Ocean of Love

Chapitre 9 - Steven

J'empile les cartons de pizzas vident dans la cuisine quand Summer me rejoint. Mal à l'aise, elle danse d'un pied sur l'autre. 

— Merci pour tout à l'heure.

Je hoche la tête en évitant de croiser ses yeux qui me rappellent un peu trop ce que j'aime par dessus tout.

— Et pour m'avoir dit la vérité sur .. David.

— Ok.

Je ne sais pas quoi dire d'autre, elle ne s'en formalise pas et retourne dans le salon auprès de son amie. Je vérifie mon portable encore une fois, James surprend mon geste et me rejoint.

— Comment il va?, me demande t il discrètement.

Il sait ce qu'il s'est passé. C'est la seule personne à qui je peux parler librement de mon petit frère, alors je lui ai tout dit, y compris l'identité de sa compagne de galère. C'est d'ailleurs sans doute pour cette raison qu'il m'a tendu ce piège ridicule ce soir.

— Ca va. En vrai, il le vit super bien. Lui, il a passé un bon moment, c'est moi qui devient parano depuis. J'arrête pas de m'inquiéter pour un rien.

— Une vraie mère poule, raille t il.

— Va te faire voir, je râle avec un sourire en coin. 

— Et avec Summer?

— Quoi Summer?, je rétorque.

Il ricane en levant les mains devant lui.

— Toutes mes excuses très cher, ta réaction prouve ton indifférence totale, raille t il avant de s'éloigner hilare. 

Le weekend arrive rapidement, ne me laissant aucun répit entre les entrainements de plus en plus intensif et un Boris de plus en plus excité à l'idée d'aller à l'aquarium lundi. Mon état psychologique est déplorable, je ne suis pas prêt pour ma compétition et encore moins pour ma rencontre avec Summer. 

A peine arrivé à l'hôtel, je prends mes affaires et descends à la piscine. J'y retrouve James, Harry et Karl. Notre coach apparaît peu de temps après et lance un regard peu amène à nos groupies, Boris et Laurie, tranquillement installés sur les transats. 

— Heureusement que je vous avais dit repos et pas de distraction, hurle t il.

 Les gars se marrent avant de se jeter à l'eau. Je les rejoints sans me faire prier et commence mes enchainements. Je n'ai pas la tête à ça et James non plus. Lui, parce qu'il préfère admirer sa belle, moi parce que je n'ai personne à admirer et pour la première fois ça me fait chier. 

— 1'59, tu te fous de moi Murray.

— On est toute molle aujourd'hui, se moque Harry en sortant du bassin.

C'est la première fois qu'il fait un meilleur temps que moi mais je ne m'en fais pas trop, je sais que je le laminerai demain. J'ai passé les 3 heures de route à entendre Boris parler de Summer. Summer est gentille, Summer est jolie, Summer a peur de l'eau, Summer aime les poissons, Summer ne sait pas chanter, Summer aime jouer, Summer nous a invité à nourrir les pingouins, Summer, Summer, Summer, Summer, arrrrgggghhhhh. Alors forcément, ce soir, ma tête est auprès de Blondinette et pas vraiment dans l'eau.

— J'ai hâte de battre ton record et ensuite j'irai tenter ma chance auprès de sa copine, ricane Harry en désignant Laurie.

— Si tu arrives à la mettre dans ton lit aussi rapidement que tu me colles sur un podium, j'ai pas trop à m'en faire, je ricane.

Ma raillerie ne lui plait pas. Harry fulmine, notre coach nous crie des ordres que je n'écoute pas et mon coéquipier me fonce dessus. Son épaule puissante rencontre mes côtes alors qu'il me plaque dans l'eau.  Alors que j'enchaîne des coups vers son visage, Karl et James viennent nous séparer. 

— Vous n'êtes que des gamins immatures, incapable de forme une cohésion d'équi....

Je n'écoute pas la suite du sermon de mon coach et fonce vers Boris qui se balance d'avant en arrière, les mains sur les oreilles. Il déteste la violence et l'espace de quelques secondes j'ai oublié qu'il était là. Laurie est paniquée et tente de le rassurer maladroitement, même si j'apprécie son geste.

— Je m'en occupe, merci, je la rassure avec un sourire. Eh mon grand, regarde moi. Tout va bien, je vais bien, je suis désolé.

— Z'aime pas qu'on tape, ze veux pas qu'on tape, z'aime pas, z'aime pas.

— Je sais Boris, pardon, pardon, ça va aller. Les petits poissons dans l'eau, nagent, nagent, nagent, nagent, nagent, les petits...

— ... poissons dans l'eau, nagent aussi bien que les gros, termine t il en se calmant. 

J'entends des rires dans mon dos, je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui ils viennent mais je reste concentré sur Boris et l'ignore. On remonte dans notre chambre. Le temps que je prenne ma douche, Boris a rapproché nos deux lits pour n'en former qu'un. Je souris alors qu'il est déjà en pyjama, serrant son doudou poisson clown contre son cœur. 

Le réveil est plus difficile, mon flanc droit est douloureux et un hématome commence à se former. Je fais quelques étirements qui m'arrachent des grimaces de douleur. Si cette altercation stupide me coûte ma place en championnat, je jure de faire la peau à Harry. Mais la rage de vaincre n'est pas un mythe. Dans l'eau, je donne tout, occultant durant quelques minutes la douleur qui me vrille les côtes. J'enchaîne mon 400m 4 nages à la perfection, battant mon propre record avec un temps de 4'03'27. Boris et Laurie nous encourage en hurlant à plein poumons. 

— Tu l'aimes bien finalement?, me demande James en me voyant fixer sa petite amie.

Je sais que mon avis compte pour lui. J'ai beau faire semblant de m'en moquer depuis qu'il me l'a présenté, le fait qu'elle essaie de trouver le meilleur moyen de se comporter normalement avec Boris me touche. 

— Elle n'est pas à l'aise mais elle essaie vraiment, tu sais?

— Je sais. Elle est géniale James, je le rassure en lui tapant l'épaule.