Chapitre 8

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Fernando prit le temps de préparer un lieu pour poser soigneusement les deux corps. Avec des branchages, des feuilles, il recouvrit Lando puis Carlos. Le temps était au recueillement. Tout ce qu'il souhaitait était que les deux âmes sœurs se retrouvent, peu importe où. Si quelqu'un au dessus l'entendait, il ne demandait que cela, ne pas les séparer. Ces deux êtres purs avaient vécu une relation unique qui aurait dû continuer. Elles allaient, il en était sûr, perdurer dans l'espace et le temps. Observant le ciel, il pria pour les numéros quatre et cinquante-cinq.

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Descendant avec lenteur, le pilote néerlandais était épuisé. Il n'avait pas pu boire depuis de très nombreuses heures et les fortes chaleurs n'arrangèrent pas son état. Se cachant derrière chaque tronc, il avançait avec pénibilité. Le paysage était sympathique, il pensa même que cela aurait pu être un endroit magnifique pour vivre quelques jours paradisiaque avec Daniel. Il aurait tant aimé lui dire plus tôt qu'il était tombé fou amoureux de lui dès les premières secondes de leur rencontre, même s'il était mineur à ce moment. Il avait craqué sur cet homme splendide, au sourire ravageur, aux yeux délicieux, aux sentiments doux envers chacun. A ces yeux, Daniel était la personne qui l'avait sorti de sa vie douloureuse avec Jos, qui l'avait aidé à devenir un homme meilleur. Avec regret, il avait caché ces émotions au plus âgé et à présent, il ne souhaitait que le revoir.

Tous les souvenirs de leurs moments ensembles revenaient dans son esprit. Il le savait mais il le voyait encore plus dans ce chaos, quelle chance immense ils avaient eu de se rencontrer, de se connaître, de se côtoyer. Dans la végétation, une masse se distinguait de la verdure. Max reconnut aussitôt l'ancien équipier de Danny, l'allemand Nico. Il s'empressa d'aller le rejoindre.

A son niveau, un haut le cœur le prit en voyant l'état de ce qui restait du pilote. L'horreur absolue. Une vision apocalyptique. Du sang, des entrailles, de la souffrance. Reculant de trois pas, il ne put se retenir plus longtemps et vomit. Il rendit ce que son estomac ne possédait pas. Les larmes coulaient en même temps. Traumatisé de cette vision de film à caractère sanglant, il se mit à courir. Sa respiration était sifflante mais il continua son chemin de manière aléatoire. Ces pieds atteignirent le sable et face à lui, une silhouette.

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Lewis continua de préparer la prochaine nuit tandis que George s'éloigna légèrement de leur coin pour amasser d'autres ressources. Confiant, il ne prit aucune de ces affaires hormis la hache trouvée il y a peu. Sa quête porta ces fruits puisqu'il trouva deux boîtes de conserves ne contenant pas de viande. Cela aidera son acolyte à se nourrir. Rassuré, le brun refit le chemin du retour et la scène devant ces yeux, dans leur campement, le tétanisa.

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" - Max ?

- Pierre ! "

Les deux hommes se tombèrent dans les bras. Une étreinte douce et sincère. Se détachant du plus jeune, il l'observa. Pâle, les larmes sur sa peau, des plaies sur les bras et les jambes. Il ne semblait pas gravement atteint. Max remarqua aussitôt l'épaule bandée de son ancien équipier. Le pansement était déjà taché.

" - Qu'est-ce qui s'est passé ?

- On nous a tiré dessus. Esteban est... Et il m'a raté. Je ne sais pas qui a fait cela... Et toi, tu... vas bien ?

- Je... Pas vraiment... J'ai vu Lance tuer Alex et malheureusement Nico a été attaqué, il n'avait aucune chance.

- Max, qu'est-ce qu'on va devenir ?

- Je ne sais pas, je ne sais pas. "

La cachette du français n'étant qu'à quelques pas, ils s'y rendirent pour que le néerlandais puisse l'aider à réaliser une protection plus belle sur sa plaie. Le silence s'installa mais il n'était pas gênant, juste les deux pilotes qui pensaient aux vies volées ici et à ceux dont ils n'avaient de nouvelles. Torse dévêtu, Pierre se laisser aller aux bons soins de son ami. Max était le plus doux possible et selon ces premières observations, la plaie était belle et pas aussi profonde qu'il le pensait. Les deux jeunes hommes ne savaient que faire de plus. Ils savaient que certains camarades étaient décédés mais ils ne connaissaient pas le sort d'énormément d'autres. Lance avait succombé à la perversion. Peut-être d'autres. L'ignorance était douloureuse. Mais ce que les deux savaient, c'est qu'ils allaient restés soudés jusqu'à la fin.

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Lance, à deux petits mètres, surplombait la silhouette couchée du pilote RedBull. D'un geste fort, il leva son lourd morceau de bois et l'abattit violemment sur la tête de Sergio. Un craquement sourd raisonna. Du sang coula. Deuxième, puis troisième mouvement. La cervelle se répandit sur le sol. Le rictus malsain qui étirait les pommettes de Stroll fut rapidement brisé par la balle tirée par Oscar. Rapide en entendant le massacre du canadien, il avait rechargé et tiré sans réellement visé. Touché à la mâchoire, le plus vieux hurla de douleur. Un morceau du bas de son visage manquait et on pouvait nettement voir l'intérieur de sa bouche. Le grand nombre de blessure ne semblait pas l'arrêter et il tenta de se jeter sur le tireur qui fit une seconde fois feu. La balle transperça à bout portant le torse. Un trou béant laissa s'écouler massivement le sang. Après avoir arraché quatre vies, le fils du célèbre milliardaire fut stopper par un autre pilote ayant sombré. Reprenant son souffle, le plus jeune s'estima chanceux que le mexicain n'ait pas cherché à l'attaquer. Sa présence et le déchainement de violence de Lance lui avait sauvé la vie. Il remercia rapidement le pilote et reprit le chemin de la forêt.

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Deux nouveaux coups de feu. Daniel se sentait de moins en moins optimiste. Il était terrifié à l'idée de retrouver un corps dans un piteux état au lieu du vif Max Verstappen. Il se forçait à sourire, sa solution à tout mais intérieurement, il se sentait au bord d'un précipice. Et Charles tenait à peine debout. Il sentait tout son univers s'écrouler, il était en train de perdre son envie intarissable de vivre.

" - Charles, Charles, il faut que tu te lèves, tu ne peux pas abandonner...

- Da...Dan...Daniel... J'ai...tr...op...mal... Lai...ss...laisses...moi...

- Jamais, jamais je te l'ai dit ! Jusqu'au bout ! S'il te plaît, si toi tu abandonnes, je n'aurai pas la force de continuer... Charles... On a vécu des moments difficiles, des douleurs atroces mais on est encore là. Par pitié, ne me laisses pas seul... Autant que j'en finisse maintenant si tu arrêtes de croire... Nos vies ne peuvent pas s'arrêter ici. Tu as ce foutu championnat à gagner ! Tu le dois ! Et... Et... Merde, je ne sais même pas quoi te dire de plus... "

Tremblant, le plus grand serra contre son torse secoué de spasmes Charles qui respirait de plus en plus mal. Ces bras entouraient son torse, laissant sa tête reposée sur son épaule pour lui offrir un maximum d'oxygène. En cet instant, Daniel se sentait misérable. Il n'arrivait à sauver personne et son acolyte était sur la mauvaise pente. Il donnerait n'importe quoi pour que tout cela cesse, n'importe quoi...


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On approche dangereusement de la fin.

J'ai été sympathique, je ne vous fais pas attendre pour savoir sur qui Max est tombé ;)

Quelques pilotes sont en binôme, mais resteront-ils fidèles ou succomberont-ils au crime ?


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