La traversée lumineuse

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Pov Noa

Il fait lourd. Toute la chaleur est concentrée dans notre espace, comme celle d'un four. Je sens mes voix olfactives se boucher de brume poussiéreuse. Mes yeux me piquent et j'ai du mal à respirer. Mon corps sue, l'air frais me manque. Mes vêtements se collent à mon dos trempé qui est contre le mur. Je perçois à peine mes compagnons situés à chaque coin de ce faux plafond. Seul Daragon est visible mais il dort comme un bébé. Il pourrait presque soupirer un ronflement tant sa position à l air confortable dans ce lieu pourtant inadéquat.

Je soulève légèrement une plaque grise et prends une bouchée de l'air simple mais si pur de la pièce d'en dessous. Je me permets de balayer l'endroit du regard jusqu'à ce que je remarque que la poignée s'abaisse. D'un élan de panique je replace la plaque dans son encadrement. Ma respiration se coupe. Tiraillée par le fait qu'elle ait pu comprendre où nous nous trouvons. Tout me corps se crispe alors que Daragon respire fort et Shawn gémit de douleur. C'est eux qui vont finir par nous faire repérer... L'insécurité et l'inquiétude m'envahit. Je me recroqueville sur moi même et essaye de distinguer l'emplacement de Ella. Mes yeux se plissent dans le noir et dessine la silhouette de mon amie qui est déjà tournée vers moi. Par réflexe, ne sachant quoi faire, je lui adresse un signe de main, qu'elle répond par un sourire. Sa réaction me détend un peu, m'arrachant un petit rictus, vite estompé par la voix chantonnante qui entre dans l'espace inférieur.

-Tiens ? C'est bien le bordel ici. C'est donc ici que vous vous cachez mes petits choux ?

Mon cœur se ressert, compressant ma poitrine. La position allongée me donne le tournis. J'ai l'impression que tout tourne autour de moi. Je ferme les yeux et me concentre sur ses bruissements, sur sa voix.
Les feuilles glissent au sifflement de ses pas. Leur rythme est plus lent, beaucoup plus lent. Chaque son qu'elle produisait auparavant était régulier et symphonique. Mais actuellement ses pas sonnent faux, ils sont anormalement espacés.

-Ca m'arrangerai, j'aimerai bien récupérer mon talon tout de même. Daragon est sans vergogne j'ai même pas pu le récupérer, rohh..

Elle râle naturellement, s'en est presque paralysant. Les caractéristiques humaines de cette chose me troublent. Mais je comprends mieux pourquoi ces vibrations me dérangeaient, il lui manque une chaussure.

Un profond soupire s'échappe de la gorge de l'ignominie puis je ne perçois que des légers gloussements. Je colle mon oreille au sol, elle reprend :

-Bon, si c'est comme ça.

Sans finir sa phrase elle sort de la pièce en laissant tomber quelque chose au centre de la pièce. Elle referme la porte se plaignant d'une blessure. Je patiente encore quelque seconde et entrouvre la plaque. La lumière orangeâtres tranche mon visage et éblouit mon œil droit. Une légère flaque de sang tache le sol avec un objet flottant en sa surface. Je n'arrive pas bien à constater ce que c'est alors je me tourne vers Ella.

-Pssst ! Ella ! Tu vois ce qu'il y a au sol ?

-Attend je regarde.

Avec un élan de magnificence elle pose ses lunettes sur ses yeux. Le verre éblouit le visage de Daragon qui se réveille en grognant. Elle observe la pièce tout en tournant la lentille réfléchissante de ses lunettes.

-Il y a un doigt, blanc avec un ongle vachement raffiner. On dirait qu'il a été arraché...m'informe Ella sans détourner le regard.

Elle semble déroutée par ce doigt gisant. Daragon se frotte les yeux, sortant de sa sieste. Il s'incline vers moi et me demande :

-Elle a dis quoi Ella ?

-Elle m'informait qu'un joli doigt est posé à l'intérieur de la pièce en dessous.

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