Chapitre 13

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    Kira ne pouvait détacher les yeux de la ville qui se dressait devant elle tandis qu'elle soutenait Séléna qui avançait avec difficulté à ses côtés. Et nul n'aurait pu lui en tenir rigueur.

    Face à eux, d'imposantes montagnes, qui s'élevaient telles un défi à la verticalité. Et, au sommet de ces formations rocheuses, bâtie dans le ciel dans une disposition improbable, Valdor les dominait de toute sa splendeur.

    La capitale des héliasciens brillait de mille feux, reflétant les rayons du soleil à tel point qu'elle en éclipsait presque l'astre dont elle empruntait la majestuosité. Ses bâtiments, taillés dans une pierre d'un blanc éclatant, étaient bâtis à flanc de montagne, reliés par des passerelles arachnéennes qui s'élançaient au-dessus du vide sans garde corps. À mi-chemin entre œuvre d'art et bastion inexpugnable, la cité héliascienne était à l'image de son peuple : fière et réfléchie.

    Pourtant, l'impression qu'un détail clochait ne quittait pas Kira. Après plusieurs minutes d'un mutisme ébahi, elle se tourna vers Callan, sans être parvenue à identifier ce qui la dérangeait, et elle rencontra les iris émeraude de l'héliascien, constatant qu'il observait sa réaction depuis tout ce temps. Un sourire amusé aux lèvres, il lui demanda :

    — Alors ?

    — Aucun livre ne saurait retranscrire la beauté de Valdor.

    Après une minute d'un silence contemplatif, elle mit enfin le doigt sur ce qui la dérangeait :

    — Où est le palais ? J'avais cru comprendre que c'était le point d'orgue de la ville.

    À ces mots, l'héliascien ne put retenir un rire léger.

    — C'est le cas. Mais tu ne le verras pas de suite... Après tout, c'est bien beau de cacher sa capitale au beau milieu d'un désert, à quelques centaines de mètres de hauteur, mais à quoi bon si c'est pour laisser le palais accessible par la voie des airs ?

    — Alors où est-il ? l'interrogea Kira, curieuse.

    — Tu ne devines pas ?

    La jeune fille secoua la tête, confuse, ce qui ne fit qu'accentuer son sourire.

    — Alors je suppose qu'il serait mieux que tu le découvres par toi-même... conclut Callan alors que le sable laissait peu à peu la place à une étendue caillouteuse qui bordait la chaîne de montagnes.

    Kira s'apprêtait à répliquer, mais un faux-pas de Séléna la ramena à la réalité tandis qu'elle plantait ses pieds dans le sol pour rétablir son équilibre. Plus le temps passait, moins elle parvenait à masquer son inquiétude pour Séléna et Séphiros. Bien qu'ils aient affirmé pouvoir marcher sans souci jusqu'à la capitale si leurs compagnons les soutenaient, l'un comme l'autre manifestait des signes de fatigue, alors même qu'ils n'étaient pas encore au pied des montagnes. Mais si seulement il ne s'agissait que de cela... Tous deux présentaient des symptômes bien plus alarmants, à commencer par la pâleur de leur peau habituellement dorée, et par le voile qui couvrait peu à peu leurs regards.

    Tout en avançant, le jeune fille raffermit sa prise sur le bras de son amie, passé autour de ses épaules, et jeta un œil vers Callan. Son visage fermé lui confirma qu'il partageait ses inquiétudes. Elle avait beau retourner la situation dans sa tête, rien ne faisait sens. À commencer par le fait que ni l'un ni l'autre ne soit affecté par le poison des lys !

    Kira secoua la tête, faisant le vide dans ses pensées. Elle devait se concentrer, au lieu de s'inquiéter inutilement. Elle aurait tout le temps d'y réfléchir plus tard, à condition qu'ils atteignent Valdor à temps.

Ostarius tome 1 : EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant