Ostarius tome 1 : Espoir

Chapitre 9

    Une prairie teintée de mille nuances de bleu s'étendait à perte de vue sous les yeux ébahis de Kira, se fondant dans le ciel indigo. L'herbe saphir était parsemée de bleuets, et le vent qui soufflait sur la plaine la rendait semblable à une vaste étendue d'eau. Elle s'avança dans ce lieu irréel, traçant de longs sillons sur son passage.

    Kira plissa les yeux, éblouie par le soleil, et aperçut au loin une silhouette solitaire se dressant devant elle. Elle s'était éloignée seule, pourtant, elle ne ressentait pas la moindre crainte, baignant dans une sérénité sans égale. Sans vraiment y réfléchir, elle s'avança vers la personne qui se tenait face à elle.

    Alors qu'elle arrivait au niveau de l'individu, celui-ci se retourna lentement, la laissant sans voix. À la place de son visage, il n'y avait rien que le néant, un néant qui semblait l'aspirer, et...

    Elle ouvrit les yeux, et se redressa. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et elle était la dernière à se réveiller, ce que Séphiros ne manqua pas de souligner :

    — Ça y est, le dragon est sorti de son hibernation !

    — Si ce n'est que les dragons n'hibernent pas ! répliqua Séléna. Franchement, tu ne fais aucun effort...

    Kira balaya les environs du regard, se désintéressant de leur joute verbale. La clairière était la même que la veille, mais...

    — Où est passé Callan ? les interrompit-elle.

    — Là-haut, lui répondit laconiquement son amie en pointant le sommet de l'arbre central.

    Kira s'approcha du gigantesque arbre qui dominait l'endroit et leva la tête avec un sourire.

    — Ne me dis pas que... commença Séléna en l'apercevant.

    Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, Kira commença à grimper. Elle avait toujours aimé l'escalade, et la sensation de liberté que l'on éprouvait lorsque l'on se trouvait au-dessus de tout était grisante. Et puis, contrairement à son amie, elle n'était pas sujette au vertige !

    — Kira, redescends de cet arbre ! Ça n'a rien de comparable aux maisons sur lesquelles tu te perchais au village ! En plus il est couvert de mousse !

    Voyant que la jeune fille ne l'écoutait pas, elle se tourna vers son frère, en désespoir de cause :

    — Hé, monsieur le grand frère responsable, tu comptes laisser notre dernier espoir, et accessoirement ma meilleure amie, s'écraser par terre ou tu vas aller la chercher ?

    Sans se presser, Séphiros se leva et se dirigea vers l'arbre. Dans tous les cas, il n'avait aucune chance de la rattraper. Et pour cause ! Elle était déjà arrivée à la moitié de son ascension, atteignant les branches les plus basses, et entamait la partie la plus délicate. Enfin, si on excluait la descente.

    Ne pouvant pas intervenir, il se contenta d'appeler :

    — Callan !

    Sans attendre de confirmation de la part de son ami, il fit demi-tour et retourna s'asseoir dans l'herbe.

    Pendant ce temps, Kira continuait de progresser, mais même si elle s'élevait considérablement, elle ne voyait toujours pas Callan. C'était à se demander si la voix de Séphiros avait pu atteindre le sommet de l'arbre où il se tenait.

    Elle n'eut pas le temps de réfléchir plus à la question, car la première difficulté de l'escalade apparut, et elle se maudit de ne pas avoir écouté Séléna. Étonnamment, si elle n'avait pas vu de mousse au pied de l'arbre, il en était à présent recouvert, ce qui réduisait considérablement le nombre de prises qui s'offraient à elle.