18 ♦ Le Duo

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« Au crépuscule ils se confiaient, jusqu'à souder ce lien, qu'ils pensaient impossible ».

EZEKIEL

J'avançais à travers la faune, à l'écoute de mon environnement. Je sentais l'humidité, je constatais la mousse sur l'écorce des arbres mais aucune trace de mes camarades. Elya me suivait en retrait. Nous étions tombés bien bas avec ces Hyènes, comme si la forêt en abritait une seconde.

Je ne pouvais d'ailleurs pas m'empêcher de songer à ce qu'elle avait fait avec cet animal. Elle l'avait regardé, j'avais senti son corps se contracter sur le mien et la Hyène nous avait laissé, sans plus de difficulté.

Les Guides m'avaient toujours fasciné. J'avais apprécié aider Leane et lui apprendre à s'écouter, à s'améliorer. Elya était quelque peu différente si ce n'était totalement. Elle était plus vieille, moins innocente, plus connaisseuse du monde qui l'entourait. Elle ne pouvait être manipulée ou bien, moins facilement et surtout, elle était capable de faire ses propres choix.

J'avais toujours admiré ce don qui faisait d'elles des Guides. Nous, en tant que Gardiens, nous étions liés à la gemme d'une façon ou d'une autre, néanmoins, nous étions incapable de la trouver. La magie des sorciers était si puissante que la gemme, même si elle appartenait à un Gardien, se devait de rester invisible pour lui. Leur pouvoir était trop intense pour que nous la gardions près de nous, nous étions aussi dangereux que le Nécromancien, si nous laissions sa magie nous consumer.

— Tu ne parles pas beaucoup, constate Élya en enjambant la racine d'un vieux chêne.

— Je suis concentré à retrouver mon chemin. Si tu pouvais m'aider, ce serait bien mieux.

— Je suis fatiguée... j'ai mal à la tête, j'ai envie de m'asseoir et de me reposer.

— Mais nous devons continuer.

— Oui mais regarde, insista-t-elle, on voit le soleil qui se couche à travers les branchages... trouvons un endroit où nous reposer. S'il te plaît...

Je m'étais arrêté pour la regarder. Je mordillai mes lèvres puis finalement, je cédai. Nous dûmes marcher encore environ deux kilomètres jusqu'à trouver un sentier isolé, près de l'entrée condamnée d'une vieille grotte. Ici, nous rassemblâmes du petit bois puis après plusieurs minutes de recherches, je trouvai des silex qui me servirent à allumer le feu. Je dûs m'y reprendre à trois fois avant de parvenir à faire une étincelle suffisamment forte pour embraser les brindilles mais le feu était allumé, pour nous réchauffer. 

Je m'assis face aux flammes, Elya s'assit face à moi, son visage partiellement couvert par la fumée et la frénésie du feu. Le silence plana longuement, c'était appréciable. J'avais posé mon fourreau à côté de moi, replié mes jambes, mes bras posés sur mes genoux. Je fermai les yeux, écoutai le crépitement du feu, le sifflement timide du vent, la faune autour de nous qui s'animait par sa vie nocturne. Le ciel s'assombrissait de ténèbres à mesure que le soleil trouvait refuge derrière l'horizon. C'était digne d'un moment de paix. Je savais que plus nous chercherions les gemmes, plus la quête deviendrait difficile. Le Rubis n'était que notre premier obstacle et le Marionnettiste, seulement notre premier ennemi. D'autres viendraient, plus forts, plus nombreux, plus rusés. 

Nous devions être préparés à toute éventualité d'une nouvelle confrontation, plus brutale. 

— Avais-tu de la famille, quand tu étais plus jeune ? Enfin... quand tu n'étais pas éternel ? demanda Elya. 

Je rouvris les yeux lorsque sa voix brisa le silence que j'appréciais tant. 

— Non. J'étais orphelin, comme tous les Gardiens en devenir à l'époque. 

Les Derniers Gardiens - I La Confrérie du RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant