"Le Rubis était si proche que son pouvoir alimentait les esprits les plus gourmands d'un vice certain pour la puissance."
ADÉLAÏDE
J'avais dormi toute la nuit à poings fermés. Je m'étais efforcée de me préparer comme il se devait pour cette dernière étape bien que mes doutes troublaient mon jugement. La seconde étape que j'avais passé deux jours plus tôt m'avait retourné l'estomac et le cerveau. Mes rêves ne tournaient autour que notre entraînement à l'Orphelinat et je voyais Génova, Aude, Bertos... comme des fantômes qui venaient me hanter pour se venger.
J'étais tombée amoureuse de Génova à l'adolescence mais nous mimes longtemps avant de comprendre ce qu'il se passait entre nous au début. Disons que notre amitié était si forte que nous pensions simplement nous aimer comme deux soeurs. J'avais appris à canaliser mes émotions avec elle, à utiliser la magie du Rubis uniquement lorsque c'était nécessaire. Génova avait une Ambre en guise de gemme et ses yeux portaient la même couleur. Sa Gemme lui octroyait le don de lire dans les pensées mais également de maîtriser la magie élémentaire de la Terre.
Bertos lui, avait l'Améthyste, cette magnifique Gemme violette qui lui donnait une force accrue, une vitesse modifiée et la possibilité de ralentir le temps. Aude avait l'Opale, une Gemme puissante qui changeait de couleur selon la luminosité à laquelle elle était exposée. Aude pouvait manier l'air avec sa Gemme et brouiller les pistes à la perfection, jusqu'à effacer une partie de la mémoire.
Chaque Gemme apportait au Gardien des pouvoirs différents. Moi, le Rubis m'octroyait la magie élémentaire du Feu et la capacité à régénérer ma santé plus rapidement. Si je me cassais le bras, il guérissait en quelques jours plus qu'en quelques mois. Cela ne m'arrivait que si la Gemme était placée contre mon coeur, sur mon armure.
Ce matin là, je m'habillai de l'armure en question. La Confrérie l'avait conservée toutes ses années. Quand je scellai mes jambières ajustées, je me redressai pour me regarder dans le miroir. Mon haut remontait jusqu'à mes clavicules mais gardait mes épaules dénudées pour une amplitude de mouvement plus souple, il entourait ensuite mon cou, comme un collier lié au reste de l'armure, pour protéger ma jugulaire. Au centre de l'armure, sur le plastron de cuir qui épousait la forme de ma poitrine, se trouvait la forme exacte de mon Rubis, là où il devait être placé. Là où était sa place, tout simplement. J'avais rasé le côté de mon crâne puis tressé ma longueur sur la droite pour que mes cheveux restent collés mon crâne et ne me gène pas pour ce qui allait suivre.
Je passai ma main dans la rainure vide tout en poussant un profond soupir. J'avais un mauvais pressentiment. Pourtant, je sentais son pouvoir tout près mais j'avais aussi cette pensée obstinée qui me répétait sans cesse que je ne le récupèrerais pas. Cela signifiait-il que j'étais sur le point d'échouer ou que les doutes d'Elya étaient bien fondés ?
Quoi qu'il en soit, je me devais de me rendre à l'endroit indiqué par la Dame Rouge la veille au soir. J'enfonçai la lourde épée de bronze dans son fourreau autour de mes hanches et traversai le couloir me menant jusqu'au vestibule. Là, des membres de la Confrérie se postèrent autour de moi et m'escortèrent à l'extérieur. Nous nous arrêtâmes sur le perron. Le soleil était haut dans le ciel, les arbres verdoyants et mon regard s'attarda sur la fontaine au centre de l'allée principale lorsqu'un bruit sourd retentit. D'abord, l'eau s'arrêta de couler puis le cheval sculpté dans la pierre tournoya et commença à rentrer dans le sol par un mécanisme relativement étonnant.
Tous les membres de la confrérie était rassemblés ici mais j'avais beau chercher du regard mes camarades, je ne les trouvai pas.
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Les Derniers Gardiens - I La Confrérie du Rubis
FantasyÉlya vit recluse avec sa petite sœur à Novendill, une presqu'île reliée au Royaume d'Aphebis sous l'autorité d'un roi clément et conciliant. Du jour au lendemain, Élya est projetée dans la cour du roi, là où on lui octroie le titre de Guide. Cependa...