PROLOGUE

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"Je t'aime mon ange."

Les rêves reflètent en général des désirs, des peurs, des préoccupations ou des expériences vécues. Les rêves peuvent être des fenêtres vers notre subconscient, nous offrant un aperçu de nos pensées et émotions les plus profondes.

Pour moi, rêver est le seul moyen d'échapper à la réalité et imaginer que tout est comme avant.

Avant, tout était si bien. Avant j'étais une enfant. Avant j'étais aimée. Papa me considérait encore comme sa fille, je n'étais pas un monstre à ses yeux mais un ange. Maman m'aime elle au moins, enfin je pense que si elle aurait été toujours en vie elle m'aurait aimé...

Je l'ai tuée ? C'est de ma faute ! Pardonne moi maman ! Crois moi papa !

Si seulement j'avais pu lui enlever toute sa peine ou ressentir qu'elle était sur le point de mourir, j'aurais pu la sauver. Mais je n'étais qu'une enfant, pardonne moi maman, je l'ai pas fait exprès, crois moi papa.

Dans un autre monde, maman serait toujours en vie après avoir mis au monde ma soeur et papa ne m'en voudrait pas pour sa mort. Dans ce monde-là, nous vivrions comme une famille normale et je n'aurais jamais eu ce qui fait de moi une fille spéciale. J'irais à l'école, aurais des amies, un copain. Je saurais ce que ça fait d'être aimée. Dans ce monde, j'aurais une sœur qui me connait.

Aujourd'hui je n'ai rien de tout ça, maman nous a quitté et papa me déteste. Je passe mes journées enfermée dans ma chambre à attendre que mon père me dise que tout est fini. Mais non. Les seules fois où il me parle c'est pour me dire que j'ai une nouvelle "mission". Je déteste quand il rentre bourré certains soirs car je suis sa cible principale quand c'est le cas. Il a bien besoin de se défouler, c'est à cause de moi qu'il souffre, il aimait maman.

Au fil du temps, j'ai appris à reconnaître toutes les teintes de couleurs qui accompagnent le premier coup. C'est un rituel immuable : une fois la crise passée, vérifier que ma sœur dort bien et n'a pas entendu les claquements répétés, subir le regard accusateur car je suis encore la source de sa colère, puis quitter la pièce. Ensuite, je peux fermer les yeux, m'endormir et rêver, en espérant que ce soit la dernière fois et que mon père me prenne dans ses bras me disant que tout est fini. Mais plus j'y pense et plus l'idée me semble aussi stupide que mes rêves.

- Réveille toi Aaliyah.

- Papa ?

- Je t'ai déjà dit de ne plus m'appeler comme ça.

" Pardon papa", c'est ce que j'aurais voulu dire, parce que je l'aime et je veux qu'il me pardonne. Oui je l'aime, mais je ne peux rien y faire, je suis aussi sa petite fille, je suis aussi sa famille. Où est passé mon père ? Celui qui me prenait dans ses bras quand j'avais 9 ans, celui qui m'aimait et qui aurait tout fait pour maman et moi. La Aaliyah de 18 ans sera toujours jalouse de celle de 9 ans.

- Oui, excuse moi Nicholas.

Je ne veux plus de ce pouvoir, je ne veux pas ressentir toute la colère de mon père quand il me voit, je ne veux pas ressentir le dégoût qu'il a pour moi ni la haine qu'il a envers moi.

Je ne veux plus ce pouvoir, je ne veux pas ressentir la joie de ma petite sœur, je ne veux pas ressentir son stress les veilles de rentrées scolaires, l'amour qu'elle ressent pour mon père qui lui est réciproque. Elle n'a que 8 ans, oui je suis jalouse d'elle, mais elle n'a que 8 ans, je l'aime, enfin je sais pas si je l'aime, c'est ma soeur mais je ne lui ai jamais parlé, je ne l'ai jamais touchée, je ne la vois presque jamais, elle ne me voit jamais.

Je ne veux plus de ce pouvoir, je ne veux pas ressentir tout l'amour que ressent mon père pour ma petite sœur, toute la joie qu'il ressent quand il est avec elle.

Je ne veux plus rien ressentir !

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AN: Voilà une petite présentation du contexte !!

N'hésitez pas à me donner vos avis !

love <3

N:FORGIVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant