L'ivresse des sentiments [Clexa]

Chapitre 1

Ce matin-là, Clarke parvient difficilement à ouvrir les yeux alors que le soleil inonde la pièce. En grognant, elle se retourne dans son lit pour se cacher le visage dans les oreillers, se maudissant d'avoir oublier de fermer ses volets la veille. Dans son élan, la couette roule sur son dos et vient faire tinter quelque chose qui se trouve à ses pieds. Curieuse, elle se décide finalement à s'éveiller pour comprendre d'où vient le bruit. Sans surprise, il s'agit des cadavres des deux bouteilles de vodka qu'elle a acheté la veille dans le petit supermarché du bout de la rue.

Jetant un coup d'œil à sa box internet, elle constate qu'il est l'heure pour elle de se lever si elle souhaite être à l'heure à son travail. Le seul qu'elle est pu dénicher est celui de femme de ménage dans le lycée de la ville. Sa journée commence à dix heures et elle est chargé de faire tout l'internat aujourd'hui. Cela ne la réjouit absolument pas de tomber nez à nez avec des mouchoirs plein de liquide séminale ou des protections hygiéniques mal jetées et qui lui font remonter son dernier repas.

Se levant en grimaçant du canapé-lit qui meuble son petit studio, elle rejoint son réfrigérateur pour sortir une bouteille de jus d'orange qui lui sert à remplir le verre qu'elle récupère sur le bord de l'évier, sec de la vaisselle de la veille. Elle verse le liquide jusqu'à la moitié avant de le compléter avec de la vodka, sa boisson préférée finalement. Une fois avalé, elle se rend dans sa salle de bain pour se laver et se préparer avant de récupérer son sac à main et de rejoindre le lycée, à quelques minutes à pied de son studio.

Il fait chaud déjà ce matin et elle regrette les trois semaines précédentes où il pleuvait sans cesse, rendant l'atmosphère aussi sombre que ses pensées et ses humeurs. Le chemin qui lui paraît convenable en temps normal semble soudain si long et ennuyant alors qu'elle croise de nombreux jeunes heureux de rejoindre leurs établissements scolaire ou des parents qui emmènent leurs enfants se défouler au parc. Il est vrai que c'est exactement ce que faisait son père lorsqu'elle était petite et qu'il parvenait à avoir une journée de congé avant le week-end. Il s'agissait de ses moments préférés, surtout maintenant qu'elle se rend compte qu'elle aurait dû en profiter encore plus. 

Approchant du portail du lycée, la blonde sort de la poche de son sweat la carte qui lui permet de déverrouiller l'accès. L'odeur de tabac relâchée par les lycéens fumeurs lui donne, comme chaque jour, l'envie de courir au tabac-presse du coin pour acheter un paquet et fumer jusqu'à en avoir les poumons en feu. Malheureusement, elle sait pertinemment qu'elle ne pourra pas assumer l'alcool et le tabac avec son salaire de femme de ménage. Elle évite déjà la solitude en oubliant ses problèmes dans ces bars où les verres sont plus chers que les bouteilles de supermarché. Si ses besoins augmentent, elle sait qu'il lui faudra oublier la musique et les corps qui viennent se coller au sien pour rire en buvant et se consoler avec une bonne bouteille dans cet appartement si petit qu'elle a la désagréable impression d'y tourner en rond.

Rejoignant le bâtiment de l'internat, elle se dirige vers la droite pour rejoindre l'espace féminin et monte au troisième étage. Elle aime les rituels et c'est la raison pour laquelle elle commence toujours par les chambres les plus hautes avant de redescendre. Chaque étage possède son propre matériel et il n'y a que l'aspirateur qu'elle doit monter jusqu'en haut pour le redescendre petit à petit jusqu'au rez-de-chaussée où elle le remettra dans son placard de rangement. 

Les heures sont longues alors qu'elle enchaîne les chambres et les salles de bains, jetant plein de poubelles pleines dans la grande qu'elle devra aussi emmener en bas puis jusqu'au container. Elle retrace sans peine les soirées de la veille, les filles de la chambre B57 ayant manger des chips et des gâteau apéritif tandis que celles de la B65 ont préféré les chocolats et la tisane. Au deuxième étage, la B31 ont profité d'un instant de pause pour faire les boutiques du centre-ville et acheter des tee-shirts inutiles.