Ostarius tome 1 : Espoir

Chapitre 10

    Le désert de Codéna. Une vaste étendue de sable doré balayée par des vents chauds, souvent étouffants, qui n'était toutefois pas inhabitée. Tout un écosystème s'était formé dans ces terres inhospitalières, comme un rappel du fait que la vie trouve toujours son chemin.

    Cette pensée tira un sourire triste à Kira. Depuis qu'ils avaient quitté Émer le matin même, ils arpentaient le désert en silence, trop écrasés par la chaleur pour bavarder. Ils ne s'étaient pourtant chargés que du strict minimum : chacun portait plusieurs gourdes d'eau et plusieurs lamelles de viande séchée procurées par le village ainsi que ses armes. Les températures élevées les avaient poussés à alléger leurs tenues, ce qui, grâce à leurs étoffes enchantées, ne leur avait pas posé trop de problème. Ils étaient donc vêtus de tenues traditionnelles du désert qui protégeaient leur peau du soleil tout en étant composées d'un tissu léger, qui retenait très peu la chaleur.

    Au fond d'elle, Kira devait reconnaître qu'elle enviait Shiva, qui était restée à Émer. En effet, la tigresse ne pouvait envisager une traversée du désert à cause de son épaisse fourrure. Il avait donc été décidé qu'elle attendrait au village qu'une escouade héliascienne vienne la chercher dès qu'ils auraient atteint Valdor.

    Alors qu'ils faisaient une pause à l'ombre d'une dune, Kira se tourna vers Callan, n'y tenant plus.

    — Dis, commença-t-elle, puisque tu as pu me verser des litres d'eau sur la tête hier, tu ne pourrais pas faire quelque chose contre cette chaleur ?

    — Malheureusement, ça ne marche pas comme ça... répondit-il sans relever le sarcasme de la jeune fille, auquel il commençait à s'habituer. Mon pouvoir me permet seulement de manipuler l'eau, pas de la créer. À part si tu veux que je vide nos réserves d'eau, je ne peux rien faire pour toi !

    Kira laissa échapper un soupir. Et dire qu'ils n'était pas encore midi ! Elle n'avait qu'une hâte : que la nuit tombe, et, avec elle, les températures.

    — Alors ne pourrait-on pas au moins voyager de nuit ? tenta-t-elle, en désespoir de cause.

    Ce fut cette fois Séléna qui lui répondit, avec la voix douce qu'elle employait dès qu'elle se lançait dans des explications pour son amie.

    — Nous, les héliasciens, sommes un peuple très versé dans l'art de la guerre. La protection de notre capitale est donc primordiale, passant même avant les enjeux économiques ou culturels. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est située au cœur du désert, qui constitue la première ligne de défense de la cité. Cependant, nul n'ignore que la traversée d'un désert est plus aisée de nuit, ce qui coïncide avec le moment où nous sommes affaiblis par l'absence du soleil. Il fallait donc remédier à ce problème majeur, ou notre défense s'en serait retrouvée grandement fragilisée ! Notre seule option était de rendre la traversée nocturne du désert bien plus ardue que la traversée diurne. Si la chaleur du jour est écrasante, la nuit dans le désert recèle de nombreux dangers qui proviennent principalement du nouvel écosystème du désert, créé artificiellement par l'association de nos meilleurs biologistes. Tout ce que tu vois de vivant autour de toi peut se révéler létal, des plantes rampantes aux lièvres du désert. Ils sont tous inoffensifs le jour, mais représentent une véritable menace la nuit.

    — Enfin... l'interrompit Séphiros, moqueur. Elle dramatise un peu trop. Il existe de nombreuses zones sûres dans lesquelles nous pouvons passer la nuit sans danger. D'ailleurs, si on veut rejoindre la plus proche avant la nuit, il serait temps de repartir !

    Callan hocha la tête, approbateur, et ils reprirent leur route à contrecœur. Pendant de longues heures, seul le souffle chaud du vent rythmait leur marche, leur coupant toute envie de discuter.