Chapitre 5

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Avec calme, les mains dans le bas du dos, l'espagnol se promenait à travers la végétation. Amoureux de la nature, c'était son seul point positif ici. S'il s'était trouvé dans un bloc construit par les hommes, il aurait définitivement perdu l'envie de se battre. Reniflant les fleurs aux odeurs musquées, caressant les feuilles, il se trouva nez à nez avec une grotte. Curieux, il entra prudemment. Profonde d'une dizaine de mètres, large de trois, elle n'attirait pas forcément l'attention. Contre la paroi du fond, une caisse. Avec la pointe de son couteau de chasse, l'espagnol fit sauter le couvercle. A l'intérieur, de l'eau et des vivres. Précieuse boîte pensa aussitôt le vétéran. Ayant tout ce qui lui fallait pour s'isoler, le pilote Aston se décida à élire domicile dans la cavité naturelle. Il était caché et pouvait voir arriver d'autres êtres. Un lieu parfait pour tenter de terminer un jeu.

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Dans un silence lourd, Pierre et Esteban travaillaient. Chacun de leur côté, ils ramenaient les morceaux d'arbres les plus solides pour consolider leur abri. Si Pierre ne semblait pas déranger de ce mutisme volontaire, Esteban était mal, atrocement mal. Leur brouille passée avait laissée des marques vives dans leurs âmes et chacun n'avait jamais voulu briser la glace. Et l'ébroïcien ressentait également le manque de confiance de son équipier. Il avait compris que chaque pilote avait obtenu des objets différents quand Pierre avait enveloppé au mieux leurs deux corps sous une couverture. Lui n'en avait pas.

" - Pierre, je sais que tu ne me crois pas fiable. Je le comprend. Mais j'aimerais te prouver ma bonne foi. Tu connais déjà ma cible, je ne connais pas la tienne. Cela m'importe peu. Saches que si quelque chose m'arrive, je voudrais que tu puisses te servir de ce que contient mon sac. "

En exposant cela, le plus grand ouvrit la fermeture éclair et montra, dans le fond, camouflé, l'arme à feu qu'il possédait. Le numéro dix l'observa quelques secondes, la mine interrogative et surprise, puis souffla.

" - Tu sais que tu pourrais être ma proie et que cette arme pourrait me servir à te tuer.

- J'ai totalement confiance en toi Pierre. Et si je devais mourir de tes mains, je pense que cela m'irait. Marmonna le brun, espérant un peu que son interlocuteur ne l'ai entendu. "

Repartant vers la cabane faite main, Pierre était touché des propos de son ancien ami. Si sa fierté était moins forte, il aurait répondu avec gentillesse. Il aurait pu lui dire qu'il y a longtemps qu'il avait pardonné leurs erreurs passées, que son désir de recoller leurs liens étaient de plus en plus fort. Il lui dirait aujourd'hui ou demain. Il en était sûr !

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Le pilote allemand s'occupait de son mieux. Avec le petit couteau, il personnalisait son loft aérien. Pas trop déçu de ces capacités, il continua de dessiner. Ne pas se blesser était son unique objectif.

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Les doutes étaient intenses dans l'esprit du danois. La nuit était passée, cauchemardesque mais aucune nouvelle des organisateurs de cette boucherie. Il avait espéré être extrait de cette partie aussitôt le crime effectué. Rongé par les remords, il n'osait plus rien faire. Attendre de sortir d'ici. Attendre des nouvelles.

Arrivant au niveau de l'homme en perdition mentale, il entoura son cou vivement d'une corde. Le blond tenta de son mieux de se libérer, ces doigts passant entre l'objet et sa peau mais rien n'y faisait. Tombant dans l'inconscience, ces pensées se tournèrent vers le jeune qu'il avait assassiné quelques heures auparavant. Il aurait pu survivre sans son acte irréparable.

Voyant qu'aucune réaction ne se faisait, il accrocha au mieux l'homme au bout d'une branche. S'il n'était pas déjà mort, il devait passer l'arme à gauche dans les minutes prochaines. Le corps se balançait de gauche à droite. Il représentait à la perfection le rictus qui tirait les joues d'Oscar. Le début de sa descente dans le crime ?

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