Le culte de Yag (4/6)

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Il est 18h15 lorsque je reçois un SMS. "14 rue de la soif, derrière le cimetière" Je fronce les sourcils en observant ce numéro inconnu. Ça doit être Isaac... Qui d'autre aurait pu m'envoyer un message avec seulement une adresse ? Je réponds "Ok, merci :)" avant de déposer mon téléphone.

J'observe mon reflet dans la glace tout en me demandant si je fais bien d'aller à cette soirée. Le simple fait de m'imaginer proche d'Isaac provoque en moi une série d'émotions contradictoires. J'en ai envie, mais, j'ai peur. J'ai peur de l'effet qu'il a sur moi, peur de perdre les pédales, peur d'avoir envie de lui sauter dessus...

Je souffle un bon coup et attrape mon sac à main pour quitter mon appartement. Une fois dehors, je remercie la technologie d'avoir intégré des GPS dans les téléphones, autrement, jamais je n'aurai su comment m'y rendre.

- Tiens, c'est vraiment pas loin. 15 minutes...

Je m'insuffle une dose de courage et traverse la route pour me diriger vers le lieu de rendez-vous. Au bout d'une dizaine de minutes, je réalise que je m'éloigne de plus en plus des habitations. Les chemins deviennent sinueux, moins bien entretenus, et j'ai la désagréable sensation qu'un malade pourrait surgir de nulle part pour m'agresser.

Je jette un regard nerveux à mon téléphone qui m'indique qu'il me faut emprunter le chemin sur ma droite. En levant la tête, je m'étrangle à la vue de la ruelle sombre qui s'offre à moi. Le stress fait battre mon coeur à la chamade. J'ai beau n'avoir croisé personne sur mon chemin, un profond sentiment de malaise me ronge.

Je continue mon avancée tout en observant les lampadaires. Ils sont tous HS. J'allume le flash de mon téléphone tout en pestant à voix basse.

- Vous êtes arrivée à destination.

Je tressaute de peur en entendant la voix de mon GPS. Je regarde autour de moi, mais aucune des habitations n'est allumée. Il n'y a pas un bruit. Rien. D'ailleurs, la ruelle entière m'a l'air complètement abandonnée. Je revérifie l'adresse sur mon téléphone et cherche le numéro 14. Je le découvre inscrit au dessus d'une vieille porte en bois usé, sur ma droite. Mon coeur se serre d'appréhension.

- C'est pas possible... Il s'est trompé...

Rapidement, mon stress prend le dessus. Je recule de quelques pas, les yeux rivés sur cette porte abîmée. Et s'il m'avait tendu un piège ? Et si il m'attendait là, caché dans l'ombre, prêt à bondir pour me tuer...? Mon souffle s'accélère. Il faut que je rentre chez moi.

*Eeeeeeek*

La porte s'ouvre dans un grincement sonore. Mon coeur rate un battement, mais ce que je découvre ensuite me laisse sans voix. Des dizaines de filles sortent. Elles gloussent, chuchotent, halètent... La plupart d'entre elles sont rouges pivoine, comme si elles avaient assisté à un show privé entre copines. Je m'approche de l'une d'entre elles et l'interpelle.

- Pardon, excusez-moi...
- Oh, vous avez loupé la messe ! me dit-elle avec un sourire.
- Quoi...?
- Vous pouvez toujours y aller, ils cherchent des volontaires.

Elle s'en va sans même me laisser le temps de lui répondre. Je la regarde partir, médusée et confuse. La messe...? Des volontaires ?

- Ah ! Vous êtes là ! Vous êtes Lila, n'est-ce pas ?

Je sursaute et découvre un vieil homme avec un bol rempli de pièces dans la main. À en juger par son allure et sa façon de se tenir, il doit avoisiner les 65/70 ans. Il me regarde avec un sourire énigmatique, comme s'il lisait à travers moi.

- Q...Qui êtes-vous ?
- N'ayez pas peur, venez.

Il me saisit par le poignet et m'entraîne à l'intérieur sans me demander mon avis. Je cède à la panique, pousse un cri et me débat du mieux que je peux.

Fantasmes et rêves interditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant