Chapitre 10

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Habitué des terrains escarpés, l'australien avançait avec une prudence extrême ne sachant pas qui il allait découvrir. Les voix qui parvinrent à ces oreilles eurent l'effet d'une bombe en lui.

" - Max, Pierre !

- Daniel ?! "

Les deux sortirent aussitôt et virent le plus âgé, le torse dénudé, portant dans son dos le monégasque. A bout de souffle, il sourit avec sincérité. Sa peau avait naturellement légèrement bronzée, le rendant encore plus attirant aux yeux de son cher et tendre. Tous les trois posèrent le malade dans l'abri à l'ombre et l'hydratèrent. Pierre s'installa tout près de son meilleur ami et saisit sa main dans sa paume. Ces caresses légères firent ouvrir les paupières du brun. Il tenta de parler mais le normand l'arrêta aussitôt, lui recommandant de se reposer et de reprendre des forces le plus vite possible.

Afin de laisser un maximum d'intimité dans les retrouvailles, Daniel demanda à Max de s'éloigner avec lui quelques instants. Le cœur battant, il savait que le moment était venu pour lui de se déclarer. Malgré son âge, il semblait redevenir un adolescent timide lors de son premier amour. A peine à quelques mètres, ayant leurs compagnons dans son champ visuel, Daniel ne put se retenir d'enlacer tendrement son ami. Ces narines s'imprégnaient de l'odeur du néerlandais dans le creux de son cou. Fermement, ces deux bras aux veines apparentes comprimaient le corps du blond contre le sien. Il avait tant besoin de ce contact, de cette proximité. Ils étaient habituellement comme ça, en demande d'affection l'un de l'autre mais ce câlin dépassait de loin les autres. Avec naturel, Max avait passé ces bras autour de la nuque de Daniel et ces doigts complétaient ces boucles humides de sueur.

Ils voulaient en cet instant stopper le court du temps et pouvoir ainsi profiter de ces retrouvailles, de ce renouveau entre eux. Le plus grand détacha son visage et vint poser ces lèvres contre le front du champion du monde puis son nez se plaça contre celui de Max et il les frotta l'un à l'autre, avec une énorme délicatesse. Rouge des coups de soleil et de cette communion entre eux, Max semblait comprendre que ces émotions, son amour n'était pas un sens unique. Pour répondre à la tendresse de son plus cher ami, il planta sa bouche sur la joue barbue, à une proximité infime de l'objet convoité, s'interdisant d'être le premier à céder. Daniel, lui, se moquait bien de tout cela. De ces mains, il encadra la bouche de Max et l'embrassa longuement. Ce yeux fermés laissèrent couler une larme unique de son œil gauche. Il l'avait fait, il avait osé. Après tant de mois, d'années de doutes, Daniel Ricciardo avait ouvert son âme à Max Verstappen qui ne faisait que lui répondre avec bienveillance.

" - Max, je...

- VERSTAPPEN !!! "

Le hurlement derrière fit sursauter le plus grand. Oscar se tenait à quelques mètres d'eux, un rictus sur le visage. Il tenait en sa main un pistolet qu'il pointait sur eux. Par réflexe, Daniel cacha son amour derrière lui et avança de trois pas, bras ouverts, signe de son envie de paix.

" - Oscar, je suis heureux de te savoir vivant.

- Ta gueule Ric', pousse-toi que je m'occupe de ma cible !

- Oscar, tu sais, nous ne devrions pas...

- Pousse-toi ! Tu veux finir comme Lance peut-être ?!

- Comment ça ?

- J'ai troué Lance après qu'il ait explosé le crâne de Perez. Un vrai gruyère !

- Quoi ? Attends tu plaisantes ?

- Absolument pas ! Et tu sais quoi, c'est pas le pire ! J'ai adoré faire croire à George que Alex était vivant et qu'il devait tuer Lewis pour le retrouver. Un échange, une vie contre une autre. Il y a cru et résultat ils sont morts tous les deux. George est trop sensible, enfin était.

- Tu as complètement perdu la raison Oscar..."

Le nommé haussa les épaules, visiblement détaché de la situation. Daniel était choqué de le voir avoir basculé si facilement dans la débauche. Il ne savait comment dégoupiller cette situation sans effusion de sang.

" - Ecoute Oscar, je ne peux pas te laisser faire de mal à Max. Tu devras me passer sur le corps pour l'atteindre.

- Faisons ça. "

Sans hésiter, le jeune australien tira trois balles. L'une atteignit le barbu à l'épaule, une se logea dans son bas ventre, au niveau de l'aine et une dans la poitrine. Crachant un filet de sang, Daniel chuta lourdement à genoux et son buste bascula en arrière. Un cri s'échappa des lèvres du champion actuel. Voyant le rouge tâcher le sable fin fit tourner l'esprit de Max. Il avait osé blesser son homme et cela, il ne pouvait le pardonner.

Vert de rage, il sauta sur Oscar et enfonça son poing dans son nez. Tentant de se défendre, l'attaquant attaqué tira sa dernière balle qui manqua le néerlandais. Sans réfléchir, Max se laissait consommer par la haine. Il frappa sans cesse le visage d'Oscar qui commençait à se déformer. Les pommettes enflaient, les arcades explosaient, le nez ressemblait à une bouillie informe. Des craquements se faisaient entendre, provenant de la caboche du jeune, dont le corps ne réagissait même plus. Des bras finirent par saisir le blond par les épaules. Pierre le tira en arrière et le calla contre son torse.

" - Max, reprends toi, il est... il est très probablement mort. Viens plutôt auprès de Daniel s'il te plait, tu le regretteras sinon. "

Allongé sur le dos, le plus âgé respirait avec très grande lenteur. Ces blessures, bien trop graves pour être soignées, allaient lui être fatales et les trois autres hommes le savaient. Effondré de le perdre si tôt, Max pleurait. Lui qui avait l'habitude de mettre des barrières sur ces émotions les abandonna.

" - Daniel, tu n'aurais jamais dû me protéger. Comment je vais vivre sans toi ? Comment mon amour ? Je t'aime Daniel, je t'aime tellement. Pardon de ne jamais ne l'avoir annoncé. Pardon... "

Quand le numéro trente-trois releva les yeux, il constata que le visage de son âme sœur brillait d'un sourire soulagé. Son torse ne se soulevait plus. Debout à proximité, Charles et Pierre ne pouvaient camoufler leur peine d'avoir vu la vie quitter l'organisme de Daniel alors que Max avait énoncé le premier trio de mots d'amour. Tentant de détacher le vivant de la dépouille, celui-ci refusa de gestes d'oppositions de ces bras.

" - Max, tu sais, en plein soleil, Daniel ne va pas être bien. Que dirais-tu d'aller te reposer avec Charles à l'ombre pendant que j'essaie de le mettre à l'abri ?

- Je peux t'apporter mon aide. Proposa Fernando qui venait d'atteindre la scène, le souffle court. "

Posant une main paternelle sur l'épaule de Max, Alonso l'aida à se remettre sur ces pieds et le laissa accompagner l'homme aux iris vertes. Avec soin, ils déplacèrent le numéro trois proche de leur nouveau point d'attache, à côté de la dépouille du français. Puis le vétéran observa les poings ensanglantés de Max. Ils étaient bien abîmés mais pas gravement.

" - Comment tu te portes Nando ?

- J'ai envie que rien ne soit réel, vraiment... Tellement de pilotes sont morts, beaucoup trop...

- Valtteri et Kévin... Exposa Charles.

- Esteban. Souffla Pierre, l'âme encore meurtrie de sa perte sous son regard.

- Alex, Nico, George, Lewis et Danny. Et j'ai tué Oscar. Indiqua Verstappen, froid en annonçant le meurtre qu'il avait commis, comme apaisé d'avoir vengé l'être lumineux qu'est Daniel.

- J'ai retrouvé Lando et Carlos. Je n'ai rien pu faire et ça me ronge. J'ai pu seulement arrêter Yuki qui leur avait fait ce mal... "

Les quatre hommes devaient à présent se concerter et trouver une solution pour survivre et fuir.



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Voici le dernier chapitre. Un épilogue sortira dans deux jours pour conclure ce récit.

A votre avis, que va-t-il advenir de ce quatuor ?

Et surtout, une question dont nous n'avons la réponse mais comment les pilotes se sont retrouvés ici ?

Qui est derrière ce système mortel ?

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