13 ♦ Vision

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"Les yeux fermées, elle voyait l'invisible. Endormie, elle savait où courir."

ELYA


— Nous confions le Rubis a la Confrérie, veuillez accepter notre offrande et donner votre parole de protection suprême jusqu'à l'écroulement de votre forteresse.

L'homme qui avait dit ces mots, jeune et frêle, portait dans ses deux mains, une petite boite renfermant un objet de grande valeur. La tête baissée, les jambes pliées, il s'inclinait devant la personne face à lui, accompagnée d'une vingtaine d'autres individus, tous encapuchonné sous des capes rouges comme le sang.

— Nous attendions votre visite depuis fort longtemps, déclara la femme de sa lourde voix.

— L'heure est grave, Ma Dame. Les Gardiens ont échoué, ils se sont destitués volontairement de leurs gemmes pour que l'Ennemi ne mette jamais la main dessus. Prenez le Rubis, en gage de paix de la part de l'Ordre des Gardiens.

La Dame sa munit de la boite, il m'était impossible de voir son visage. J'étais spectatrice de cette vision, moins douloureuse, presque trop réelle. Je flottais, comme un fantôme, légère comme une plume. La vision trouble, mais l'ouïe parfaitement affutée.

— Nous acceptons votre gage et protègerons de notre vie le Rubis, jusqu'à la venue du Gardien appartenant à la gemme.

Elle confia la boite à ses disciples qui s'empressèrent de l'emmener en lieux sûrs. Après cette altercation, le jeune messager fit graver le sceau de la Confrérie sur une missive, laquelle renfermait une promesse inconnue aux Gardiens.—- Par ce sceau, nous donnons notre parole mais affirmons que le Gardien devra mériter sa gemme. En réceptionnant notre missive, vous acceptez nos conditions.

— L'Ordre des Gemmes accepte vos conditions, de surcroit.

— Parfait. Portez donc notre message et prenez ce poignard, il vous offrira le repos éternel.

Le messager récupéra la missive parfaitement pliée, scellée par un sceau représentant un Rubis et il quitta l'enceinte de la forteresse. Les images furent brèves, peu parlantes. Des murs de pierres épaisses, des tapis brodés, un grand arbre fruitier au milieu d'une cour au centre de la bâtisse, des gardes, des disciples cachés sous des capuches, des feux aussi rouges que leurs tuniques, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, la mousse, le ruissellement de l'eau...


Puis la simple image horrifiante du messager se tranchant la gorge avec le poignard offert quelques jours plus tôt, face à un miroir aux bordures dorées. Sa tête partit en arrière et il s'écroula, se noyant dans son propre sang. La Confrérie était connue de nom par l'Ordre, mais leur forteresse était invisible aux yeux de tous. Le Messager se donna la mort en emportant avec lui et pour toujours, le secret de l'emplacement du Rubis. 



"A l'intention de l'Ordre des Gardiens,

La Confrérie accepte votre offrande, pour protection et gage de paix entre nos clans.
Par ailleurs, vous comprendrez l'enjeu dont il est question. Les Gardiens ont échoué à leur mission, à la promesse suprême qu'ils avaient faite en récitant leurs vœux.

Pour cause, la Confrérie du Rubis conservera la gemme en lieux sûrs et donne parole qu'elle sacrifiera ses guerriers pour protéger l'avenir du Royaume.

En contrepartie, le Gardien qui viendra récupérer sa gemme se verra dans l'obligation de remporter des épreuves prouvant sa loyauté et son ordre. Le Rubis doit être mérité, son puissant pouvoir doit être conservé et les traitres doivent être démasqués.

Si le Gardien échoue, le Rubis lui sera destitué sur le champ et reviendra entièrement à la Confrérie.

Vous remerciant de votre confiance et votre dévouement à la Juste Cause.

Amicalement - La Confrérie du Rubis.

Les Derniers Gardiens - I La Confrérie du RubisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant