Chapitre 5

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    Après deux jours passés à l'infirmerie, Kira put enfin sortir. Elle se sentait incroyablement bien pour quelqu'un qui n'avait pas bougé depuis tant de temps, et éprouvait un grand plaisir à sentir de nouveau le vent frais sur son visage. Elle se dirigea vers la maison de Séléna, mitoyenne de la sienne. Vu qu'il était relativement tôt, elle n'était sûrement pas encore sortie s'entraîner. Kira s'approcha, et frappa à la porte. Une voix étouffée lui répondit, alors elle poussa la porte et entra. Séléna l'attendait à l'intérieur. Son allure avait bien changé depuis qu'elles avaient quitté Thérion. Elle n'avait plus rien de l'adolescente inoffensive à laquelle elle ressemblait auparavant, bien au contraire. L'armure dont elle était vêtue, les dagues qui pendaient à sa ceinture et ses cheveux nattés dans son dos lui donnaient l'apparence d'une guerrière. Et la prestance avec laquelle elle se tenait au centre de la pièce accentuait encore cette transformation. L'héliascienne se tourna vers Kira :

    — Alors ? Tu es sûre que tu vas bien ?

    — On ne peut mieux. J'ai l'impression de ne pas être passée à l'infirmerie. Ce médecin est vraiment doué ! Et puis ça fait vraiment du bien de ressortir après deux jours dans un lit sans avoir l'autorisation de bouger. Mais parlons de toi pour une fois. Tu pars t'entraîner ?

    — Oui. On est tous mobilisés, tout le monde craint une attaque.

    — Alors je veux m'entraîner aussi dès aujourd'hui. Il est hors de question que je sois la seule à ne rien faire, incarnation ou non.

    Son regard déterminé atteignit Séléna en plein cœur. Kira était rapidement devenue sa meilleure amie, et elle l'aurait sans doute choisie même si elle n'avait pas été envoyée la protéger. Sa détermination, et son courage étaient rares de nos jours, même si Kira ne se rendait pas compte de ses qualités. Mais c'était normal. Rien ne l'avait préparée à ce qui l'attendait, et la jeune héliascienne s'en voulait en partie : elle avait eu mille occasions de le lui révéler. Mais elle ne voulait pas la priver d'une enfance paisible, sans avoir conscience de la menace qui planait au-dessus de sa tête. Elle n'avait pas eu cette chance. Séléna décida alors de lui laisser sa chance, mais elle voulait d'abord vérifier que son amie était parfaitement en état de faire un effort physique :

    — Kira... Tu viens de passer deux jours à l'infirmerie. Es-tu sûre de vouloir déjà venir ? L'entraînement est éprouvant, aussi bien physiquement que moralement. Alors... Je veux bien te laisser m'accompagner, mais avant, je vérifie si tu as bien refait le plein d'énergie, et tu me promets de t'arrêter à la moindre faiblesse. Ça marche ?

    La jeune fille n'avait pas vraiment le choix. Si elle voulait ne pas être un poids dans les évènements qui se préparaient, elle devait se préparer. Elle accepta donc toutes les conditions de Séléna, et se soumit à ses quelques tests. Une fois son amie rassurée, elles allèrent dans la maison de Kira, et l'héliascienne l'aida à attacher une armure. Une fois les courroies serrées, l'armure correctement sanglée, Kira se plaça face au miroir. Elle ne se reconnaissait plus elle-même. Le reflet qui lui était renvoyé était celui d'une jeune soldate, et la détermination qui l'animait était visible au fond de son regard. Elle s'étonna du poids de son armure. Loin d'être pesante, elle ne la sentait presque pas, tant elle était légère. Pourtant elle savait qu'elle ne se briserait pas. Les ouvrages héliasciens qui étaient parmi les plus solides, étaient aussi les plus légers, ce qui faisait leur renommée. Elle se tourna vers Séléna, lui demandant :

    — Et maintenant ? On peut y aller ?

    — Tu oublies le plus important, lui répondit-elle, amusée. Tu comptes t'entraîner à mains nues ?

    — Sans façon ! Donc je suppose que nous allons chercher une arme à présent ?

    — Une arme ? Non, ton arme !

Ostarius tome 1 : EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant