jennifer jareau (1)

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"Je n'ai jamais entendu parler d'un meurtrier qui n'ait pas peur d'un fantôme"

- John Philpot Curran

Je referme la porte derrière en soupirant et rejoins le bureau qui nous est alloué pour l'enquête. Les yeux rivés sur ma liste, je réfléchis à la manière dont je vais bien pouvoir expliquer cette situation à la centaine de journalistes qui m'attendent derrière les portes du commissariat.

Je lève les yeux, observant la pièce en face de moi où une famille endeuillée tente d'affronter ce drame.

Je sens bientôt une présence près de moi, que j'identifie comme étant Hotch.

– Ce sont les parents de qui ?

Sans les quitter des yeux, je lui réponds :

– Jessica Douglas. Elle est portée disparue depuis huit ans, c'est son bracelet qui nous a permis de l'identifier. Dieu seul sait ce que ce type a fait de son corps.

Hotch croise les bras sans un mot, observant les familles qui se succèdent au poste, en quête de réponses.

– Soixante-neuf meurtres, murmure-t-il. Soixante-neuf meurtres ont eu lieu dans cet hôtel sans que personne ne se rende compte de rien.

– Et ça, c'est juste les victimes de Paul, je n'ose pas imaginer combien d'autres ont péri entre ces murs ces quatre-vingt dernières années.

Hotch soupire et reprend :

– Elle n'était pas venue aux archives pour compléter sa thèse, n'est-ce pas ?

– Non, je confirme. Elle savait déjà tout ce qu'elle avait à savoir pour rendre son dossier. Elle est venue dans l'unique but de rédiger cette liste.

Après avoir trouvé la clé USB de Beth, Penelope l'a fait analyser et a découvert ce qu'elle contenait, la raison pour laquelle ce malade l'a retenue en captivité pendant quatre jours. Depuis plus d'une semaine elle fouillait dans les dossiers des personnes disparues, dans les registres de l'hôtel, ceux des correspondances téléphoniques, tout ce qui a pu l'amener à faire une liste des victimes du Cecil Hotel.

– Et maintenant, soixante-neuf familles pourront trouver la paix grâce à elle, reprend Hotch. Comment elle va ?

– Elle ne s'est pas encore réveillée, je réponds. Les médecins sont confiants, elle a eu un léger traumatisme crânien mais d'après le chirurgien, tout s'est bien passé et elle pourra reprendre sa vie comme si de rien était. On a trouvé des marques de strangulations, je suppose que le tueur en avait mal de l'entendre parler alors il a essayé de la faire taire. Elle a aussi été poignardée au niveau de l'abdomen mais ça reste superficiel. Heureusement que Reid a été attentif, s'il avait pas compris qu'elle avait besoin de son médicament, elle y serait sûrement passé. Mais elle ne devrait s'en sortir qu'avec quelques cicatrices. Psychologiquement bien sûr... C'est une autre histoire.

Je me tourne vers lui, sentant que quelque chose ne va pas.

– Je n'ai pas voulu enquêter, avoue-t-il. Je pensais que c'était pas une affaire importante, qu'elle finirait par réapparaitre... Si vous m'aviez écouté, cette fille serait morte à l'heure qu'il est, et toutes les familles qu'elle a aidé continueraient de chercher des réponses.

– C'est pour ça qu'on est une équipe, je réponds. Et puis on sait tous qu'à l'instant où tu as vu cette vidéo, tu aurais changé d'avis. Ne culpabilise pas pour ça, on doit faire des choix, chaque jour. On est... Je suis obligée de faire du tri, et chaque dossier que je mets de côté est une potentielle victime. On est trop peu à faire ce que l'on fait et on ne peut pas sauver tout le monde.

– Tu sais, il a fini par avouer. Il a dit qu'il voulait faire cette petite vidéo pour lui-même, pour la visionner quand l'envie l'en prendrait mais qu'elle l'a tellement énervée à parler tout le temps, à analyser le moindre de ses faits et gestes qu'il n'a pas pu s'empêcher de vouloir la narguer. Il pensait qu'il aurait le temps de partir sans laisser de traces avant qu'on la retrouve, on a retrouvé des billets pour le Canada dans ses affaires.

Je ne peux retenir un sourire. L'idée qu'une femme de seulement 22 ans ait réussi un tel coup de poker est un véritable exploit.

– Il faut que je prépare la conférence de presse, je reprends. Ça risque d'être long.

– Quand ils te demanderont un nom, répond simplement qu'il s'agit d'un agent du FBI. Ne donne pas son nom.

Je me tourne vers lui, l'interrogeant du regard.

Il s'explique :

– Elle n'est pas là pour nous dire si oui ou non elle est prête à être associée à ce qu'il s'est passé ici alors reste vague et elle décidera elle-même de ce qu'elle veut révéler au public.

– Très bien.

J'arque un sourcil en voyant un léger sourire naître sur le visage de mon patron :

– Et puis, ce n'est pas vraiment un mensonge. En tout cas, cela ne le sera plus dans quelques mois.

– Vraiment ? je demande.

– Il semblerait que j'aime m'entourer d'une équipe aussi chaotique que brillante.

– Tu crois qu'elle réussira la formation de Quantico ?

– Elle en a toutes les qualités, confirme Hotch. Je crois pas avoir vu quelqu'un avec autant d'instinct depuis Derek Morgan. Et puis, Reid a échoué à absolument tous les tests pourtant il est là. Garcia m'a envoyé sa candidature sur une feuille rose alors une fille débarquée du Dakota du Sud qui s'est amusée à résoudre le meurtre le plus célèbre du pays en tournant en ridicule le responsable de soixante-neuf meurtres grâce à une armée de post-it, ça colle assez bien à notre équipe.

– C'est clair, je confirme en pouffant. Elle pourra s'attaquer au tueur du zodiaque avec Spence la prochaine fois, ils s'amuseront bien.

Hotch soupire :

– Mais qu'est-ce que je m'apprête à faire comme connerie...

Cette fois, c'est par un rire franc que je lui réponds. 

 

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