annabeth hale (5)

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Assise sur notre petite terrasse, je ferme les yeux, savourant l'air frais du mois de février quand du mouvement attire mon attention. Alison se laisse tomber sur la chaise à côté de moi et lève les yeux vers le ciel. Je retire mes écouteurs et réalise que l'appartement est silencieux. Si j'en crois l'orientation de la lune, il doit être dans les quatre heures du matin.

– Cela ne te manque pas ? demande-t-elle. De voir les étoiles ?

Je fixe l'horizon pollué par la lumière de la ville.

– Je crois que c'est la seule chose qui me manque de la maison.

– Moi aussi, avoue-t-elle. Parfois je me demande ce qu'on serait devenues si on était restées.

– Et bien, je commence. Tu passerais surement tous tes dimanches dans le club de maman à jouer les hypocrites en mangeant de la tarte au citron meringuée préparée par l'une de tes amies de banlieue chic.

– Et toi tu serais en train d'étudier le droit ou je ne sais quelle autre matière hyper ennuyeuse dans le but de sortir d'ici, tout en traînant avec les parias de la ville.

– Tu veux dire, comme je le faisais au lycée ?

Nous échangeons un regard avec d'éclater de rire.

– Bon, je reprends. Tu vas me dire la vérité maintenant ?

– Avec John, ça se passe pas aussi bien que je ne l'espérais...

J'arque un sourcil, l'invitant à continuer.

– Tu sais, j'y ai vraiment cru cette fois. Il avait tout du prince charmant : beau comme un dieu, intelligent et gentil...

– Et incroyablement riche.

– Oh ça oui ! pouffe-t-elle. Mais au final... Je crois qu'il est plus attaché à moi que je ne le suis à lui et il le vit mal.

Je pousse un soupir.

– Ils ont vraiment merdé avec nous.

– C'est clair, confirme Ali. Je n'arrête pas de me demander si j'aurais réussi à garder un mari si nos parents avaient été moins... eux.

Je me tourne vers elle :

– Tu crois pas que le problème c'est plutôt que tu essaies de prétendre que cette histoire avec Pete ne t'as pas complètement détruite ?

Silence.

Pete était le frère d'Ethan. Quand ce dernier est entré au lycée pour faire un massacre, lui et sa famille sont devenus de véritables parias dans notre petite communauté. Réprouvé par la société entière, un frère cadet destiné à vivre en hôpital psychiatrique pour le reste de sa vie et des parents qui préféraient prétendre que rien de tout cela n'était leur faute, Pete a finit par craquer et a joué avec un revolver, laissant sa petite amie seule dans ce monde qui n'était clairement pas à sa hauteur.

– Je cherche pas à contrôler ta vie tu sais, reprend-t-elle. J'essaie juste de... réparer mes erreurs.

– Ali... on était des gamines, on pouvait pas se défendre contre ça !

– Mais j'aurais dû être là, ajoute-t-elle. J'aurais dû être là pour toi et au lieu de ça, j'ai fui.

– Je t'en ai jamais voulu tu sais, je lui avoue. J'étais terriblement jalouse parce que tu avais réussi à fuir cet endroit de dingue pour réaliser ton rêve alors que moi j'étais coincée là mais je ne t'en ai jamais voulu.

– Ça en fait au moins une sur deux, répond-t-elle, amère. C'était moi l'ainée, c'était à moi de te protéger de tout ça.

– Tu n'avais pas à me protéger de quoi que ce soit Alison, je la contredis. Tout comme tu n'as pas à prendre soin de moi. Je peux très bien me débrouiller toute seule.

– Je sais, avoue-t-elle. Tu as toujours été la plus forte de nous deux.

J'acquiesce avec fierté.

– On a toujours été plus douées pour s'aimer à distances toutes les deux, reprend-t-elle.

Je lui réponds d'un sourire avant de tendre la main, qu'elle saisit.

– Alors, cet appart ? je reprends, acceptant de lâcher un peu de zeste pour cette fois.

Son regard s'illumine et elle fouille dans son minuscule sac à main avant d'en sortir une feuille qu'elle me tend.

Mes yeux sortent de leurs orbites lorsque je découvre le prix de cet appartement.

– Bien sûr, si tu y tiens vraiment, tu pourras me rembourser mais vraiment, ce n'est rien, reprend Alison. Ma dernière campagne pour Chanel m'a fait gagner le double !

– Dernier étage ? je commente.

– Avec une cheminée et parquet au sol ! Et regarde les lustres, de véritables lustres de chez Tiffany !

– Incroyable ! je commente.

– Il te plait ? s'exclame Alison, ayant retrouvé son enthousiasme contagieux.

– Carrément !

– Tant mieux, parce que j'ai déjà réglé les frais !

Je retiens un juron, désespérée par ma grande sœur beaucoup trop généreuse à mon goût.

– Bien sûr, j'ai pris rendez-vous avec les meilleurs décorateurs de la ville pour que tu leur donnes tes directives, continue-t-elle. Ils commenceront les travaux à tes débuts à Quantico et Daphné m'a donné un double des clefs pour que je puisse déménager toutes tes affaires moi-même !

– T'es vraiment pas possible, je marmonne, un léger sourire sur les lèvres.

– Tu m'en veux ? s'inquiète-t-elle d'une petite voix.

– Bien sûr que non, imbécile ! je réplique. J'espère qu'il y a une chambre d'amie au moins, qu'on se voit un peu plus souvent que ces six dernières années !

– Bien évidemment que oui ! confirme Alison. Je vais même laisser quelques-unes de mes affaires pour m'assurer que j'ai ce qu'il faut quand je serai de passage en ville.

Je secoue la tête, déjà épuisée par ce qu'il m'attend.

– Agent du FBI... reprend-t-elle pensivement. Je suis vraiment fière de toi.

– Moi aussi je suis fière de moi, je réponds.

	– Moi aussi je suis fière de moi, je réponds

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