annabeth hale (3)

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Mon appartement est plongé dans l'obscurité quand j'ouvre la porte. Mes clefs toujours en main, je cherche à taton l'interrupteur. Grâce à mon excellente mémoire sensorielle, je le trouve presque instantanément et la lumière m'éblouit.

– SURPRISE !

Je sursaute avant de réaliser qu'une bonne vingtaine de personnes s'entassent dans mon petit salon. Une banderole rose est accrochée, sur laquelle je peux lire en lettres pailletées le message : "Bon retour parmi les vivants". Daph est la première à réagir et à me sauter dans les bras, me faisant trébucher, alors que Heroes de David Bowie retentit dans tout l'immeuble et j'éclate de rire.

Cet accueil me fait chaud au cœur, encore plus quand je réalise que mes amis ont tous mis de côté leurs travaux de thèse, leurs mémoires ou leurs jobs pour m'accueillir.

Daphné a même fait l'effort d'aménager notre appart en conséquence : le canapé est poussé contre le mur, juste devant l'étagère qui nous sert de bibliothèque commune, la télé est branchée sur notre chaîne hifi, ce qui nous vaudra sûrement une plainte des voisins pour tapage nocturne, des néons multicolors sont aussi installés, accompagnés de ballons violets pastel horriblement kitsch et, comble du bonheur, quelqu'un a amené une fontaine de chocolat.

Une table ronde est installée au milieu et un jeu de beer pong m'attend tout droit sur ce qui me semble être une planche ouija, une tapisserie murale est accrochée au mur menant au couloir, le cachant totalement derrière la couverture de l'album Tango in the Night de Fleetwood Mac, et tout ça, c'est sans compter les fausses bougies, les osselets et les pierres semi-précieuses traînant un peu partout.

J'ai l'impression d'être entrée dans un portail tridimensionnel menant tout droit entre la fête d'anniversaire dont je rêvais à cinq ans et un sabbat de sorcières.

– Vous êtes complètement dingues ! je m'exclame en saluant chacun de mes convives d'une étreinte.

– Mais enfin, poussez-vous !

Je lance un regard paniqué à ma coloc avant de l'agresser d'un ton accusateur avec un:

– T'as appelé ma sœur ?

– Tu m'as pas laissé le choix ! se défend-t-elle. Tu as loupé son appel mensuel et elle a débarqué à l'improviste il y a trois jours.

– Tu pouvais pas mentir ?

– Ta sœur, ton problème.

– Je te déteste, je marmonne.

Je me tourne vers Alison avant de lui lancer le sourire le plus hypocrite qui soit.

– Viens dans mes bras ma chère sœur ! s'exclame-t-elle théâtralement en ouvrant ses bras.

Je réponds à son étreinte sous le regard moqueur de ma traîtresse de colocataire qui pense sûrement se venger de la visite du FBI que je lui ai imposée. Mes épaules s'affaissent en réalisant que les câlins de ma sœur sont toujours aussi parfaits.

Alison Hale : 25 ans, 1m85, un caractère de diva, un teint toujours parfaitement parfait, des goûts musicaux déplorables, deux divorces et demi et une carrière de top model à jalouser.

Grandir avec la perfection incarnée aurait très bien pu ébranler mon estime de moi, malheureusement, elle est bien trop douée pour aider les autres à se sentir en confiance et valorisés en sa compagnie. Je la déteste presque autant que je l'aime.

Heureusement, elle et son parfum à la vanille s'éloignent rapidement de moi.

– Quand je pense que tu as affronté ce monstre toute seule ! reprend-t-elle, passant ses mains dans mes cheveux pour me recoiffer : Je suis tellement fière de toi ma belle !

Ne pas lever les yeux au ciel.

Ne pas lever les yeux au ciel.

– Ali, l'interrompt Daphné en posant ses mains sur mes épaules. Épargne-là un peu, tu veux ?

– Je crois que l'héroïne du mois a besoin d'un verre.

Je lance un regard reconnaissant à mon collègue, Alex, avant de me saisir du shooter de tequila qu'il me tend et de le vider d'une traite. 

 

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