor et les garçons - Romance - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant